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La Pérestroika ou le début de la réunification européenne

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Au mois d’avril 1986, M. Gorbachev entame la Pérestroïka qui va mettre fin à la guerre froide qui va faire tomber le rideau de fer. Cette séparation entre Ouest et Est divisait non pas seulement le monde en deux, mais séparait aussi la famille européenne depuis plus de 40 ans.

Ces réformes, qui portent le nom de « Reconstruction » (traduction de Pérestroïka), vont radicalement changer la politique non seulement en URSS mais aussi dans le monde entier. Elles vont bouleverser la carte géopolitique de l’Europe et permettre l’instauration de la démocratie sur presque tout le continent européen.

Les origines et l’évolution de Pérestroïka

A la fin de l’époque brejnévienne, le bloc socialiste ressemblait plutôt à un vieux dinosaure, très éloigné du monde contemporain. L’économie se trouvait dans un état déplorable, la société civile indépendante était en grande partie en exil, alors que la corruption au sein de l’État via parti communiste était devenue légendaire. En plus, l’URSS devait consacrer une énorme partie de son budget à l’armée. Sur le plan international, l’URSS a perdu beaucoup d’alliés, car son modèle social séduisait de moins en moins, sans parler du rejet que provoquait la guerre en Afghanistan (1979 – 1989). Il fallait donc entreprendre des mesures urgentes, d’autant plus que dans les pays satellites les régimes totalitaires étaient remis en cause et l’URSS n’avait plus les moyens de soutenir les partis communistes locaux.

L’arrivée de Gorbatchev au pouvoir

Les premiers changements apparaissent avec l’arrivée d’Andropov (12 novembre 1982) au pouvoir et les premiers procès anti-corruption qui secouent l’URSS. Mais celui-ci ne reste pas au pouvoir assez de temps : il meurt 16 mois après son élection à la tête du parti. Son successeur, Chernenko n’a pas fait mieux. Il a fallu attendre Gorbatchev, qui arrive au pouvoir en 1985 pour que les vraies réformes commencent.

L’arrivée de Gorbatchev au pouvoir marque le début de la Pérestroïka. Une des premières mesures prises dès l’arrivée au pouvoir a été la libéralisation partielle de la presse, plus connue sur le nom de Glasnost. Dans son discours lors du XXVII Congrès du PCUS (Parti Communiste de l’Union Soviétique) en 1986, Gorbatchev a déclaré que « sans Glasnost, il n’est pas possible de construire la démocratie » ; ainsi les premiers journaux libres sont apparus, certains des grands journaux ont changé de rédacteurs en chef tels que : « Novii Mir » (Nouveau monde), « Argumenti i fakti » (Arguments et faits) ou encore « Moskovskie novosti » (les Nouvelles de Moscou). En même temps, les livres interdits par la censure soviétique ont commencé à apparaître dans les magasins. Beaucoup de films censurés auparavant ont pu enfin passer sur l’écran. Déjà en 1987, a été créée la NIKA (une chaîne indépendante d’information), ainsi que ATV (association de la télévision d’auteur). De nouveaux journaux d’informations apparaissent : « 12ème étage » ou encore « Vzgliad » (Point de vue).

Le changement politique est aussi considérable. Sous Gorbatchev, on honore 140 (ex-)dissidents et on réhabilite les victimes des répressions staliniennes. De leur exil à Gorki, ont été libérés les époux Sakharov, qui ont violemment condamné la guerre en Afghanistan sans être inquiétés. Plusieurs organisations politiques d’opposition apparaissent, comme l’Union démocratique, et en 1988 les premières manifestations anti-communistes ont lieu.

Gorbatchev, comprenant la difficulté et la complexité de la situation politique de l’époque, essaye à tout prix changer l’élite politique, car il considère que l’ancienne qui est en place n’est pas capable d’assurer la Pérestroïka. Il commence donc la « politique des cadres », qui devait amener du sang frais au pouvoir. On autorise les « sans – partis » (ceux qui n’étaient pas membres du Parti Communiste) à occuper des postes importants dans les corps d’État. En outre, on introduit des élections au sein du parti pour rendre les élus responsables devant ses électeurs alors qu’avant, le parti présentait un candidat pour un poste et les membres ne pouvaient seulement que l’approuver.

La fin du Communisme

Malgré tous ces avancés, l’URSS n’a pas pu surmonter la crise économique et sociale qui a frappé le pays au début des années 80. Le problème venait du fait que le système soviétique était irréformable en soit. La Pérestroïka était donc condamnée dès le début. Gorbatchev n’avait pas la capacité politique pour pousser ses réformes jusqu’au bout. Mais sa stratégie a déclenché la chute de l’URSS, ce qui était complètement imprévu.

La Pérestroïka n’a pas pu changer la structure de l’économie soviétique, qui était un frein aux réformes. Tous les moyens de production étaient sous le contrôle de l’État, un fait qui décourageait l’initiative et l’innovation qu’on a dans le secteur privé. De plus, les directeurs d’usines et les fonctionnaires corrompus voulaient à tout prix conserver le système économique qui leurs donnait des avantages considérables, surtout dans un pays où le déficit des produits de consommation était une réalité au quotidien. Ainsi, selon Jacques Rupnik (L’Autre Europe), « l’économie dirigiste est une pyramide de mensonges dans laquelle chaque usine, chaque administration ment sur ses performances aux instances situées en dessous et au-dessus d’elle dans la hiérarchie ».

