C’est dans l’ex-URSS, en Asie Centrale, que s’est déroulée l’une des plus grandes catastrophes écologiques : la disparition progressive de la Mer d’Aral. Cette mer intérieure est grande comme deux fois la Belgique et située aux limites de 5 pays d’Asie centrale, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Retour sur ce drame environnemental pour mieux comprendre l’historique de ce désastre qui se poursuit toujours. La mer d’Aral est (était?) alimentée par deux fleuves d’Asie Centrale l’Amour-Daria et le Syr-Daria qui ont été détournés de cette destination ancestrale du temps de Staline par un nommé Sverdlov (à relier à Sversdlosk, nom communiste d’Ekaterinenbourg) pour irriguer les terres arides d’Ouzbekistan et du Kazakhstan pour y produire… du Coton.
Une des plus grande catastrophe écologique de notre monde s’est passé dans l’ex Union Soviétique, dans l’Asie Centrale . C’est la disparition de la Mer d’Aral, une mer intérieure actuellement à cheval sur la frontière entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan et qui disparut quasiment sur une période de quarante ans. Merci le communisme !!
La mer d’Aral était une immense mer intérieure du 68 000 km2, le double de la surface de la Belgique. Elle était alimentée par deux fleuves, l’Amour Daria au sud et le Syr Daria à l’est. Dans les années 1950, l’Union Soviétique lança le grand programme et slogan de la « conquète des terres vierges ». Il consista pour cette zone à l’irrigation à partir de ces deux fleuves de pas moins de 7 millions d’hectares pour y produire…du coton.Seul inconvénient le prélèvement d’autant d’eau dans ces deux fleuves réduisit l’apport d’eau à la Mer d’Aral de 55 millions de m3 en 1960 à seulement 7 millions quelques années plus tard
Que se passa t il? Pendant que la production de coton montait en flèche, la surface de la mer d’Aral commenca à se restreindre et la salinité des eaux à monter de 10 g/Litre en 1960 jusqu’à 220g/l en 2007. Avec des conséquences catastrophiques pour la biodiversité et la disparition de la vingtaine d’espèces de poissons spécifiques à cette mer et la fin des activités de pêche dès 1980.
Ce qui devait arriver arriva. La mer d’Aral, privée d’approvisionnement en eau, vit son niveau diminuer tous les ans d’une soixantaine de centimètres et sa surface se réduire à une peau de chagrin à moins de la moitié de sa surface initiale. La salinité y fut multipliée par trois, la pêche qui servait à alimenter Moscou disparut (seule la limande réussit à s’accommoder d’un tel niveau de salinité), et la mer se sépara en deux morceaux, la petite mer d’Aral au nord et la grande mer au sud et à l’ouest. Le port de pêche d’Aralsk, tout au nord autrefois très actif se retrouva à des dizaines de kilomètres du bord de l’eau. Coté culture du coton par contre, ça à très bien marché et l’Ouzbekistan, avec 7.5 millions d’hectares irrigués, en est devenu le quatrième producteur mondial.Ses exportations représentent 25 pct de la totalité des exportations du pays. C’est dire qu il sera difficile de pouvoir rétablir la situation ante d’approvisionnement en eau douce de la mer d’Aral.
Ce qui restait donc de la mer d’Aral elle même se scinda en deux,la petite mer au nord et la grande mer au sud. Un port de pèche important comme celui d’Aralsk tout au nord se trouva relègué à plus de 100km des eaux libres.Vous avez sans doute vu des photos de ce qui était autrefois une mer devenu une steppe aride, sablonneuse, parsemée de carcasses rouillées de bateaux de pêche où paissent des chameaux.
L’ouest a heureusement fait preuve de solidarité et la Banque Mondiale a ainsi financé avec le gouvernement Kazakh un barrage de 13 kilometres, celui de Kokaral, à 250 km au sud d’Aralsk pour bloquer les eaux et tenter de recréer un petite mer d’Aral. C’est ce qui s’est produit grace aussi, coté kazakh,à une diminution des prélèvements d’eau pour l’irrigation. Car du coté de l’Ouzbekistan infiniment moins riche de pétrole que son voisin Kazakh, il n’est pas question de se passer du coton qui compte pour 25pct de ses exportations.
Un espoir était apparu néanmoins avec l’intérêt porté à un projet de reconquête des rives de la la mer d’Aral par….la Banque Mondiale qui avait financé dans un premier temps pour 2.5 millions de dollars la construction d’une digue de sable(!) qui malheureusement, ne résista par longtemps aux tempêtes. Elle avait eu l’utilité néanmoins, de démontrer que grâce à elle, le niveau d’eau avait pu remonter de manière inattendue, ce qui donna des arguments aux promoteurs du projet pour convaincre la Banque Mondiale d’aller plus loin.
C’est ainsi que fut finalement construit la digue de Kokaral, un ouvrage de 14 km à l’embouchure du Syr-Daria, en dur cette fois. Le résultat en est que le niveau d’eau dans la petite mer d’Aral a commencé à remonter pour atteindre, au dernier pointage, une profondeur maximale de 38 mêtres d’eau. Or les experts hydrogéologues estiment que le niveau à partir duquel la mer d’Aral est encore « sauvable » est de 42 mètres d’eau.Un bémol cependant, « sauver la mer d’Aral » s’applique à la petite mer d’Aral seulement, pour la grande, il faudrait au moins réduire de 50 pct les surfaces irriguées pour produire du coton…
Prochaine étape, la construction sur le Syr Daria d’un second barrage pour en réguler le débit qui devrait permettre à la Petite Mer d’accéder à nouveau au port d’Aralsk et de retrouver une profondeur d’eau de l’ordre de 50 mètres. Par contre la Grande Mer reste condamnée tant que l’irrigation cotonnière à partir de l’Amour Daria se poursuivra.D’autant que plus en amont le Kirghistan souhaite développer ses capacités hydroélectriques…
La réapparition de le petite mer a modifié le climat( -45°C en hiver/+50°c en été) pour le rendre un peu plus doux et la pluviométrie a augmenté.Le poisson a réapparu et de nouvelles espèces vont y être introduit. La Corée du Sud a même construit une conserverie de poisson flambante neuve qui commencera ses activités à base de poisson importé de Mourmansk. C’est néanmoins la preuve que ses promoteurs croient à la réapparition de la pêche dans la petite Mer d’Aral.
A chaque jour suffit sa peine néanmoins. Pour l’instant le niveau continue de monter peu à peu et on a vu réapparaitre timidement sur ses berges des canards, des oies sauvages, des hérons et d’autres oiseaux migrateurs en escale.Bravo en tous cas à tous ceux qui ont porté un tel projet et à la Banque Mondiale que l’on n’attendait pas nécessairement dans une telle aventure.
Un retour à la vie pour cette mer intérieure dont on souhaite qu’elle puisse se poursuive…
NB Tiré de Histoire de l’Asie Centrale contemporaine de René Létoile chez Fayard que je remercie
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