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Iles lointaines – Les îles Coco et la petite pipe bleue de Copenhague

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Partir au loin permet d’oublier son quotidien, parait-il. Ce quotidien m’a rattrapé. Mais pas celui que l’on croit.

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J’avais acheté cette pipe bleue à Copenhague, lors d’un séminaire de travail.

Plus tard, je me retrouvais sur une plage déserte des îles Cocos, plantées au milieu de l’océan Indien, bien loin de « tout ». Tout en tirant sur ma fidèle compagne de voyage, la pipe bleue, et en grignotant des cochonneries salées que je partageais avec les crabes, je réfléchissais sur la destination future de ma propre destinée.

Partir vers les îles lointaines aura peut-être été perçu par quelques-uns comme une fuite en avant, selon la théorie bien connue de l’escargot avec sa carapace. On trimballe ses casseroles avec soi. Les pieds dans le sable, le soleil couchant devant mes pupilles dilatées, je me disais que non, je n’étais pas d’accord.

Durant ces deux mois de voyage solitaire, j’avais en partie résolu quelques questions. Je ne voulais plus retourner vers les bureaux anthropophages de l’organisation pour laquelle je passais douze heures par jour de ma vie. Je ne voulais plus voir les côtés noirs et gluants de la planète.

Je ne savais pas encore ce que je voulais, mais j’avais un peu résolu ce que je ne voulais plus.

Quitter pour un temps mes parquets bien cirés m’avait permis de me redécouvrir et d’être content d’être le Damien, seul et tranquille, oubliant le futile et le trop-plein, prenant le temps d’observer les crabes mangeant les miettes de mon dîner, au soleil couchant et au son du ressac. Le tout, tout ce tout, sans m’ennuyer.

Aux Cocos, j’ai découvert le temps de sentir le parfum des roses. J’y ai rencontré des femmes et des hommes remarquables. Mon âme et mon corps avaient été happés par des nouvelles ivresses inattendues. J’y ai découvert le temps et l’ami du temps, la sérénité.

Je soupirais d’aise en essuyant le sable blanc collant sous mes fesses. Le futur proche s’annonçait serein, donc : Petit verre de vin rouge dégusté sur la véranda, suivi d’une pipe, suivi de la rédaction limpide sur mon carnet de notes de mon état-d’âme actuel.

Le vin rouge siroté, je m’aperçus que, saperlipopette, ma pipe était introuvable.

Pas dans les poches, pas sous le lit, pas dans l’évier, pas dans la poubelle, pas dans les interstices des lattes de la véranda. La pipe reste introuvable. Comment continuer le voyage vers la sérénité sans la petite pipe bleue ?

Le Damien serein, celui qui avait fait la paix avec lui-même, celui-là même qui vous ébahit avec sa prose apaisée, se mit à jurer comme un charretier et injurier le monde entier, à commencer par lui-même.

Une longue phrase de jurons (censurés) et des onomatopées introuvables dans le dictionnaire percèrent les tympans ensommeillés des îles Cocos.

Le Damien moyennement serein s’endormit enfin, assommée par sa crétine étourderie ; légendaire, diront certains.

Le lendemain, avant le café (chose rare), il alla derechef s’enquérir. Les yeux écarquillés et le cerveau imitant les moteurs de recherche. Refaisant le chemin de la veille. Scrutant les moindres centimètres carrés de cet espace insulaire, scintillant sous la lumière douce du matin.

En désespoir de cause, il alla fouler le sable blanc. Le flux et le reflux y avaient fait leur œuvre. La plage était nue et blanche, lavée et récurée par la femme de ménage, Madame Marée.

Elle avait entassée les débris marins à la lisière de la plage. Au milieu d’un tas de branchages érodés par le sel et les courants, incongru au centre d’un tas d’algues séchées, retentit soudain un hurlement de bête et de victoire.

La pipe bleue.

Perdue et blottie dans les rebuts du ressac, malmenée sans doute par deux marées, la petite pipe bleue de Copenhague, fidèle alliée des pensées de son propriétaire, l’attendait. A seulement un ou deux mètres où ledit propriétaire, ce fieffé étourdi, l’avait oublié et abandonné.

La pipe fut câlinée, caressée, cajolée, consolée.

Plus tard, devant un café et quelques volutes bleues légèrement salées, il écrivit : « La magie et la séduction des Cocos opèrent sur moi. Je suis Damien tel que je veux être : aimable, souriant, tranquille, le cœur léger, l’âme apaisée, avec des envies simples. Je suis serein ».

Il avait naturellement déjà oublié l’histoire de la petite pipe bleue.

Damien Personnaz

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