Découvrez la littérature tchèque à travers ses auteurs et ses romans ou livres de voyage. Si l’on évoque souvent Kafka ou Kundera, on connait moins bien Jaroslav Hasek, Jiri Weil, Martin Simecka…
Après avoir rendu un hommage mérité à tous ces écrivains polonais dispersés à travers la planète qu’ils ont éclaboussée de leur talent, nous poursuivrons notre route en direction du Sud et, enjambant les Sudètes, nous entrons en République tchèque que nous considérerons sous son ancienne configuration, en ajoutant la Slovaquie à cette étape littéraire. Prague est une grande métropole culturelle depuis un certain nombre de lustres déjà et les écrivains de talent s’y bousculent depuis longtemps, ni les nazis, ni les communistes n’ont pu endiguer le flot littéraire qui a toujours coulé de cette région.
Nous aurions pu évoquer Kafka mais comment parler brièvement de son œuvre? Je ne m’en suis pas senti la capacité. Nous aurions pu aussi parler de Kundera qui se rattache plus à la culture française, ou de Rilke qui bien que Pragois, évoque plus la culture germanique. Nous partirons donc en compagnie du héros national, l’incontournable Jaroslav Hasek, à la découverte de la littérature tchèque et slovaque en évoquant des œuvres de Jiri Weil, écrivain juif, qui a su subsister à l’éradication de sa communauté à Prague pendant la dernière guerre, de Bohumil Hrabal et de Martin M Simecka qui représentera, en la circonstance, la Slovaquie, pays nouveau dont je ne connais pas encore d’autres écrivains.
Le brave soldat Chveik
Jaroslav Hasek (1883 – 1923)
Ayant découvert Prague, et son riche patrimoine historique, quelques années après la chute du mur de Berlin, en 1994, j‘ai approfondi quelque peu ma culture tchèque pour mieux appréhender l’histoire de ce pays au cœur de l’Europe, au carrefour des civilisations slaves et germaniques, des religions catholiques et protestantes, sur la ligne de rencontre entre l’empire des tsars et celui des empereurs germaniques.
J’ai découvert à cette occasion les grands auteurs tchèques Kafka, Rilke que je n’ai pas lu mais dont j’ai étudié la biographie, Jiri Weil qui m’a beaucoup plu et quelques autres comme Jamec, Kundera, Vaculik, etc… mais c’est seulement en l’an 2000 que j’ai trouvé dans ma médiathèque habituelle le célèbre ouvrage de Jaroslav Hasek : « Le brave soldat Chveik » qui est un véritable monument national en République tchèque.
Cet ouvrage conte les avatars d’un brave et bonasse soldat au service de l’armée austro-hongroise que rien ne démonte et qui reste toujours d’un optimisme béat. Les Tchèques en ont fait le symbole du brave type qui trouve toujours une solution face à une administration envahissante et tatillonne. Il devient vite l’ami Bidasse des Tchèques qui contourne avec débrouillardise l’autorité de moins en moins acceptée de l’empereur, celui qui les réconcilie avec leur nation et avec leur fierté nationale étouffée par l’impérialisme autrichien.
Sous la main de fer du régime communiste, ce brave bidasse a servi d’icône à bien des Tchécoslovaques qui avaient perdu tout espoir de retrouver un jour leur liberté de pensée et d’expression. Et, ainsi, sa légende ne s’est en rien altérée pendant ses années et il est toujours le symbole de ce peuple qui rechigne à se laisser dominer par un pouvoir totalitaire quel qu’il soit.
Peut-être pas de la grande littérature mais un bon moment de lecture plein d’humour, des allusions qu’il faut débusquer entre les lignes et une bonne dose d’impertinence. Un vrai bon roman populaire.
Mendelssohn est sur le toit de Jiri Weil ( 1900 – 1959 )
Jiri Weil est un écrivain juif pragois qui connut plus de jours de douleur que de jours fastes et glorieux. Engagé dans le parti communiste dès sa jeunesse, il fut victime des purges staliniennes de 1935 et déporté au Kazakhstan. De retour à Prague, il dut rapidement faire face à la vindicte nazie et en 1942, il organisa son suicide pour disparaître de la circulation et vivre dans la plus grande marginalité, avec l’aide de la résistance, dans un cimetière notamment, si je me souviens bien. En 1948, le nouveau pouvoir communiste ne lui évita aucune tracasserie en souvenir des textes qu’il avait publiés sur sa déportation avant la guerre.
