Qui était Louis II de Baviere? Ludwig II, réalisé par Peter Sehr et Marie Noelle est un film historique racontant l’histoire du roi II depuis son accession au trône jusqu’à sa mort mystérieuse. Un film issu du cinéma allemand au déroulement linéaire qui permet de découvrir les grands moments de la vie du roi bavarois, sans pour autant explorer vraiment sa personnalité pourtant fascinante.
Ludwig II, un insipide biopic sur Louis II de Bavière de tourné sur les sites d’origine
Une connaissance plus affinée de la vie privée du Souverain permet aujourd’hui une présentation plus précise et sans doute moins censurée de la vie de Louis II de Bavière en rapport à que ce qui était possible auparavant: son homosexualité devrait être précisément évoquée, et notamment à partir des carnets secrets du Roi.
Le tournage a eu lieu in situ, sur les emplacements d’origine des beaux sites en Bavière associés à Louis II : Munich, château de Neuschwanstein, château de Linderhof, Herrenchiemsee) et en Autriche (Vienne, Basse-Autriche, Burgenland, Tyrol), et également dans les studios de cinéma Bavaria à Geiselgasteig, près de Munich. Le tournage a commencé le 26 juillet au lac Starnberg. Deux acteurs différents représentent le Souverain à deux époques de sa vie, un choix que certains contestent déjà, estimant que l’on aurait pu grimer le jeune acteur pour représenter le Roi plus âgé.
Une approche linéaire de la vie de Louis II souffrant d’impasses regrettables
Les réalisateurs Peter Sehr et Marie Noelle ont choisi de raconter la vie de Louis II de Baviere à partir du moment de la mort de son père qui l’a prématurément porté sur un trône qu’il ne désirait pas et auquel il n’était pas préparé jusqu’au moment de son internement et de sa mort par noyade dans le lac Starnberg. L’éducation du futur Roi est à peine évoquée par quelques brèves scènes qui précèdent immédiatement la mort du roi Maximilien II de Bavière.
Le film Ludwig II fait aussi l’impasse sur deux périodes de la vie de Louis II de Bavière escamotées par des mentions écrites: trois ans plus tard, pour la première, et quatorze ans plus tard pour la seconde, deux mentions qui oblitèrent tous les combats du Roi bâtisseur. La superproduction des studios Bavaria et de la Warner Bross aurait coûté 15 ou 16 millions d’euros, une somme faramineuse au regard des coûts habituels du cinéma allemand. Le tournage s’est déroulé sur six mois, pour 70 jours de tournage, le double d’un film ordinaire. Le film a été notamment tourné in situ, autour et dans les fameux châteaux du Roi bâtisseur, et également à Versailles ou encore sur la place de l’Odéon à Munich.
Le choix du clinquant au détriment du travail sur les personnages
Il s’agit du sixième film consacré au Roi bavarois. Il arrive sur les écrans exactement 40 ans après la fameuse production de Luchino Visconti, Ludwig ou le crépuscule des dieux, sans hélas arriver à la cheville de ce monument du cinéma. Louis II de Baviere est toujours adulé par les Bavarois qui l’appellent affectueusement Kini. Il est devenu une figure mythique et légendaire que la Bavière ne manque jamais d’exploiter. C’est dire que cette nouvelle production était très attendue. Elle a d’ailleurs été lancée avec une pompe toute royale.
L’acteur principal, Sabin Tamprea, qui incarne le Roi jeune est arrivé le jour de la Première en carrosse doré en compagnie d’Hannah Herzsprung, l’actrice qui incarne Sissi. Glamour, faste et prestige, et ersatz de champagne à gogo. Le film Ludwig II insiste d’ailleurs beaucoup sur les fastes dont aimait être entouré le Roi, mais c’est là également un de ses défauts, la production pèche par le recours à un clinquant facile et qui est déjà surexploité.
