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La femme qui pleure au chapeau rouge : Picasso, un monstre pas si sacré

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Et si Picasso n’était pas qu’un génie de la peinture et était un homme monstrueux, pas si sacré que cela, militant de salon, destructeur impitoyable et polygame pervers ? C’est la thèse soutenue par le téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe, La femme qui pleure au chapeau rouge, diffusé sur France 2, mercredi soir 16 février 2011. A l’affiche Thierry Frémont et Saoud Amidou.

 

« La femme qui pleure au chapeau rouge » offre-t-il une représentation fidèle d’une partie de la vie du peintre Pablo Picasso, de 1935 à sa mort ? Si oui, c’est un réquisitoire féroce contre un personnage monstrueux et méprisable, encensé comme sans doute jamais un artiste ne l’a été de son vivant et après sa mort.

 

Trois traits abominables de sa personnalité sont illustrés jusqu’à la nausée dans ce film remarquablement réalisé et interprété en particulier par Thierry Frémont dans le rôle du peintre et Amira Casar dans celui de Dora Maar, une de ses maîtresses de 24 ans plus jeune que lui, éperdument amoureuse pourtant jusqu’à perdre toute dignité avant d’abandonner, détruite, une relation de près de neuf ans.
1- Picasso : Un polygame pervers
Le premier trait qui rejaillit sur son entourage est celui d’un polygame pervers. Marié à Olga Khokhlova, avec laquelle il a eu un fils, il entretient un harem où Marie-Thérèse Walter devenue mère de sa fille Maya et Dora Maar, une artiste peintre et photographe, jouent, un temps, les premiers rôles de favorites.
Comme un sultan, le maître choisit à sa convenance celle que son désir appelle selon les jours. Ces femmes sont si éperdument amoureuses de lui, qu’elles supportent l’insupportable jusqu’à la déchéance. Alors qu’entre 1935 et 1943, elle est la favorite préférée avec qui il passe le plus clair de son temps, Dora Maar doit accepter les humiliations répétées du sultan en rut. À la défaite de 1940, il court se mettre à l’abri dans un hôtel de Royan où il rabat son harem et contraint ses femmes à cohabiter. Dora Maar est même priée de jouer de temps à autre la garde d’enfant avec Maya, la fille de sa rivale.
On reste sans voix devant ce qu’une femme, pourtant brillante et émancipée comme elle, est capable d’endurer de la part d’un amant aussi répugnant, au propre et au figuré. Quand il décide de revenir à Paris, il la fait descendre comme une domestique de sa voiture de luxe où elle a déjà pris place, et la somme de rentrer par le train : il y en a un dans l’heure qui suit. Plus tard, dans la villa de Ménerbes qu’il lui a achetée au pied du Lubéron, il s’invitera avec une nouvelle jeune maîtresse dont il lui imposera la présence.
2- Picasso : Un militant politique de salon
Le second trait de ce portrait dressé de Picasso est celui du militant politique de salon. En Juillet 1936 éclate la guerre civile espagnole. Après le bombardement de la ville basque de Guernica, en avril 1937, Picasso prétend dénoncer la barbarie fasciste et franquiste : Dora Maar obtient de lui qu’elle suive par la photographie l’élaboration de la grande toile en noir gris et blanc qu’il peint et portera le nom de la ville détruite. On sait quelle renommée cette toile va connaître, même si, entre elle et le « Tres de mayo » de Goya, il n’y a pas photo.
Pour autant, Picasso reste prisonnier de l’univers fortuné que lui a ouvert la fortune incroyable rencontrée par sa peinture sur un marché de l’art irrationnel. Qu’il s’agisse de voiture, d’appartement, de villa, de château, d’hôtel ou de café, le sieur ne connaît que le luxe. C’est qu’un gribouillis de sa main sur une nappe en papier de restaurant suffit à convaincre une vieille dame de lui abandonner sa précieuse bague de famille pour l’offrir à sa nouvelle maîtresse.
Sa simple signature vaut de l’or et il en joue : ainsi, quand, avant qu’il ne reparte pour Paris, le propriétaire de l’hôtel de Royan lui quémande un dessin sur son livre d’accueil, il se prête volontiers au jeu, mais ne signe pas ; à son interlocuteur qui s’en étonne, il rétorque en substance modestement que le prix de sa signature dépasse celui de son hôtel. Pis, il soumet ses proches à l’humiliation de devoir venir lui mendier une signature au bas des toiles qu’il leur a données d’abord sans les signer, afin qu’ils puissent les vendre pour vivre. Son seul nom est devenue une valeur qu’une bulle financière entretenue par le marché, maintient au plus haut prix. Jusqu’à quand ?
3- Picasso : Un destructeur impitoyable
Cette question, le troisième trait de ce portrait incite à la poser. Modèle de Picasso au cours de cette période entre 1935 et 1943, Dora Maar en est venue un jour à dénoncer son pouvoir destructeur en voyant le portrait lamentable qu’il venait de faire d’elle : « La femme qui pleure au chapeau rouge ». Elle lui a reproché de la défigurer et de toujours la montrer en larmes. Plus généralement, elle l’a accusé de détruire, à l’image des figures de ses tableaux, les êtres qui gravitaient autour de lui.
Percevoir la peinture de Picasso comme une destruction, voilà ce qu’on aime entendre de la part d’une artiste comme Dora Maar qui est allée jusqu’à abandonner la photographie sur ses injonctions et renoncer à peindre sous ses moqueries. Si Picasso a eu ses périodes rose et bleue, ce sont des noires qu’on connues les malheureuses qui ont approché ce minotaure, comme il s’est, un temps, défini, insatiable de chair fraîche  : elles ont sombré souvent dans le désespoir. En voix off, sont énumérées au terme du film les fins tragiques que certaines ont vécues : Dora Maar a souffert de dépression nerveuse avant de se tourner vers le mysticisme, Marie-Thérèse Walter s’est pendue en 1977 et Jacqueline s’est tirée une balle dans la tête en 1986.
Il reste que, dans ce polygame pervers, ce militant politique de salon et ce destructeur impitoyable, le marché de l’art, comme Dora Maar elle-même, voit depuis longtemps un génie. En octobre 2008, une exposition au Grand Palais à Paris, « Picasso et les maîtres » a prétendu l’introduire dans le cercle des plus grands comme Vélasquez, Goya, Ingres ou Manet. On a exprimé ses doutes et même sa crainte que le maître ne puisse de la comparaison osée se remettre. Que restera-t-il, en effet, de Picasso quand, savamment entretenue par des plans médias répétitifs à coups de musées, d’expositions incessantes et de choeurs de thuriféraires, la bulle financière du marché de l’art qui lui prête du génie, viendra à éclater ? Ce n’est pas l’homme monstrueux et sinistre que décrit Jean-Daniel Verhaeghe qui viendra le racheter. Paul Villach

httpv://www.youtube.com/watch?v=z8wwMkzc8AI

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