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Présentation de l’éditeur
Lorsqu’on en vient à considérer les rapports entre nazisme et homosexualité, il convient de les prendre pour ce qu’ils sont : un tabou, dans tous leurs aspects, jusqu’à la déportation – dont le motif fut longtemps caché par ses victimes.
Lorsqu’ils sont abordés, c’est presque uniquement sous l’angle de la haine farouche des nationaux-socialistes à l’égard des homosexuels. Il ne s’agit pourtant là que d’une demi-vérité. Si la répression est indéniable, ses raisons deviennent plus obscures au fur et à mesure que l’on analyse les zigzags idéologiques auxquels s’est livré le NSDAP au cours des années précédant la « Nuit des longs couteaux ».
On ne saurait en effet oublier un personnage décisif dans la fondation et l’accès au pouvoir du parti nazi : Ernst Röhm, homosexuel ne cachant rien de ses mœurs, proche ami de Hitler (si proche qu’il le tutoyait), et surtout chef de la SA. Sa simple présence dans l’organigramme national-socialiste rend impossible toute tentative de simplification des rapports entre nazisme et homosexualité.
C’est donc à une analyse nuancée que se livre Thomas Rozec, afin d’éclairer une des multiples facettes de ce qui reste aujourd’hui le traumatisme majeur du monde contemporain.
L’auteur
Né en 1986, diplômé en histoire de l’université de Bretagne occidentale, Thomas Rozec est journaliste.
220 pages – 14 x 21 cm – 2011
Source: éditions Hermann
Mon avis
L’ouvrage de Rozec replace l’histoire de l’homosexualité et de sa répression en Allemagne dans la perspective d’un nationalisme exaltant la virilité et le compagnonnage masculin dès le 19e siècle. L’homoérotisme est une composante très présente dans une société exaltant jeunesse et force virile: un mouvement de jeunesse masculin axé sur le retour à la nature et aux racines germaines comme les Wandervögel (oiseaux migrateurs), le développement d’un sentiment anti-bourgeois opposé à une société autoritariste, puis l’exaltation de la jeunesse partant au combat lors de la première guerre mondiale ouvrent la voie aux idéaux de virilité propagés par le national-socialisme. Rozec examine l’enthousiasme homoérotique pour le corps masculin jeune et puissant dans une société qui sépare nettement les rôles des hommes et des femmes à la lumière de l’idéologie völkisch.
La mise en perspective proposée par Rozec montre que le national-socialisme a traité l’homosexualité de manière pour le moins complexe. La lecture de Rozec donne un éclairage sur les ambiguités d’une société responsable des horreurs de la répression, de la persécution et de la déportation des homosexuels. Cela vaut la peine de s’y attarder.
Lire aussi la critique de François Delpla, qui rend bien compte de l’ouvrage.
Qui est l’auteur de cet article?
Luc Le Belge est expatrié à Munich, en Bavière et vous fait découvrir la belle ville de Munich aux multiples attraits et à l’actualité culturelle très dense, mais aussi la société bavaroise, qui est si particulière en Allemagne…
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