Qiu mène l’enquête sur la petite-fille d’une belle comédienne qui a dansé avec Mao avant la révoliution culturelle et qui aurait certainement quelque chose à cacher. Mais Qiu cherche aussi un peu ses racines dans cette Chine qu’il a dû quitter car il ne faisait pas partie du bon camp.
A travers cette enquête de l’inspecteur principal Chen, Qiu, habille Mao pour un bon bout de postérité. En effet, si le roman raconte comment ce brave inspecteur est chargé d’une enquête ultrasecrète sur les agissements d’une belle mystérieusement enrichie, la vraie histoire semble bien se dérouler dans la vraie vie. La belle qui n’est autre que la petite-fille d’une star du cinéma des années cinquante qui eut le privilège de danser avec Mao avant deconnaître les affres de la Révolution Culturelle et d’en mourir, comme sa fille, la mère de la belle, laissant l’enfanttotalement démunie,
Tout au long de sa quête, Chen, l’inspecteur poète, va essayer de faire revivre la Chine ancestrale avec sa littérature, sa poésie surtout, sa peinture et sa gastronomie pour essayer de comprendre son enquête qui trempe ses racines dans la Révolution Culturelle et dénoncer cette Chine nouvelle et moderne mais aussi perverse et superficielle où les Gros-Sous ont remplacé les cadres du parti mais où les privilèges et les inégalités sociales sont encore plus criants.
Pour l’auteur, le roman devient alors prétexte à dénoncer la Révolution Culturelle et ses abus et surtout ceux qui l’on commanditée et qui ne sont pas forcément ceux que l’on a désignés. Qiu livre sa vérité en dressant un portrait d’un Mao coureur de jupon sans scrupules éliminant tous ceux qui entravent sa marche et son plaisir. Une forme de règlement de compte quand on sait que la famille de Qiu a, elle aussi, souffert des menées de la Révolution Culturelle et qu’il a choisi de rester aux Etats Unisaprès les événements de la place Tian’anmen.
Ayant ainsi réglé son compte avec Mao, le Dernier Empereur, Qiu se laisse imprégner d’une certaine nostalgie de la Chine d’avant, quand l’argent n’avait pas encore envahit les rues de Shanghai et que les élèves respectaient les maîtres, pour entreprendre une forme de quête de ses origines personnelles. Une quête derrière l’enquête.
Au final, un livre riche, certes un peu lent mais ce n’est peut-être qu’un hommage à la littérature chinoise d’avant, truffé de citations, envahi diront certains, et où l’auteur manie la parabole et l’hyperbole, l’image et la métaphore avec l’adresse d’un vieux mandarin et sans modération.
Et pour finir, un bon point pour Qiu qui ne dispense que le minimum de violence pour résoudre son enquête comme pour narguer la police chinoise actuelle peu avare des effets de bras et même souvent d’un peu plus.