Nous adulons les chats depuis 9500 ans et nous mangeons et massacrons les autres animaux. L’élite d’un côté, la plèbe de l’autre. Les études faites pendant l’année 2007 le confirment, 9,9 millions de chats domestiques ont été recensés en France pour 8,5 millions de chiens.
Cet énorme engouement pour les félins s’expliquerait par l’urbanisation (le chat d’appartement est plus facile à élever que le chien d’appartement), ou encore par un intérêt nouveau pour la personnalité du chat (plus autonome, moins servile), ou bien par notre fascination grandissante pour les animaux à l’heure où de plus en plus d’espèces disparaissent – il nous reste cette élite domestiquée (et privilégiée) pour conserver une relation riche avec des êtres vivants non-humains (nous massacrons et mangeons les autres).
Cela constaté, notre passion pour les petits félins que sont les chats ne dâte pas d’aujourd’hui. La revue Science nous apprenait en avril 2004 qu’un chat « felis silvestris », proche du chat sauvage oriental actuel, a été retrouvé dans la sépulture d’un personnage important, entouré de haches polies, de silex taillés, d’une pierre ponce, et d’une parure comprenant 24 coquillages et une pyrolite verte. Cela à Shilourokambos, Chypre. Cette découverte révèle que le chat serait vassalisé, voire adulé depuis… 9500 ans. Ci dessous, un reportage auprès d’un des « inventeurs » du chat chypriote – Jean-Denis Vigne, archéozoologue du CNRS-Muséum – et plusieurs sociologues travaillant sur la passionnante « domestication » dont Jean Pierre Digard. On retrouve cet article dans la revue RAVAGES, dont le numéro 3, « ADIEU BEL ANIMAL », vient de sortir dans les bonnes librairies. Pour le commander : Editions Descartes&Cnie. 32 rue Cassette. 01.42.22.29.02 avec des textes de l’éthologue Franz de Waal, le Capitaine Watson, le géographe Jared Diamond, le journaliste Fabrice Nicolino, le philosophe Dominique Lestel, la biologiste Catherine Vidal.
(Photo : la sépulture du chat retrouvée à Chypre, 9500 ans d’âge)
Aujourd’hui, j’éprouve la confuse sensation de travailler pour que Chat se la coule toute la journée, traînant de son panier au radiateur, avant de filer courir la femelle.
Comment expliquer cette rapidité à s’installer ensemble sous un même toit, nous et les felis catus ? Les hommes et les chats et la domestication des uns par les autres, cette histoire vient de loin, nous savons bien. Mais de quand ? De 7500 ans avant J.C au moins, soit 9500 ans. C’est ce qu’établirait une découverte publiée au printemps 2004 dans la revue Science faite par une équipe de chercheurs français sur le site néolithique de Shilourokambos à Chypre. Un chat felis silvestris, proche du chat sauvage oriental actuel, a été retrouvé dans la sépulture d’un personnage entouré de haches polies, de silex taillés, d’une pierre ponce, et d’une parure comprenant 24 coquillages et une pyrolite verte. Comment être sûr que le chat n’est pas venu mourir là, quelques siècles après, avant d’être retrouvé enterré au même endroit 9000 ans plus tard ?
Jean Denis Vigne, archéozoologue récompensé en 2002 de la médaille d’argent du CNRS pour l’ensemble de ses travaux sur la domestication des espèces du bassin méditerranéen, a co-signé la publication dans Science. Il avance plusieurs arguments solides sur l’association forte entre les deux créatures.
