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Si un jour des amis Indiens fort bien intentionnés et chez qui vous êtes invitée pour un long séjour vous propose pour le prochain week-end une sortie « nature » dans un parc proche comme le Parc national de Dibaru Saikhowa, avec une nuit en bungalow dans la forêt pour assister dès cinq heures du matin au réveil des oiseaux, surtout considérez cela d’abord comme une invitation à rêver pendant quelques jours : un week-end idyllique entre amis, une soirée sympathique avec peut-être un petit feu dans la cheminée, supportable le soir ici même en avril, un grand lit sous la moustiquaire façon « Out of Africa » ou tout autre film où l’on joue la gentry britannique dans les colonies.
La réalité sera tout autre. Ne soyez pas déçue, car vous aurez bien rêvé avant ! Et la satisfaction n’est pas dans la destination mais dans le voyage, réel ou virtuel.
Le vendredi vous apprendrez que finalement vous ne partirez que le dimanche matin probablement que la nuit en bungalow était trop chère et on vous dira le samedi soir que le départ se fera à 6 h 30 parce que de toute façon les oiseaux sont partis depuis début mars. Et ce dont vous ne vous doutiez pas c’est que le maître des lieux se fera une petite soirée sympa entre copains au club du coin jusqu’à trois heures du matin.
Le dimanche matin vous avez mis votre réveil à cinq heures trente afin d’être tranquillement à l’heure, vous cherchez un fruit sur le buffet, buvez une boisson chaude et préparez le sac. Comme vous voyez que rien ni personne n’a bougé, vous vous préparez des toasts beurrés. Voyant cela votre amie trouve que c’est une excellente idée et elle en fait autant. Et le temps passe, il est six heures trente bien dépassés. Votre amie décide enfin d’aller mettre son sari dans la salle de bains. Le départ se fera gentiment à l’heure indienne c’est-à-dire à sept heures trente. Après tout, les oiseaux migrateurs sont déjà partis depuis longtemps et on ne va pas leur voler après.
Vous partez donc en direction de ce fameux parc national de Dibaru Saikhowa. Bon point, un guide vous attend au parking d’arrivée et vous emmène en bateau. Celui-ci prend l’eau, votre amie prend peur car elle ne sait pas nager, mais pas de problème.
paysage du parc
Le guide connaît tous les coins du parc national de Dibaru Saikhowa pour voir les oiseaux qui ne sont plus là, vous l’avez compris, mais vous aurez quand même la chance de voir virevolter trois martins pêcheurs au-dessus de l’eau et un oiseau qui vous montrera dans un vol rapide ses belles ailes lustrées bleu nuit.
Sur cette immense rivière, la Luhit, affluent du Brahmapoutre, des dauphins remontent et le guide vous fera patienter dans un lieu où ils sont sensés venir. Pas de chance, vous avez beau siffler, imaginer le chant des sirènes et les appeler télépathiquement, personne au rendez-vous. Mais vous les verrez par chance dans un autre endroit et ils seront trois à faire des sauts pour vous montrer leur dos rond.
Un abordage sur une île un peu plus tard vous fera découvrir un grand banyan, cet arbre qui replante ses branches et qui refont des arbres et qui replantent leurs branches et tout ça s’entrelace, se noue, se ramifie de partout. Bel arbre dont la frondaison s’étend très largement et qui vous permet de retrouver quelques souvenirs d’enfance sportive avec vos amis tout aussi intéressés pour grimper dans les entrelacs, même en sari !
une Indienne en sari sait tout faire, même grimper aux arbres !
les pêcheurs du dimanche !
Des pêcheurs glissent sur leur barque fine, leur ligne à la main, un carrelet se distingue sur une petite île à côté d’une petite tente, une barque proche et un vélo couché sur le sable. Pas facile d’aller faire ses provisions à la ville en face !
le carrelet, en ayant épuré la photo pour garder les lignes principales, sur sa petite île
Cette matinée vous aura finalement fait découvrir cet immense étendue d’eau, bien peu touristique à cette époque, mais qui peut donner une petite idée de ce que peuvent être les ramifications du Brahmapoutre qui court vers le Bangladesh pour terminer en immense delta.
ambiance particulière…
Et comme toute bonne journée au parc national de Dibaru Saikhowa, cela se terminera par un repas sympathique dans un « resort » chic, le seul du coin d’ailleurs, où vous pouvez nourrir les poissons du bassin dans le parc en demandant de la nourriture à la réception !
les canards ont une tête bizarre (?)
Les Indiens se font photographier parmi les fleurs et les canards et les enfants sur les balançoires. Au retour, vous vous arrêterez au marché de Tinsukia, la grande ville proche, avec le plaisir d’admirer les saris brodés d’Assam dont la soie est célèbre (au moins en Inde !). Les immenses plantations de thé vous accompagneront ensuite jusqu’à votre bungalow avec des routes abominables où il faut zigzaguer entre les marmites, les trous, les effondrements dès que vous avez quitté la partie « oil » pour entrer dans la partie « garden ». En effet, la ville où vous habitez, Duliajan, est une « oil township », de grandes raffineries de pétrole côtoient de loin les jardins de thé et les routes pour le pétrole sont grandes et goudronnées correctement, celles pour les jardins sont à faire en 4×4 ! Et vous avez deux sortes de véhicules : ceux qui sont « on oil duty » et les autres plus écologiques : « on green leaf duty » !
Amoureuse de l'Inde depuis 25 ans, j'accompagne également des voyages un peu hors normes pour faire connaitre ce pays et la vie de ses habitants. Passionnée par les coutumes, les façons de vivre, les problèmes sociaux, la vie des femmes...