Prix Goncourt 2010, La carte et le territoire de Michel Houellebecq est présenté par certaines critiques comme les Inrocks comme un roman total. Et si ce n’était qu’un roman à rapidement oublier?
L’histoire se passe à notre époque (et doit la dépasser à la fin du roman) et raconte la vie de Jed
Martin, un artiste qui va peu à peu devenir l’un des artistes contemporains les plus connus et les cotés dans le monde. Sa première série d’œuvres se compose de photographies de cartes Michelin.
Avec cette série, Jed accède à une relative notoriété et rencontre Olga, chargée de communication chez Michelin. Il aura une courte relation avec elle avant qu’elle ne parte en Russie. Jed abandonne la photo et se lance dans une nouvelle série de tableaux sur les métiers: boulanger, caissière, Jed peint ses représentations sur de grandes toiles puis décide de représenter des personnalités célèbres comme Bill Gates, Steve Jobs… et Michel Houellebecq. De sa rencontre avec l’écrivain, Jed en gardera un souvenir ému, il lui donnera d’ailleurs le tableau qu’il avait fait de lui (un tableau estimé à trois cent mille euro). C’est d’ailleurs ce tableau qui sera à l’origine de l’assassinat de Houellebecq. Côté vie privé, outre sa courte histoire amoureuse avec
Olga, Jed suivra régulièrement son père (ils se voient à chaque Noël) jusqu’à l’euthanasie de ce dernier en Suisse. Finalement ce qui restera à la fin de sa vie comme l’élément le plus proche de
lui sera son chauffe-eau (qui contre toute attente lui survivra).
Critique de livre :
Le roman est divisé en trois parties: la première est consacrée à la rencontre entre Jed et Houellebecq avec des retours en arrière sur les progrès de Jed, sa rencontre avec Olga, ses Noëls avec son père. La deuxième partie du roman est consacrée au meurtre de Houellebecq, avec l’introduction de deux nouveaux personnages de policiers enquêteurs. L’épilogue clôt l’enquête sur la mort de
Houellebecq et revient sur les dernières années de la vie de Jed. Certains critiques ont parlé de roman total, allusion à la vogue des romans fleuves américains. Un roman total de 300 pages sur la vie misérable d’un artiste contemporain opportuniste, ça me fait doucement rigoler. D’autres ont parlé de roman riche et éclairant sur notre époque, en fait Houellebecq ne dépasse pas le cadre
de l’anecdote avec son époque. Quand le nom de Beigbeder ne dira plus rien à personne, ni le nom de Jean-Pierre Pernaut (dans à peu près 20 ans), La carte et le territoire tombera vite dans l’oubli. Je trouve ce roman superficiel, anecdotique, et très en phase avec une époque où tout est consommé rapidement et sans réflexion. Un roman intéressant aurait mené une analyse plus profonde des règles de l’Art et de notre goût pour la consommation, ce que ne fait pas Houellebecq. Roman trop poli, trop sage, sans commune mesure avec les précédents et notamment avec Les
particules élémentaires.
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