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Sur les traces des caravanes de chameaux ; une dure réalité en pays Afar (Ethiopie)

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Deuxième épisode d’un voyage aventures en Ethiopie sur les traces des caravanes de chameaux en Pays Afar. Nous découvrons la dure réalité de ces caravanes en marchant sur leurs traces, sur une terre rocailleuse et sous un soleil de plomb.

Lire aussi le premier épisode du voyage aventures en Ethiopie dans la descente du Danakil en pays Afar…

A l’aube de notre deuxième jour de notre voyage en Ethiopie, après notre première nuit à la belle étoile, je fus réveillée très tôt par un tintement diffus. J’ouvris mes yeux juste à temps pour voir une caravane de chameau passer, à peine éclairée par le croissant de lune se profilant au dessus d’une petite colline à l’horizon. C’était un spectacle biblique. Dans la pénombre, je pouvais distinguer le groupe de chameaux se déplaçant lentement mais à un rythme régulier, marqué par le tintement continu des clochettes qu’ils portaient à leur cou. J’avais l’impression de vivre un rêve, d’être au milieu d’une image vivante sortie des livres de mon enfance où les caravanes de chameaux existaient uniquement dans des pays lointains à une époque révolue. Peut-être que les enfants africains ont la même sensation lorsqu’ils voient de la neige pour la première fois.

Les caravanes de chameaux ; dure réalité pour le peuple Afar

Ces images imaginaires que sont pour nous les caravanes de chameaux, sont pour le peuple Afar une dure réalité. C’est ce que nous découvrîmes en marchant sur leurs traces lors de notre deuxième journée dans une gorge aride, desséchée et en plein soleil. Leur terre rocailleuse ne donne rien, ne produit rien que du sel et leur vie en dépend. Pour arriver jusqu’à Dallol depuis Mekele, ils marchent sans répit pendant des jours, se contentant d’un bol de porridge et de lait de chèvre pour toute alimentation. Ils transportent des fourrages dans un sens et des plaques de sel dans l’autre, et font des allers-retours sans jamais s’interrompre, des années entières jusqu’à ce qu’ils s’écroulent. Ils ne marchent pas vingt kilomètres comme nous l’avons fait pour nous divertir et avoir un aperçu de leur vie, mais en parcourent des centaines pour obtenir à peine de quoi se nourrir.

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Cependant, leur mode de vie séculaire est sur le point de changer, c’est ce que nous avons compris au camp de Hamadila, l’étape suivante de notre voyage. D’un camp de travailleurs, Hamadila est en train de devenir un petit village sédentaire avec bars, cafés et échoppes diverses. C’est peut-être le premier de ce type en pays Afar, pays de nomades qui jusqu’à peu ignoraient le concept de petits commerces. Ces derniers sont d’ailleurs tenus par des Tigréens venus des haut-plateaux ce qui génère parfois des tensions entre les divers groupes ethniques sur place. Le camp abrite principalement les ouvriers de la mine de potasse nouvellement exploitée par une société canadienne, Alana Potash Corp, cotée à la bourse de Toronto et présente sur le territoire depuis deux ans à peine. Cette mine avait été découverte au début du XXème siècle par des explorateurs italiens et avait été exploitée jusqu’à ce que les Italiens se retirent d’ Ethiopie au début des années 1940. Elle avait été abandonné ensuite. Une route est également en construction, cette fois par une société chinoise, pour pouvoir permettre de transporter rapidement la potasse vers les hauts-plateaux ainsi que vers le port de Tadjoura sur le territoire de Djibouti au sud en vue de l’exporter. Auparavant, les Italiens utilisaient les ports de la côte érythréenne, mais depuis la guerre de 1998-2000 entre l’Erythrée et l’Ethiopie, toutes les frontières entre les deux pays sont fermées. Une fois terminée, cette route changera beaucoup de choses pour les habitants locaux et risque bien de marquer le glas de ces caravanes de chameaux millénaires. Le tronçon de route déjà existant à Hamadila est rapidement devenu une frontière entre d’une part, les ouvriers et cantonniers étrangers et de l’autre côté, les Afar musulmans. Ainsi, pour consommer de l’alcool, ne serait-ce qu’une bière, il faut se rendre dans les baraques d’ouvriers dans lesquelles un bar d’appoint vendant de l’alcool est camouflé pour ne pas ofusquer les Afars qui ne comprennent pas et n’acceptent pas la consommation d’alcool.

 

Hamadila ; les sites d’extraction de sel

Pour les touristes, Hamadila est le point de départ pour visiter les sites d’extraction de sel ainsi que les célèbres plaines de souffre de Dallol, une des grandes attractions de la dépression du Danakil et un véritable festin de couleurs. Après une nuit passée dans le camp à dormir à la belle étoile et à se contenter d’un seau d’eau pour toute infrastructure sanitaire, nous nous rendîmes à Dallol très tôt le matin afin d’éviter les grosses chaleurs de milieu de journée.  Le site était tellement spectaculaire que j’avais l’impression d’avoir attéri sur une nouvelle planète. Etais-je sur la Lune, sur la Terre ou sur Mars? Je ne savais plus, tellement la vision que j’avais devant moi était surréaliste. Un gigantesque château de sable aux formes organiques et parfois phalliques apparut devant nous, comme un mirage au milieu du désert aride. C’était une formation naturelle faite de terre et de sel cristallisé résultant d’un processus d’érosion continu aux confins des plaines de souffre.

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Nous dûmes franchir une petite colline pour arriver au cratère de Dallol et avoir enfin un aperçu de ses magnifiques excroissances colorées. Ces dernières furent formées par des explosions volcaniques, appelées techniquement éruptions phréatiques, au cours desquelles le magma se mélange aux dépôts de sels. La dernière éruption en date en 1926, forma un cratère de 30 mètres de diamètre dans lequel des petits geysers sont toujours en activité. Les sels souterrains sont transportés à la surface par un processus géothermal et se cristallisent rapidement au cours de l’évaporation de l’eau. Il reste à la surface des dépôts de sel de potassium et de souffre dont les couleurs jaune, ambre, vert ou rouge proviennent des différents ions.

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Alors que nous nous dirigeâmes vers l’intérieur du cratère, point le plus bas de la surface de la terre, nous fûmes saisies par la forte odeur de souffre qui s’en dégageait. Elle me rappelait l’odeur de certaines thermes italiennes dont les eaux sont réputées être bénéfiques pour les problèmes respiratoires ou d’articulations, mais ce qui était le plus spectaculaire dans le cratère, c’était cette gamme saisissante de couleurs, accentuée par la forte lumière du soleil. Le jaune d’ocre se mélangeant avec le vert émeraude; le bleu turquoise teinté d’ambre brûlée ainsi que toute une gamme de rouges et de cuivres dorés. Je marchais sur la surface de la terre, sur la croûte terrestre, moi qui ne connaissait que notre planète couverte de couches de sédiments. Je sentais sous mes pieds les craquellements furtifs des dépôts de sel, comme si je marchais sur de la neige fraiche et compacte. Je me demande d’ailleurs si nous n’abimons pas ce cratère à force d’y marcher, ou que se passerait-il si soudain le nombre de visiteurs, encore très faible, augmentait? Je vivais certainement un moment privilégié.

à suivre…

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