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Les difficiles relations sexuelles des îles lointaines

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ilesPartir, pour certains habitants des îles lointaines, constitue la seule alternative pour quitter la promiscuité, la pauvreté ou la solitude. Sinon, c’est le marasme, la routine, l’ennui.

 

La quête de l’âme sœur entraîne un exode pervers pour les îles lointaines…

…Ceux qui restent se débrouillent, souvent mal.

Damien Personnaz

 

Mais plus forte encore que la pauvreté ou le manque d’opportunités de travail, la recherche de l’âme sœur reste le principal motif de l’exode insulaire.

Pas le choix.

Pour éviter les problèmes de consanguinité – la rengaine des petites îles lointaines peu peuplées au siècle passé- les jeunes sont aujourd’hui obligés de quitter leur cocon familial pour trouver un ou une partenaire avec qui fonder une famille. Il n’y a pas 36 solutions : leur île manque cruellement de sang neuf.

Beaucoup d’entre eux ne reviendront pas. Soit, l’âme sœur n’a aucune envie de vivre loin de ses racines, soit elle n’est pas accueillie favorablement par le clan familial des insulaires restés sur leur île et où elle doit se plier à toute une ribambelle de codes, jugés ténébreux par le futur beau-fils/belle-fille.

Cet exode du cœur a des effets néfastes sur l’économie et la vie quotidienne des îles lointaines peu peuplées, qui voient leur population active s’éroder au fil du temps.

L’île de Sainte-Hélène perd ses habitants. De 6000 en 1990, sa population n’est plus que de 4900 en 2007. Certes, la recherche d’un travail ou d’une vie meilleure constituent un motif à l’exode. Mais celui de trouver un époux ou une épouse et de fonder une famille et une descendance demeure un facteur prépondérant – un phénomène peu étudié par les sociologues ou les anthropologues.

Il n’existe pas de données fiables sur ce motif d’exode. Mais à la faveur des témoignages, il n’en demeure pas moins très important.

La plupart des jeunes « cocomalais » de l’île Cocos, dans l’océan Indien, part chercher un mari ou une épouse en Indonésie, en Malaisie ou à Singapour. Peu décident de rentrer dans leur atoll perdu, peuplé par quelque 600 habitants. L’atoll des Cocos (un territoire australien) qui a perdu la moitié de ses habitants entre 1980 et 2003 n’a guère d’attrait pour un(e) citadin(e) habitué(e) à la vie plus variée de son pays d’origine. Par ailleurs, les places de travail manquent.

De plus en plus, les îles lointaines perdent leurs forces vives. Elles sont remplacées par des gens du troisième âge, attirés par le calme et par un exotique éloignement, qui viennent tenir compagnie au quatrième âge berçant de moins en moins de landaux.

Toute société insulaire invente sa propre culture et se fonde une identité ambiguë : se renouveler en accueillant d’autres personnes et des idées, et maintenir une cohésion interne en se repliant plus ou moins sur soi-même.

Vivre actuellement sur une île lointaine et peu habitée signifie une vie sexuelle pauvre, peu diverse et souvent incestueuse, laquelle, dans les pires des cas, engendre des problèmes de consanguinité. Il y a trop de cousins, et guère de prétendant(e)s.

Sur l’île isolée de Tristan da Cunha, peuplée par 280 insulaires de nationalité britannique, on ne dénombre que huit noms de famille. Dorénavant, certains jeunes quittent cette île de l’Atlantique sud et, à la faveur d’un ou deux bateaux par an, rejoignent les rangs des universités du Cap ou en Angleterre. Ils espèrent y dénicher un diplôme et/ou un bon candidat à la reproduction de sang neuf.

L’île de Pitcairn, dans le Pacifique sud, compte seulement 57 âmes de descendants des mutinés du Bounty. L’île du bout du monde a récemment défrayé la chronique. Presque tous ces habitants mâles auraient abusé de jeunes filles, dont certaines n’auraient même pas douze ans à l’époque des faits qui remontent à 2005. Lors de leur procès en Nouvelle-Zélande, ils auraient évoqué le fait que ces pratiques sexuelles, pour la plupart incestueuses, auraient pour origine une interprétation des coutumes ancestrales polynésiennes.