Directeur de recherche au CNRS-Muséum, ce barbu volubile a pris deux ans pour affûter son raisonnement, travaillant avec les anthropologues de Shilourokambos, avant de publier son analyse : l’animal devait être de compagnie. D’une part, le chat a été enterré à la même époque que l’humain -homme ou femme, impossible de dire pour l’instant-, au même niveau du sol, à près de 4O cm du corps. Il a été déposé dans la même fosse, bien délimitée. Ensuite, il s’agit d’un chat entier, fait très rare pour un animal. D’habitude, au cœur de ce site riche en ossements -« nous avons bien vu passer un million d’os ces dernières années » reconnaît Jean Denis Vigne-, les chercheurs trouvent dans les tombes des parties symboliques des animaux, les bois d’un daim, ou les sabots, ou le crâne d’un porc. Mais d’animal entier, non. Excepté ce chat, la tête et le corps disposés parallèlement à ceux de l’humain. Enterré avec des offrandes mortuaires significatives. « Tous ces indices se recoupent, et désignent une relation spéciale entre le chat et le défunt, analyse Jean Denis Vigne. Je suis prêt à en discuter, mais on trouve aussi un rapport avec l’au-delà, le religieux. L’animal est jeune, il devait avoir 8 mois. Il a peut-être été tué avant d’être enterré avec l’homme. »
En Egypte, 3000 ans av JC
En 7500 av-J.C, à Chypre, l’homme entretient déjà une relation forte, symbolique, avec le chat, voilà ce que semble révéler les fouilles de l’équipe du Muséum. C’est une nouvelle importante. Nous reculons de 3500 ans par rapport aux derniers vestiges connus de la domestication du chat, en Egypte. Cette découverte, avance Jean Denis Vigne, renforce la probabilité d’un « apprivoisement » ou d’une « pré-domestication » du chat encore antérieure. En effet, les chats de Chypre furent amenés sur des navires depuis la Turquie. Cette importation suppose une forme d’usage ou d’emploi des chats -de domestication. À cette époque, 7500 avant JC, les hommes du néolithique vivaient de l’agriculture, dans des villages sédentarisés, développaient leur religion, construisaient d’énormes fortins de terre et de bois, et des silos où ils récoltaient des céréales sauvages. « Ils n’étaient pas très différents de nous, la technologie en moins, dit Jean Denis Vigne. Or depuis mille ans déjà, les années 8500, la souris grise se répand dans le monde levantin, un des doctorants du Muséum vient de le confirmer. Elle pullule autour des greniers et des réserves des hommes, la souris grise. Dans son sillage, nous le savons par les ossements, une mauvaise troupe de petits carnassiers s’installe. Des genettes, des furets, des renards – et des chats sauvages.
Toutes ces espèces deviennent « commensales » des hommes. Associées, suivistes. C’est probablement à ce moment-là, peut-être même cela débuta vers 10.000/11.000 avec les premières civilisations agropastorales orientales et leurs réserves de grain, que commença l' »apprivoisement » des chats. Les petits félins, chargés de la chasse des rongeurs, importés dans les îles grecques comme à Chypre, se rapprochent alors des hommes. Ils deviennent des animaux familiers, tout en conservant une forme de vie sauvage. Ils restent indépendants, et non dressés à la chasse, ou au gardiennage, comme les chiens; ou enfermés dans des enclos comme le bétail, ou la volaille.
D’où l’importance de la découverte de Shilourokambos : pour la première fois, on découvre un chat enterré avec un homme, ce qui implique une relation importante, symbolique, domestique, beaucoup plus que d’apprivoisement. S’agissait-il déjà d’un sorte de « nac », un « nouvel animal de compagnie », comme on dit aujourd’hui ? Ou alors faut-il revoir la théorie utilitariste de la domestication -le chien sert de gardien, le chat chasse de rats, le bétail donne le lait et la viande-, et imaginer une approche humaine plus curieuse, plus fascinée, plus symbolique de ces créatures volées à la nature pour notre seul agrément ?
