Il était logique qu’un jour je m’aventurerais autour de l’église abbatiale de Pessan, sur laquelle je jetais un œil envieux chaque fois que je passais en voiture, en contrebas du village, sans jamais avoir eu le temps de m’arrêter.
Lors de ma balade à Pessan, début Octobre, j’ai eu l’immense privilège de pouvoir pousser la porte de cette magnifique église fortifiée, dominant le village et ses environs sur son promontoire, et apparemment construite sur les restes d’un très ancien monastère du VIII e siècle qui ne fût pas épargné par le passage destructeur des sarrasins en 724.
Les siècles qui suivent ce désastre, une abbaye est érigée, donc. Je ne sais pas précisément indiquer la période de construction car la documentation que j’ai à disposition reste très vague sur le sujet. Pour le peu que l’on sache, l’abbatiale de Pessan a été la propriété des célèbres comtes d’Astarac durant le X e siècle puis elle fût donnée dès le XI e siècle à l’abbaye de Simorre avec quelques terres supplémentaires. En contrepartie, il était conclu que Simorre se devait de la restaurer, mais en raison du fort désir d’indépendance de l’Abbaye de Pessan, rien ne fût entrepris. L’orgueil n’est-il pourtant pas, l’un des 7 péchés capitaux ?
Le destin de cette belle abbatiale fortifiée va changer en 1250 quand un incendie la détruit entièrement sauf le transept gigantesque. Les dons se bousculent et à peine deux ans après ce drame, l’église et son grand autel sont reconstruits et restaurés.
Sécularisée en 1748, c’est-à-dire qu’elle devient la propriété de l’état, elle se transforme en une collégiale abritant une communauté de 12 chanoines qui finiront par vivre chacun dans des logements personnels individuels. La révolution et la proclamation de la République font qu’en 1793, cette communauté est supprimée. L’église se dégrade avec le temps et n’est enfin restaurée qu’en 1872. Elle se voit alors modifiée par l’ajout de deux chapelles et d’un couvent.
L’intérieur m’avait totalement subjuguée notamment grâce à la danse colorée et envoûtante qui m’avait été offerte par les vitraux traversés de soleil.
On peut y observer une magnifique nef romane qui a été restaurée au XIX è siècle. Cette nef comporte trois travées à croisées d’ogives et se menait vers un grand portail au nord aujourd’hui condamné et dont on aperçoit encore la silhouette de l’arc.
L’intérieur offre aussi aux visiteurs une foison de sculptures et frises magnifiques qui dateraient de XI è siècle.Trois grands oculus ornent également la façade.
En ce qui concerne le transept roman, il est tout à fait impressionnant : au-dessus se trouve une salle haute ainsi que le large clocher hexagonal. Ce transept est tellement énorme que la configuration générale du bâtiment donne l’impression qu’un donjon surmonte l’église. C’est ce qui, en plus de sa position géographique, lui donne cet aspect fortifié et dominant.
L’extérieur montre bien que l’église, malgré ses multiples restaurations, a traversé les âges notamment avec les chapiteaux qui dateraient du XI è siècle. Un enfeu rappelle qu’à la place d’un jardin se trouvait un grand cloître dont il reste un petit bâtiment central, carré, au toit pointu.
Et le couvent alors ? Il a été construit au XIX è siècle, au Sud Ouest de l’église et est plus connu sous le nom de Saint-Agonie.
Espérons que ce monument d’un indubitable beauté ne subisse pas à nouveau de dégradations majeures !
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