Dans son « Dictionnaire de l’amour et du plaisir au Japon », publié récemment, aux Editions Drugstore (texte passionnant et magnifique), Agnès Giard rapporte les propos d’Emile Hovelaque consacrés au Japon. On n’en croit pas ses yeux !
En 1928, cet inspecteur général de l’Instruction publique comme on disait alors, ayant voyagé en extrême orient, en est revenu proprement fasciné par la culture japonaise. Agnès Giard écrit ceci : « L’amour des belles choses y pénètre la vie tout entière », dit-il. Et cet amour se manifeste par « le plus intense sentiment de la nature que le monde ait connu ».
Il en donne l’exemple suivant : « Une fois, je suis arrivé à Yokohama le soir d’un de ces typhons terrifiants qui ravagent le Japon. Un ciel tragique s’étendait au-dessus de la ville, et le cône parfait du Fuji brûlait dans le lointain comme une immobile flamme. La ville entière était dans les rues à contempler les changeantes merveilles de l’étrange drame aérien. Cette sensibilité si aiguë à tous les beaux aspects de la nature se scandalise de notre indifférence ; et pour les Japonais nous sommes des barbares. Un soir à Paris, que la Lune illuminait le fleuve et la ville, un Japonais s’étonna de voir les rues vides, et demanda : « Comment se peut-il que, par les soirs de lune, je sois seul à me promener sur ces quais ? Que de beauté vous laissez perdre ! » »
Photo de Lucille Reyboz (2001)
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