Dans ce livre écrit à la toute fin de sa vie et publié après sa mort, il raconte comment le célèbre bourreau de Prague, Reinhardt Heydrich, voyant la statue de Mendelssohn sur le toit de l’opéra de Prague demande à ce qu’elle soit déboulonnée et descendue. Les deux braves soldats chargés de cette mission ne connaissent pas ce musicien et décident que celui qui est juif est certainement, comme on le leur a appris, celui qui a le plus gros nez mais qui est en fait ce cher Wagner adulé par le führer. Ils descendent donc la statue de celui-ci. Cette situation très cocasse introduit ce livre qui traite du sort réservé au juif de Prague par les nazis. Sa lecture peut-être judicieusement complétée par «Vivre avec une étoile» qui raconte l’histoire d’un juif qui a échappé aux nazis en vivant dans la clandestinité la plus totale et qui pourrait être celle de l’auteur.
Vends maison où je ne peux plus vivre de Bohumil Hrabal ( 1914 – 1997 )
Dans ce recueil de sept nouvelles, Bohumil Hrabal étale tout son talent et certains le considèrent comme un véritable chef d’œuvre même si les textes ne sont pas forcément d’un accès très facile pour ceux qui ne connaissent pas très bien Prague et son histoire. Ces récits corrosifs démontrent tout le talent de conteur de Hrabal et évoquent, à travers des thèmes très différents, la ville dont l’auteur a une réelle nostalgie. La ville avant l’ère communiste et avant les persécutions nazies quand elle était au carrefour de toutes les cultures européennes et qu’on y rencontrait les plus grands intellectuels du continent. C’est aussi une sorte de pamphlet déguisé contre le régime communiste contemporain de ce recueil et une charge contre l’administration tatillonne et bornée qui s’évertue de pourrir la vie des citoyens.
L’année de chien – L’année des grenouilles de Martin M. Simecka ( 1957 – … )
Ce roman de Martin M Simecka se divise en deux parties presque parallèles, celle consacrée au chien et celle consacrée aux grenouilles. Dans les deux cas, le héros raconte son histoire en faisant son footing, au rythme de sa course et de son épuisement progressif ou en fonction de son état de forme. Il raconte, bien sûr, sa passion pour la course mais aussi son amour pour la jolie blonde dont l’image ne le quitte pas et avec laquelle il voudrait avoir un enfant. Mais, est-il raisonnable de donner la vie à un enfant dans un tel régime ?
Martin M Simecka est le fils d’un dissident slovaque, il dut donc subir les affres du régime et fut interdit d’école dès l’âge de quinze ans. Dans ce roman où il dénonce le régime qui l’a brimé, il ne renonce jamais et veut croire à un avenir meilleur vers lequel il court avec obstination et méthode pour ne pas perdre son souffle, améliorer sa forme et être prêt le jour venu.
J’aimais bien cette forme d’exclamation devant ta supposée grande honte qui n’a pas lieu d’être si grande. Il y a tellement de livres à lire, de musique à écouter, de tableaux à voir, etc…, etc…
Oooooh ! Ah quelle grande honte de n’avoir pas écrit à ma grande honte ! C’est ça, de ne pas se relire! 😉
Méa culpa!
Les deux bouquins de Jiri Weil sont très faciles à lire même s’ils parlent d’un sujet difficile !
Ah ma grande honte, je confesse ne pas connaître la littérature des pays de l’est de l’Europe… Je me rappelle n’avoir jamais pu finir les testaments trahis de Kundera et cela ne m’avait pas donné envie de le découvrir plus…
Je me laisserais bien tenter par Mendelssohn est sur le toit, j’avais beaucoup aimé le pianiste de Wladyslaw Szpilman, mais lui, il est polonais…
Je prends des notes pour les grandes vacances il n’y a que là que j’ai vraiment le temps de lire… Hélas ! 🙁