Perm (Пермь), ville Russe située dans la région de l’Oural, à 1400 km de Moscou, appelée Molotov (Молотов) de 1940 à 1957 a été fondée par Pierre le Grand sur les bords de la Kama. Ville dynamique et pôle économique, Perm présente un certain intérêt du point de vue touristique et a prétend au titre de capitale européenne de la culture.
Pour beaucoup de Français et pour beaucoup d’européens de l’ouest, la Russie reste un pays méconnu, voire inquiétant et dont beaucoup doutent de la capacité à devenir « moderne, européen et stable », sur le modèle imaginé par les démocraties occidentales. La crise économique dans les pays occidentaux à secoué ceux qui avaient ces préjugés, et les perspectives économiques paraissent aujourd’hui plus attrayantes en Russie que dans nombre de pays d’Europe de l’ouest.
On commence à s’en rendre compte et de plus, l’objectif primordial pour la Russie de s’ouvrir sur le monde devient de plus en plus lisible et crédible.. Pour autant, hormis Moscou et Saint-Pétersbourg qui sont devenues des villes touristiques, il reste de nombreuses villes encore peu connues en Russie, c’est le cas de Perm. Cette ville compte un peu plus d’un million d’habitants avec l’agglomération, elle se trouve à environ 1.200 kilomètres à l’est de Moscou, juste avant la chaine de l’Oural. Beaucoup de français savent que Michel Strogoff, membre du régiment des courriers du Tsar et personnage créé par Jules Verne, est passé à Perm avant de franchir l’Oural et de poursuivre sa route vers Irkoutsk. Pour beaucoup de Français l’Oural reste assimilé à la frontière symbolique de l’Europe, puisque cette chaîne de montagnes correspond à sa frontière géographique. On se souvient des appels du général de Gaulle qui souhaitait une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Pourtant, en y regardant de plus près, on constate que les villes russes qui sont derrière l’Oural ne sont pas moins russes ou moins européennes que celles de la partie ouest du pays.
Mais revenons à Perm, ville fondée par Pierre le Grand en 1723, bien que le village de Perm soit mentionné dès le milieu du 17ème siècle. La ville est située au pied des monts Oural et elle est traversée par une rivière assez importante, la Kama. Plus loin vers le sud, la Kama rejoint la Volga qui poursuit sa route vers la mer Caspienne. Dans l’histoire russe, l’Oural n’est pas seulement la frontière géographique entre l’Europe et l’Asie. C’est également le point de départ de l’expédition du cosaque Ermak, mandaté par les Stroganoff pour lever une armée afin de vaincre les Tatars, de l’autre côté de l’Oural.
Cet évènement historique important, daté de 1575, permettra de développer plus tard la conquête de l’est, puis de la Sibérie jusqu’au Pacifique. Si Perm est relativement méconnue à l’étranger, ce n’est pas le cas en Russie. Jusqu’à très récemment, elle faisait partie de ces « villes fermées » secrètes, prestigieuses, interdites aux étrangers et même aux russes, qui devaient demander une autorisation pour y pénétrer. A l’époque de l’URSS, il y avait dans ces villes fermées soit des bases militaires, soit des usines du complexe militaro-industriel ou des écoles secrètes. A Perm, cette époque a laissé des traces, et la ville dispose d’un équipement industriel et culturel important, supérieur à celui de ses voisines de l’Oural que sont Ekaterinbourg ou Chelyabinsk.

Au bord de la Kama, les quais sont encore en cours de modernisation. En ville, on retrouve le même mélange architectural que dans d’autres villes russes. Des bâtiments de style stalinien restaurés ou en attente de restauration, des maisons bien plus anciennes, et des immeubles ultra modernes. Sur l’autre rive, face au centre ville, les nouvelles villas au bord de l’eau témoignent bien du formidable boom économique que la ville à connu ces dernières années.

A Perm, le visiteur aura la surprise de pouvoir trouver d’autres monuments inattendus, qu’il s’agisse par exemple d’une porte en bois à l’entrée de la ville ou d’une grosse pomme verte croquée devant la grande bibliothèque, en plein centre ville.
Ces étonnants éléments d’art moderne ne sont pas là par hasard, la ville a un projet ambitieux: postuler et devenir prochainement capitale européenne de la culture.

Le spectacle est surprenant et contraste fortement avec l’image que l’on pourrait avoir d’une ville universitaire et industrielle de l’Oural. Je reviendrai à Perm, il y a mille choses à découvrir dans cette ville et dans les premiers contreforts de l’Oural, et ne serait-ce que pour repousser un peu plus les frontières de la vraie Europe. Les Permiens, comme me l’a rappelé Alexandre Protasevitch, se sentent Européens et à Perm on dit même que l’Europe va non pas de l’Atlantique à l’Oural mais de l’Oural à l’Atlantique! Alors, pourquoi ne pas faire de Perm, la « plus à l’est », pour le moment, des capitales européennes de la culture?
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.
Publié également sur RiaNovosti