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Exposition Serra – Brancusi à la Fondation Beyeler

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Si une idée force devait émerger de l’exposition Serra – Brancusi organisée à la Fondation Beyeler (jusqu’au 21 août 2011), ce serait probablement la simplicité, la pureté, l’art de la synthèse. Car ce sont bien les formes pures qui caractérisent les œuvres des deux artistes. « La simplicité, disait Brancusi, n’est pas un but dans l’art, mais on arrive à la simplicité malgré soi en s’approchant du sens réel des choses. »

Pureté des lignes dans les sculptures de Constantin Brancusi (1876-1957), rarement réunies en si grand nombre (quarante-quatre) dans un même lieu, à laquelle répond celle des œuvres de Richard Serra (né en 1939). La mise en regard se révèle aussi surprenante qu’instructive. Surprenante, car les sculptures de Brancusi, compactes, confidentielles, précieuses comme des pièces d’orfèvrerie ou, plus certainement, de joaillerie, voisinent avec celles, résolument monumentales, de Serra. Instructive, car le visiteur prend progressivement conscience de l’influence que l’ainé exerça sur le cadet, de la réelle communauté d’esprit qui unit les deux artistes.

Pour autant, le choc des matières produit, au fil des salles, un effet saisissant. Ainsi, Richard Serra utilise-t-il l’acier Corten. Cet alliage, qui contient  notamment du cuivre et du phosphore, présente la particularité de créer une couche d’oxydation auto-protectrice qui le préserve de la corrosion atmosphérique. Ce faisant, le métal travaille, des formes et des reliefs, bruts et abstraits, se dessinent à sa surface brune qui semble avoir conservé une parcelle de la chaleur des aciéries dont il est issu. A l’opposé, les matériaux de Brancusi, marbre, bronze patiemment traités poli-miroir, onyx, châtaigner, semblent froids, terriblement lisses, à l’exception des bois bruts, des plâtres et des calcaires.

museDe Brancusi, les amateurs retrouveront quatre versions du Baiser (plâtre de 1907, calcaires de 1908 et de 1916, plâtre de 1923-25), entre cubisme, art brut et rigueur médiévale; plusieurs fragments de torse, deux versions de Princess X (marbre, 1915, bronze poli, 1915-16) – cette étonnante sculpture phallique –, des bois proches de l’art Nègre (Petite fille française, 1914-1918, Adam et Eve, 1921, Tabouret, 1925,…), deux versions de Prométhée, La Négresse blanche (1923) et La Négresse blonde (1926), Mademoiselle Pogany (1919 et 1925). On trouvera encore plusieurs versions de L’Oiseau (dont l’une soclée sur un kitschissime pied rococo !) et, naturellement, un exceptionnel ensemble de La Muse endormie (bronze, 1910, 1913 et 1917, marbre, 1912) qui fait immanquablement penser à Noire et blanche de Man Ray (1926). Enfin, une Colonne sans fin (1918) de chêne rappelle, par sa couleur et sa texture, les œuvres de Serra.

princesse grand palaisCelles-ci, habituellement exposées dans des espaces ouverts ou des volumes très larges comme le Grand Palais, voient ici leur présence accentuée. Si certaines, comme Consequence of consequence (2011), cubes d’acier, rassurent par leur stabilité, d’autres, comme Fernando Pessoa (2007-08) ou Strike (1969-71) inquiètent par leur équilibre faussement précaire – un sentiment encore accentué lorsque le visiteur chemine entre les deux parenthèses métalliques inclinées d’Olson (1986) , ou approche les plaques, dont l’une, suspendue au plafond, de Delineator (1974-75), autant de défis lancés en apparence aux lois de Newton. Un « nouveau mode d’expérience », pour reprendre les mots de l’artiste.

La confrontation des œuvres, le choc esthétique et spatial qu’elles suscitent, doivent encore beaucoup à l’impeccable muséographie de l’exposition. Il s’agit là, sans aucun doute, de la « signature » de la Fondation Beyeler qui sait mettre toiles et sculptures en valeur avec un talent dont devraient s’inspirer bien des musées et des commissaires d’exposition. Il suffit de flâner dans les salles permanentes dédiées à Rothko, à Pollock, à Mondrian, à Monet ou à Giacometti (celle-ci, à elle seule, mériterait une visite) pour s’en convaincre. Partout, l’espace, la lumière, le blanc des murs et des socles, participent à la mise en valeur des objets. Autre signe distinctif, le luxueux catalogue de l’exposition (244 pages, 68 CHF), riche de nombreux textes, disponible, comme à l’habitude, en anglais et en allemand.

Illustrations : Couverture du catalogue – Vue de l’exposition à la Fondation Beyeler, Riehen / Basel, Richard Serra Olson, 1986, acier résistant aux intempéries, deux plaques courbées en cône, hauteur 3,1 m pièce, longueur de corde 10,5 m et  10,1 m, épaisseur 5,1 cm pièce, collection de l’artiste © 2011, ProLitteris, Zürich, photo: Lorenz Kienzle – Constantin Brancusi, Muse endormie [I], 1910, bronze poli, Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris, © 2011, ProLitteris, Zürich, photo: © Collection Centre Pompidou, Paris, dist. RMN, Paris / © 2011, Adam Rzepka – Constantin Brancusi, Princesse X, 1915 / 16, bronze poli, 61,7 x 40,5 x 22,2 cm, Centre Georges Pompidou, Musée national d‘art moderne, Paris © 2011, ProLitteris, Zürich
photo: © Collection Centre Pompidou, Paris, dist. RMN, Paris / © 2011, Adam Rzepka.

Thierry Savatier

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