Psychologie des personnages très bâclée : un Ludwig II superficiel
On a l’impression d’assister à un feuilleton télévisé, dont on retrouve d’ailleurs certains des procédés, comme par exemple le recours systématisé aux plans rapprochés sur les personnages, avec une psychologisation facile et outrancière. Les conditions de la folie du roi, et de celle de son frère le prince Otto, sont installées dès les premières scènes dans lesquelles Louis apparaît d’emblée comme un être instable, labile et tourmenté, qui passe rapidement de l’agitation frénétique, passionnée et hystérique au renfermement sur soi qui tourne à l’effondrement et à la prostration. Sehr et Noëlle ont féminisé le jeune Roi en insistant sur son narcissisme extravagant, une manière de souligner une homosexualité impossible à vivre que le Roi lui-même essayera d’éloigner au moyen de rituels et d’invocations catholico-magiques.
L’homosexualité n’est pas abordée de manière frontale, si ce n’est lors d’une brève scène de baiser avec le fidèle écuyer et ami Richard Hornig, mais elle est présente et visible dans le rapport avec Wagner, ou lorsque le Roi Louis II de Baviere fait venir à lui un jeune chanteur qu’il oblige à chanter ses airs wagnériens favoris de jour comme de nuit. Malheureusement, les réalisateurs sont restés pudiques et discrets et la réalité déchirante de la sexualité tourmentée du Roi n’est finalement présentée que de manière brève et superficielle.
Autre fil rouge, le rapport à l’eau, avec les traversées à la nage du lac Stanberg vers le refuge de l’île aux roses, et les préfigurations répétées d’une noyade quasi mystique. La mort du Roi Louis II de Baviere n’est plus ici une énigme, les réalisateurs voient dans la noyade l’évasion finale d’un Roi qui se suicide dans une espèce d’union mystique pour n’avoir plus à souffrir et rejoindre le monde mythique qu’il a essayé de créer sa vie durant. Rien de neuf sous le ciel bleu et blanc de Bavière dans ce film à la psychologie simplifiée et qui joue abondamment des décors et des costumes.
Un souci de l’authenticité qui ne compense pas le manque de profondeur
Bien sûr la Bavière est jolie et les vues depuis ses sommets sont soufflantes, les jardins de Versailles et la façade d’Herrenchiemsee enchanteurs, le théâtre Cuvilliés une bonbonnière dorée comme les carrosses de Louis II, et Neuschwanstein se découpe sur la montagne comme un château de conte de fées. Mais nous le savions déjà, comme nous connaissions les tourments du Roi et l’histoire d’un Royaume de Bavière qui perd progressivement son indépendance.
Si Marie Noelle et Peter Sehr ont eu le souci de l’authenticité dans la présentation des faits, des décors et des costumes, s’ils ont sans doute passé comme ils l’affirment huit années à le préparer en potassant les archives, il leur manque la vision, le point de vue et le génie cinématographique qui font les grands films.
Les épisodes les plus connus de la Royauté de Louis II de Baviere sont présentés dans une linéarité chronologique, mais on ne pénètre pas vraiment la personnalité du Roi, le film glisse sur l’évènementiel sans en atteindre la profondeur. Reste de ce film le portrait très extérieur d’un Roi qui a voulu faire triompher l’Art et remplacer les baïonnettes et les canons par des instruments de musique et des folies architecturales. Joli, charmant et délassant peut-être mais jamais profond ni émouvant.
Producteur: Ronald Mühlfellner (Directeur Dr. Matthias Esche, Jan S. Kaiser) Auteurs: Peter Sehr et Marie Noëlle Réalisé par Peter Sehr et Marie Noëlle Ligne de production: Gilbert Möhler Caméra: Christian Berger Vedettes: Sabin Tambrea (le jeune Roi Louis II de Baviere), Sebastian Schipper (le Roi Louis II de Baviere plus âgé), Hannah Herzsprung (Sissi), Paula Berry (Sophie en Bavière), Edgar Selge (Richard Wagner), Samuel Finzi, Justus von Dohnanyi, Friedrich Mücke, Tom Schilling, Uwe Ochsenknecht, Axel Milberg, Katharina Thalbach, Gedeon Burkhard, Franz Dinda, August Schmölzer (Dr von Gudden), Peter Simonischek, Michael Fitz, AndréEisermann, August Wittgenstein, Bernd Birkhah (Bismark).
Voir le film Ludwig II en VOST en anglais :
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