Où commencent et où s’arrêtent les Balkans? Jusqu’où peut aller la balkanisation selon cette expression politique apparue en 1918 dans la bouche de l’allemand Walter Rathenau et issue de l’histoire tourmentée des Balkans depuis des siècles?
La déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo a prolongé un éclatement de l’ex-Yougoslavie qui a débuté, il y a déjà 20 ans, avec les guerres de Croatie et de Bosnie. Mais combien y-a-t-il de Kosovo aujourd’hui? Quel avenir pour ce petit pays à la situation économique très précaire, mais dont la nouvelle indépendance est porteuse de tant d’espoirs pour la population des kosovars albanais et de tant d’inquiétudes pour les serbes en minorité dans la région Nord de Mitrovica? Où commencent-ils les Balkans? Où finissent-ils les Balkans ? Ce qui est arrivé au Kosovo et ce qui arrivera dans les prochains mois s’arrêtera-t-il seulement à la péninsule balkanique ou, ce sera un événement régional avec des amplifications mondiales ? Encore une fois dans les Balkans, les événements de l’indépendance unilatérale du Kosovo produiront des événements bouleversants destinés à investir l’entière communauté internationale dans les prochains mois et années.
Un seul Kosovo n’existe pas, mais au moins plusieurs. Un Kosovo désormais numerique dans la constitution serbe et surtout dans la résolution 1244 du Conseil de sûreté dont Belgrade s’assure sa base de revendication permanente. Deux Kosovo sur le terrain : le Kosovo albanais avec sa capitale Pristina, un Kosovo serbe au-delà du fleuve Ibar. Personne des deux petits États n’est vraiment indépendant. Le premier, né le 17 février 2008 après la fin de la guerre du 1999, il reste en vie par l’action d’aides internationales, grâce à la protection atlantique, par l’action de trafics de drogue et d’armes entre l’Asie et l’Europe comme voie géographique importante. Le deuxième Kosovo, il s’agrippe à la Serbie. La création du nouveau Kosovo peut être lue alors dans un tableau plus général et géopolitique, c’est-à-dire la multiplication des frontières qui a engendré dizaines de nouveaux États ou types semblables de nations de la fin de la guerre froide à aujourd’hui. Dans la région des Balkans, comme en aucune autre partie de la planète,le kleinstaaterei n’a eu lieu. Parole allemande avec laquelle on désigne la multiplication sans fin des territoires en nom de la pureté ethnique que tout le monde traduit maintenant par l’expression balkanisation. Mais aussi par l’interprétation donnée de Bernard Neumann comme région buildind conflict. C’est-à-dire conflit dont toutes les communautés politiques, économiques et culturelles deviennent une ressource à employer pour qui ne les possède pas ou pour qui les possède en mesure plus petite. Plus en général contre qui est différent .
Dans l’économie mondiale, les Balkans sont un territoire marginal. Au sens stratégique, la réunification de ces territoires sous l’Union européenne devrait constituer le flanc sud-est de l’Union européenne. Toutefois, en sens toujours stratégique, le territoire même assume valeurs différentes pour les différents acteurs internationaux. L’Europe l’a fait devenir dans la réalité son semi-protectorat, où les protégés vivent avec l’argent et les aides économiques des protecteurs. Et les divisions à l’intérieur de l’Union européenne dans ces derniers jours dérivent principalement par ces contradictions. Berlin soutient la cause d’indépendance du Kosovo pour mettre fin aux conflits menés par la communauté kosovare à l’intérieur du propre État. Puisque la majorité, de la communauté résidant en Allemagne, est intéressée des plus en plus aux trafics criminels. Espagne, Grèce, Roumanie, Slovaquie, Cipre ne signent pas la reconnaissance à l’indépendance du Kosovo pour la peur d’une balkanisation à l’intérieur des leurs États. Pour l’Italie, le Kosovo est un problème de sûreté nationale à cause des trafics criminels d’innombrables mafias et pour la question de sa politique énergétique liée aux hydrocarbures qui, en traversant le Kosovo, ils assurent du gaz naturel à la péninsule italienne. De plus, l’inefficace action diplomatique de convaincre la Serbie représente une humiliation pour l’organisation de l’Union européenne et pour tous ceux qui ont toujours soutenu que la force de l’Europe réside dans son pouvoir diplomatique atténué. C’est-à-dire, la capacité européenne d’influencer ses interlocuteurs à travers le dialogue et à travers les aides financières ou les accords commerciaux.
Les Américains ont du mal à placer la région balkanique sur le papier géographique. Quand l’ancien président américain des États-Unis, Bill Clinton décida de bombarder la Yougoslavie, il se présenta à la télévision avec un papier géographique pour expliquer à son peuple de ce qu’il était en train de parler. Les Balkans pour Washington seront seulement une petite nécessité pour les bases militaires et pour tenir d’yeux les communautés de religion islamiste. Pour la Russie, depuis toujours, les Balkans représentent le débouché dans la mer Méditerranée: des Tsars au Putin, la politique de pénétration dans la mer Méditerranée a été toujours la même. Cette fois Moscou, par tous les moyens diplomatiques, d’actions de politique énergétique et d’actions de proximité religieuse, est réussie pour la première fois de son histoire à entrer dans la mer Adriatique et ensuite dans la mer Méditerranée. Objectif atteint !!
La déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo et la reconnaissance, déjà reçue par quelques Pays, elles constituent un précédent dangereux et un possible retour au passé. Qu’est-ce qu’il arrivera dans quatre mois, c’est-à-dire quand le mandat de gestion des Nations Unies expirera et l’Union européenne succédera ? Qu’est-ce qu’il arrivera dans la région et surtout en Bosnie Herzégovine ?
Antonio Torrenzano
Bibliographie:
Antonio Torrenzano, La crise balkanique comme exemple d’un nouveau type de conflit, dans l’essai ‹‹Aspects coopératifs de la présence OSCE en Bosnie Herzégovine››, Turin et Paris, éd. L’Harmattan (en langue française et italienne), 2004.
Michela Forni, Migrations et réfugiés dans les Balkans,dans l’essai ‹‹Aspects coopératifs de la présence OSCE en Bosnie Herzégovine››, Turin et Paris, éd. L’Harmattan (en langue française et italienne) 2004.
Katia Monti, Maria Claudia Grillini, La tutelle du droit électoral comme instrument de démocratisation,dans l’essai ‹‹Aspects coopératifs de la présence OSCE en Bosnie Herzégovine››, Turin et Paris, éd. L’Harmattan ( en langue française et italienne) 2004.
Rossano Corsano, Dynamiques de genre et gender mainstreaming dans les conflits armés, dans l’essai ‹‹Aspects coopératifs de la présence OSCE en Bosnie Herzégovine››, Turin et Paris, éd. L’Harmattan (en langue française et italienne) 2004.
Elena Roffi, L’école et les jeunes dans la région des Balkans. Parcours vers un avenir possible, dans l’essai ‹‹Aspects coopératifs de la présence OSCE en Bosnie Herzégovine››, Turin et Paris, éd. L’Harmattan (en langue française et italienne) 2004.