Possible. Ces pratiques, jugées taboues par ces mêmes populations fortement teintées de christianisme, ne sont pas ouvertement discutées dans les îles polynésiennes isolées du Pacifique. Mais des rumeurs et, plus récemment des cas avérés d’inceste, sont dorénavant mis en évidence par des infirmiers travaillant sur les atolls les plus isolés des Tuamotu, de Cook, de Kiribati et de Micronésie ou par des témoignages d’étudiants des Etats insulaires en Australie ou en Nouvelle-Zélande.

Les relations sexuelles originales des insulaires des îles lointaines du Pacifique sud ne sont pas nouvelles. De l’île de Pâques aux Trobriand, les exemples sont légions. Mais les tabous restent de marbre et les communautés n’étalent pas leurs secrets d’alcôve au premier venu.

La description que fait l’anthropologue Malinowski dans son ouvrage sur les mœurs sexuelles des îles Trobriand au siècle dernier montre que les relations sexuelles restent, dans les îles lointaines comme ailleurs, un passage obligé de cohésion sociale [1] :

« Jusqu’à l’arrivée des missionnaires, il existait une fête dont le motif principal consistait en caresses érotiques auxquelles on se livrait en public, et cela sans aucune retenue. Lorsqu’un garçon et une jeune fille se sentent fortement attirés l’un vers l’autre, celle-ci est libre d’infliger à son amoureux des douleurs physiques considérables, en l’égratignant, en le frappant et même en le blessant avec un instrument tranchant (…). L’acte sexuel est accompli en public, sur la place centrale ; des gens mariés prenaient part à l’orgie, l’homme et la femme se conduisant sans aucune retenue, même sous les yeux l’un de l’autre, même sous le regard des frères et sœurs envers lesquels s’appliquent le tabou de l’inceste » (…)

Dans le sud de l’île existe une coutume particulière : les femmes travaillent ensemble aux champs et lorsqu’elles voient un homme d’un autre village, elles ont le droit de se précipiter sur lui pour le soumettre à des violences sexuelles. En général, elles enlèvent leurs jupes pour courir toutes nues sur l’homme, le dévêtir et arriver à le faire éjaculer puis elles le souillent au point de le faire vomir. Elles lui arrachent les cheveux et l’homme est tellement battu qu’il ne peut plus guère se lever et s’en aller. Cette pratique (…) a du être très rare et on en parle plus par curiosité que comme une pratique régulière et fréquente mais elle permet de dissuader les étrangers de venir et les hommes du village l’apprécient car ils sont tranquilles devant cette absence de rivaux potentiels. Ceci peut représenter un cas où la licence sexuelle vient aider à la mise en sécurité des biens économiques les plus vitaux… tout en créant des histoires dont les gens s’amusent… sauf la pauvre victime qui aura vécu une expérience sexuelle dont il se souviendra toute la vie (les femmes en question devraient aussi s’en souvenir) ».

Cette description extrême illustre le dilemme des insulaires : accepter l’autre ou ne pas l’accepter.

Il serait faux, cependant, de dire que tous les habitants des îles lointaines ont des problèmes sexuels que l’on qualifierait d’atypiques. Ceux qui restent n’ont guère de choix de partenaires et cela facilite les déviances. Ceux qui partent ne reviennent souvent jamais.

Et sans eux, les îles lointaines sont plus fragiles que jamais.


[1] B. Malinowski,  » la vie sexuelle des sauvages du nord ouest de la Mélanésie, description ethnographique des démarches amoureuses, du mariage et de la vie de famille des indigènes des îles Trobriand (Nouvelle-Guinée) « .

Damien Personnaz

Vivre sur des îles lointaines au XXIème siècle

2 commentaires sur “Les difficiles relations sexuelles des îles lointaines”

  1. et que faut il dire des célibataires de nos campagne, rien surement leur histoire est trop banale et manque du piment des contrées lointaine et de l’exotisme !

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