« Un chat de compagnie voit son cerveau se réduire, sa taille aussi, répond Jean Denis Vigne, qui préfère s’en tenir aux conjectures testables. Protégé, nourri, sans stress, il perd assez rapidement, sur quelques générations, en force et en capacités cervicales Le squelette du chat de Chypre était trop abîmé pour que nous puissions analyser la taille de la boîte crânienne, nous ne savons pas s’il avait commencé à se transformer. Mais, d’après sa taille, c’était un petit fauve très proche du chat sauvage. Il était sans doute apprivoisé, plus que domestiqué. Pourtant, il participe d’un rite mortuaire, il accompagne un défunt. Ce n’était déjà plus un chat utilitaire, comme les chats égyptiens. »
Felis silvestris lybica
En 5000 av-J.C, nous retrouvons des traces tangibles du chat apprivoisé en Haute Egypte. Selon Jaromir Malek, un des spécialistes reconnus du chat dans la culture égyptienne, auteur de l’ouvrage de référence The Egyptian cat (British Museum), la domestication des petits félins -le grand felis serval, le felis chaus ou chat trapu des marécages, le felis silvestris lybica ou chat d’Afrique- commence au cinquième millénaire. Au départ, les Egyptiens comme les Chypriotes s’en servent comme des prédateurs de rongeurs, et pour faire fuir les serpents des greniers à grain. Ce rôle ne se dément pas pendant plusieurs millénaires. On voit dans une tombe de Beni Hassan vieille de 2000 ans av-J.C, un dessin représentant un chat faisant face à un rat, au milieu de scènes agricoles, sous l’égide d’un homme tenant un grand bâton : un berger. Mais, dans le même temps, le chat égyptien se voit attribué une dignité sociale et symbolique. De nombreuses peintures de chats choyés ornent les sépultures de Thèbes (1500 av-JC). L’animal est montré assis sous le siège de la maîtresse de maison, tenant parfois un poisson dans la gueule, ce qui révèle son rôle d’animal de compagnie, mais aussi son importance funéraire. D’après Jaromir Malek, et de nombreux historiens des religions, la séduction des chats était telle qu’ils étaient associés à la déesse de la danse et de l’amour Hathor, et chargés avec elle d’accueillir et de protéger les défunts à leur arrivée au royaume des morts. « La progression du chat dans la religion égyptienne fut assez remarquable, et inhabituelle, explique Jaromir Malek. Au contraire d’autres animaux, il ne fut pas tout de suite associé à une divinité importante, et ne conquit jamais le statut officiel de membre à part entière du panthéon des dieux égyptiens. Pourtant, la popularité et la sacralisation du chat ont surpassé celle de tous les autres animaux. »
Le chat égyptien fut très tôt associé au culte d’une créature à tête de lionne (à l’époque thinite, 2950-2635 av-J.C). Ensuite, la vénération de Bastet, la célèbre déesse à tête de chat, se développa depuis le delta du Nil. Au Nouvel Empire (1500 av-J.C), les inondations annuelles donnaient lieu à de grandes réjouissances populaires, où l’on dansait, festoyait et se saoulait d’abondance. Il fallait contenter la souriante et inquiétante Bastet, la déesse du coucher de soleil et des naissances, des musiques et du plaisir, afin éviter de libérer la féroce lionne Sekkmet, déeesse de la guerre et de la destruction, qui sommeille en elle. Bastet, aussi appelée « l’œil du soleil »- « mau », le chat, signifie aussi « voir »-, était consultée dans son temple, à Bubastis, l’actuelle Tell Basta dans le delta. Dans les cimetières de chats de cette région, mais aussi en moyenne Egypte, les archéologues ont trouvé des milliers de statuettes et d’amulettes de Bastet, et des centaines de momies de chat, certaines parées, qui témoignent de l’importance de son culte, et de l’amour de l’animal.
À cette époque, tuer le chat d’un dignitaire pouvait être puni de mort. Souvent, toute la famille portait le deuil d’un chat favori, et enterrait sa momie couverte d’amulettes et d’offrandes. En 5OO av-J.C, à Pelusium, l’armée perse défît l’armée égyptienne avec une ruse révélatrice : elle lâcha des centaines de chats devant les fantassins égyptiens, qui cessèrent de se battre, effrayés de blesser leurs animaux sacrés, et tant aimés.