Le système politique était aussi, tout comme l’économie, fondé sur le mensonge. Les responsables politiques (des villes, des régions, etc) mentaient sur les statistiques, sur la politique intérieure et extérieure, en utilisant la propagande, dont le journal « Pravda » (Vérité) était devenu le symbole. Les services secrets soviétiques faisaient tout pour empêcher les gens d’avoir des informations non désirables : toute presse étrangère ou indépendante était interdite. En commençant ses réformes, Gorbatchev voulait donc reformer l’irréformable. Pérestroïka et Glasnost ont rendu le système fragile, car le mensonge n’était plus là pour aveugler le peuple. C’est ainsi qu’en 1991, un système politique qui paraissait indestructible, imbattable, est disparu à jamais de la carte politique du monde.

Quel impact sur l’Europe ?

Les systèmes politiques des pays satellites du camp socialiste ressemblaient en grande partie à celui de l’URSS. L’État était dirigé par un seul et unique parti, d’où la notion d’État-parti. Par conséquent, le leader du parti était aussi le leader de l’État. Les libertés fondamentales n’étaient jamais respectées et toute réforme de démocratisation était condamnée par avance. D’ailleurs, l’intervention des troupes du Pacte de Varsovie à Budapest en 1956 et à Prague en 1968 ont « vacciné » tous les dirigeants des satellites contre toute réforme démocratique.

La Pérestroïka fut le facteur déterminant dans la chute du rideau de fer. Les forces libérées, telles la liberté de la parole (Glasnost), par Gorbatchev à l’intérieur de son pays ont dévoré les partis communistes de l’Europe de l’Est. Poursuivant la politique de rapprochement avec l’Ouest et la démocratisation du Communisme en Europe, Gorbatchev a in fine condamné la survie des « démocraties populaires » en Europe.

Tel fut le cas de la chute du Mur de Berlin et de la réunification allemande. La chute du mur de Berlin s’est produite en très grande partie grâce au feu vert de Moscou. Sans une telle approbation, on aurait eu très probablement une répétition du « coup de Prague » de 1968, quant les forces du Pacte de Varsovie sont entrées dans la capitale tchécoslovaque pour mettre fin aux réformes démocratiques de Dubcek qui avait fait suite au printemps de Prague. Après la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, la réunification de l’Allemagne n’était plus qu’une question de temps.

La RDA (République Démocratique Allemande, l’Allemagne de l’Est) était une création artificielle, elle divisait un peuple en deux. Le soutien de l’URSS était sa seule source de survie. Or, l’URSS négocie la réunification de l’Allemagne et cela aboutit le 16 juillet 1990 à un accord entre Gorbatchev et Helmut Kohl. Le 2 octobre 1990, la RDA cesse d’exister.

La non–intervention des forces du Pacte de Varsovie lors de la chute du Mur de Berlin a été le signal de déclanchement des révolutions qui se sont produites par la suite. Partout ailleurs en 1989, en Europe de l’Est, les mouvements démocratiques libérés de la tutelle de Moscou l’emportent sur le Communisme. C’est le cas de la Roumanie avec la chute de Ceausescu, de la Tchécoslovaquie avec la démission du gouvernement communiste ou en Pologne avec le début des négociations entre le général Jaruzelski et les représentants de la Solidarnosc.

La politique du rapprochement de l’Ouest promue par Gorbatchev s’est traduite par la chute du Pacte de Varsovie. N’ayant plus les moyens financiers, ni la volonté politique de sauvegarder cette alliance militaire, les Soviétiques proposaient déjà en 1988 d’abroger le Pacte contre la dissolution de l’OTAN. Au mois de décembre 1988, Gorbatchev et Bush déclaraient lors d’une rencontre à Malte que la guerre froide était terminée. En 1991, plusieurs pays du bloc socialiste annoncent leur sortie du Pacte de Varsovie, et le 1er avril 1991 celui–ci est dissout. Au mois de décembre l’URSS allait disparaître, le camp socialiste aussi. Et la Pérestroïka fut terminée…

Le rêve européen

Tout de suite après la chute du communisme en Europe, les anciens satellites de l’URSS ont clairement fait le choix de réintégrer la famille européenne unifiée et l’OTAN. Chronologiquement, dans la première moitié des années 90, presque tous les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) ont déposé leur demandes d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN. Pour ces pays, l’appartenance à ces structures porte d’abord un symbole politique, car elles veulent garantir leur liberté et leur souveraineté.

L’intégration européenne signifie aussi le retour de ces pays dans le concert européen en tant que partenaires égaux et non plus en tant que « petits frères », comme c’était le cas avec l’URSS. Longtemps opprimés par un régime ressenti (à raison d’ailleurs) comme imposé de l’extérieur, ces pays peuvent enfin défendre leurs intérêts dans un cadre démocratique que leur offre l’Union européenne.

Sans la Pérestroïka, le monde d’aujourd’hui ne serait pas le même. C’est surtout grâce à ce processus que la démocratisation a pu s’installer dans les PECO et que l’Europe ne fut plus divisée en deux.

CC by-nd

Illustration :

  • couverture du livre de M. Gorbatchev « Pérestroïka », sorti chez Flammarion en 1992.
  • photographie de M. Gorbatchev issue de Wikipedia.
  • photographie du Mur de Berlin issue de Wikipedia.

Notes

Leonid Brejnev a été le Secrétaire Général du Parti Communiste Soviétique de 1964-1982

13 février 1984 — 10 mars 1985

traduisible par transparence, ouverture sur la liberté d’expression

Dumitru Drumea

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