Années 2000. Les chats, plus adulés que les chiens
Aujourd’hui en Europe, la place du chat de compagnie réjouirait les plus zoolâtres des Egyptiens. 9,9 millions de chats domestiqués à l’an 2007 en France, pour 8,5 millions de chiens. Une courbe exponentielle. Même phénomène aux Etats-Unis avec 61 millions de chats pour 53 millions de chiens en 1998. Pourquoi les chats ont-ils dépassé les chiens au palmarès des animaux familiers ? Un certain goût pour un animal plus indépendant, plus apprivoisé que domestiqué l’aurait-il emporté ? Un zoologue, doublé d’un anthropologue de la domestication contemporaine, couronné pour ses travaux par l’Académie française, Jean Pierre Digard, propose une réponse plus triviale. L’urbanisation -la banlieue en extension, sur 65% du territoire- expliquerait cela. Le chat, jugé assez solitaire pour être abandonné la journée, suffisamment propre, paresseux et petit pour se contenter d’une vie douillette en appartement, les crocs limés, les griffes rognées, castré, stérilisé, médicalisé, épucé, sélectionné à la passivité, a conquis les citadins. Il rejoint les 48 millions d’oiseaux et les 167 millions de poissons domestiques d’Europe, eux aussi faciles à entretenir en ville.
« L’homme fabrique l’animal de compagnie, il projette sa personnalité sur lui, analyse Jean Pierre Digard. L’animal est un miroir, un défouloir, autant qu’un faire valoir. Une analyse de l’INRA sur la domestication a montré que les clichés sociaux fonctionnaient très bien. Les policiers, les militaires, les petits patrons, les cadres moyens préfèrent les chiens, plus serviles et attachés à leur maître. Cela va du surdresseur qui hurle « Au pied! », « Va chercher », à l’attitude maternante et caressante « Plus je connais les hommes, mieux, j’aime mon chien ». Les artistes, les professions intellectuelles, les fonctionnaires choisissent le chat, plus solitaire et indolent. Avec lui, le comportement nourricier l’emporte. Si le chat ne mange pas, il n’aime plus son maître. L’homme investit toutes ses angoisses et ses enthousiasmes sur l’animal. S’il choisit un pitbull, ou une peluche comme le ragdol, cela a du sens ! »
En France, la domestication du chat a vraiment commencé à la fin du XVIIIe siècle, avec l’arrivée du surmulot, le gros rat gris -celui des égouts parisiens-, qui délogea bientôt le petit rat noir ou rattus rattus, proie favorite des chats. Bien vite, le petit félin s’avéra incapable d’affronter ce rat puissant, attaquant en meute. Après avoir été commensal au début du néolithique, puis apprivoisé et domestiqué par les Égyptiens, le chat devint alors un animal de compagnie. Une créature inutile. Familiale. Choyée. Bientôt sélectionnée.
« L’homme fait avec les chats comme les enfants font avec la pâte à modeler, ils les façonnent, constate Jean Pierre Digard, assez peiné. Nous avons créé quelques 400 races de chiens et 150 races de chats. Il existe des dizaines de variétés de chat à poil court, comme les abyssins, les chartreux ou les européens, des chats à poil mi-long comme les angoras, les balinais et les birmans, des chats persans à poils longs et de couleurs différentes, des siamois et des orientaux, le chat nu du Mexique, etc. Nous ne cessons de jouer la variabilité génétique du chat, pour changer la couleur de sa robe, suivre les derniers engouements des associations d’éleveurs ou du public. Aujourd’hui, un chat racé fait partie de la décoration de l’appartement, c’est un accessoire de mode autant qu’un compagnon. Il se vend de plus en plus cher, parfois plusieurs milliers d’euros. Il révèle le statut social. Il est devenu un signe économique, et un business colossal. »
Le marché de l’animal de compagnie
Au milieu des années 1990, le marché de l’animal de compagnie était estimé en France à 3,4 milliards d’euros, le budget d’un état moyen d’Afrique centrale. Sur ce pactole, il faut compter 1,6 milliard pour la seule nourriture, soit 1,5 million de tonnes d’aliments, 520.000 tonnes de viande, 200.000 tonnes de poissons, 620.000 tonnes de céréales, légumes et farines de viande. Autrement dit, on tue aujourd’hui quantité d’autres bêtes domestiquées, pour satisfaire nos animaux de compagnie et les 60,6% d’artisans, commerçants et patrons, 55,7% d’ouvriers qualifiés, 52% des cadres, 46,7% de professeurs et professions intellectuelles qui en possèdent. La population animale se retrouve ainsi divisée en deux classes distinctes.
« La plèbe d’un côté, les « amis » de l’autre » dit Jean Pierre Digard. La plèbe, ce sont les centaines de milliers de bovins, ovins, caprins, lapins et volailles, les animaux d’élevage et de boucherie, la plupart d’entre eux élevés de façon industrielle, en étable et en batterie, puis abattus en série. Le chercheur américain Jeremy Rifkin, président la « Foundation of economic trends », auteur des ouvrages critiques « Le siécle biotech » et « L’économie hydrogène » (La découverte), a beaucoup étudié la domestication en Occident. Dans son essai » Beyond beef », « Au delà du bœuf » (Thorsons, 1994), il développe une thèse proche de celle de Jean Pierre Gidard en distinguant une « aristocratie animale » -les chats et les animaux de compagnie-, d’un prolétariat utilitaire, destiné à l’élevage et la boucherie. En France, un milliard d’animaux, toutes espèces confondues, crustacés compris, sont abattus chaque année, soit 914,5 millions de volailles, 20 millions de cochons, 8,5 millions de moutons et de chèvres, 7 millions de veaux, bœufs et vaches, 4 millions de lapins, 500.000 chevaux ( chiffres 1995). Les Français mangent 128,5 kilos de viande par an et par personne, et les abattages atteignent 4.575.000 têtes de bétail. Aux Etats-Unis, où le business du bœuf brasse 40 milliards de dollars, un enfant entre 7 et 13 ans mange 6 hamburgers par semaine, et 6,7 milliards de hamburgers sont vendus chaque année dans les fast-food américains.
Résultat, commente Jeremy Rifkin, 1,28 milliards de bovins et d’ovins vivent sur Terre pour être abattus, occupant 24% des terres cultivées de la planète, dévorant un tiers des céréales mondiales, faisant reculer les cultures traditionnelles de pays pauvres, afin que 500.000 millions d’Occidentaux et leur chats obèses se gavent de viande et graisse sursaturée, tandis qu’un milliard de gens du Sud souffrent de faim chronique et de malnutrition.
LA PLÈBE ANIMALE
Jean-Pierre Digard l’anthropologue associe l’extraordinaire engouement actuel pour les chats et les animaux de compagnie à notre traitement brutal et boulimique de la « plèbe animale ». Ce serait une forme de rattrapage symbolique, notre manière de conjurer le mal que nous leur faisons. « Dans les civilisations rurales, quand l’homme abattait un animal, il lui mettait une pièce dans la bouche, où alors il confectionnait un totem, explique Digard. Il craignait sa vengeance depuis l’autre monde. Il éprouvait de la pitié ou de la compassion. Aujourd’hui, nous sommes hantés par la maltraitance des animaux. Les abattoirs ont été relégués loin du centre ville. La présence de carcasses entières et velues est interdite dans les boucheries. Le conditionnement de la viande nous fait oublier qu’il s’agit de viande, ou de la partie précise d’un corps. Tout est fait pour nous déculpabiliser de les tuer et les manger. Mais nous n’oublions pas. » Alors, pour compenser, nous débordons d’amour pour nos animaux de compagnie. Nous ne leur refusons rien. Nous militons pour les Droits des animaux. Pendant l’année 2001, alors que la crise de la vache folle venait de révéler que nous nourrissions les bovins vivants avec des bovins morts, une épidémie de fièvre aphteuse contaminait les moutons anglais. La télévision française, après avoir révélé d’affreuses images de vaches tremblantes, annonçait que des abattages de masse, des dizaines de milliers par semaine, se multipliaient, et montrait les usines qui brûlaient les carcasses des animaux abattus. Or cette même année 2001, le Sénat français organisait le colloque du « Chien citoyen » ou chien bien élevé, tandis que Givenchy lançait le parfum et les lingettes pour chiens « Ho my dog,! » et que la styliste Marie Poirier organisait des défilés de mode pour chiens, avec gros pulls et collier de luxe. Depuis, le mouvement du « chat citoyen » a été lancé. Ainsi que le parfum « Ho my cat ! », eau de toilette en spray, testé dermatologiquement bien entendu