C’est par une belle journée ensoleillée que cette virée commence. La destination prévue est le Périgord. L’itinéraire n’est pas encore déterminé, et sera établi au fur et à mesure en fonction de l’entrain, de la météo, des lieux à visiter. Il y a plusieurs sites incontournables dans cette région répertoriés sur la carte ainsi que les routes les moins affluentes pour y parvenir.
Le chargement a été étudié maintes fois pour être à la fois le plus léger possible et le moins encombrant mais lorsqu’on fait du vélo et du camping, il est évident que l’on ne se contente pas d’apporter sa tente sur son vélo et le dilemme est toujours d’apporter que ce qu’on utilisera… ça y est, j’ai enjambé mon vélo et c’est parti, je suis maintenant sur la piste cyclable de Castets à taller, pour une petite mise en jambe relaxante, puis direction Garrosse, Morcenx…
Randonnée à vélo le long de la Dordogne
Sur la D77 la route enjambe la voie ferrée où une cigogne a élu domicile en installant son nid sur les poteaux qui soutiennent les fils d’alimentation électrique et maintenant, c’est tranquille pendant plus de deux heures jusqu’à Luxey, c’est tout droit pendant 45Kms, deux heures à se laisser bercer par le vent, à écouter les oiseaux et les cigales, à écouter la nature qui a certes eu quelques bouleversements après les tempêtes successives Klaus et Cynthia …la forêt est replantée mais les arbres n’auront atteints l’âge mûr que dans une vingtaine d’année. Entre la culture du maïs, des carottes, quelques champs de tournesol, mais ici c’est bien la maïsiculture qui domine. Les routes sont rectilignes et monotones.
Pour éviter le jet des lances d’arrosage qui aspergent la route, j’anticipe la trajectoire et adapte la vitesse, quitte à slalomer, et plus loin vers Sabres, au niveau du dolmen, je passe devant un cyclo qui pique-nique, assis sur un tronc d’arbre dans le pare feu, un petit signe de la main et prolonge mon chemin. A Sabres, je fais une halte devant l’écomusée avec bien en évidence les locomotives à vapeur récupérées par ci par là …en parcourant la route qui relie Sabres à Luxey on remarque un vieux four landais rustique mais bien restauré et quelques mètres plus loin sur la droite, dans un jardin il y a une décoration insolite faite de statues colorées qui ressemble à une crèche de Noël. Au niveau de la lagune de la Gardole, un chevreuil broute dans le fossé des broussailles et s’éclipse dans la forêt. Toujours pas de clocher, ni de château d’eau…mais il y a bien la tour de guet des sapeurs-pompiers donc Luxey n’est pas bien loin. Il y a de l’agitation dans la bourgade : les uns s’activent à monter un chapiteau, les autres une estrade et un autre fait des effets scéniques. Y a-t-il un spectacle ce soir ?
De champs de blé en vergers le long de la Dordogne
Au coin de la place, une façade avec une charpente sculptée témoigne de l’ancienneté de la ferme. J’arrive au château de Cazeneuve près du moulin de Cossarieu situé sur le côté droit de la D9. Le paysage change : la monoculture du maïs est remplacée par des champs de blé, de vergers de prunes et pommes…et surtout des vignes sur les flancs des coteaux. A partir de Pompejac et Marimbault, la route est vallonnée…la fatigue commence à se ressentir. Changement de cap pour m’éviter la départementale d’Auros à La Réole, je passe donc par des chemins vicinaux par Milton, Aillas. Je longe pendant quelques kilomètres le canal latéral de la Garonne jusqu’au camping de La Réole : ce n’est pas le grand luxe mais on peut s’y installer tardivement. L’éclusière quitte le travail, le dernier bateau de plaisance vient de passer.
Aux matines, en guise de petit déjeuner, j’entame le lait en poudre et les céréales ainsi que le pain azyme …maintenant plein d’entrain et à vive allure j’atteins le château de Duras en un temps record en passant par Roquebrune, Monségur via la D668. Le château de Duras est situé sur un promontoire rocheux avec vue panoramique sur la vallée. Je prends le temps d’admirer le paysage et les vignes de vin de Duras, de Monbazillac. J’arrive comme prévu à Bergerac vers midi. Après trois heures de pause, j’emboîte le pas et visite les vieilles maisons du bord du quai qui longe la Dordogne.
Le long de la Couze
Pour rejoindre St Couze-et-St Front où nous avons rendez-vous, le mieux est de prendre la D37 et en profiter pour voir le château de Lanquais, accolé à un palais renaissance, il a fière allure… l’angélus teinte au loin quand j’arrive au camping. Le sol va être dur : peu de gazon, et le sol est fait de molasse avec des cailloux. Le village est tout en longueur et la Couze est une rivière qui se jette dans la Dordogne. Les autres co-équipiers arrivent peu à peu et l’équipe est au complet : on échange sur les derniers voyages effectués, les nouvelles des uns, les conversations sur les dernières nouveautés, innovations…bref, tout ce qui a une relation avec notre passion. On est tous membre du Cyclo camping International et de la fédération, et un a même fait partie de la confrérie des 100 cols, dont le but est de stimuler les cyclo sportifs à gravir 100 cols par an… une « idée « comme une autre….
C’est en suivant cette rivière que l’on arrive le lendemain matin à Bourniquel en direction de Beaumont du Périgord puis dans le bois, nous bifurquons pour parvenir à Cadouin, jolie petite bastide dont l’ancienne abbaye et son cloître font l’objet d’une restauration. En visitant le cloître, on participe ainsi financièrement à ces travaux. L’abside le l’abbaye est du XII° siècle puisque fondée par Géraud de Sales en 1115. Ensuite est construit la partie Est et enfin les bâtiments monastiques. Le cloître fermé est de la fin du XV° siècle. Le cloître fut vendu « révolutionnairement » et servait de grange pendant près d’un siècle.
J’ai entendu parler de la grotte de Maxange (découvert par Max et Angel), découverte récemment (année 2000)…un petit saut s’impose d’autant que Buisson de Cadouin est sur la route et qu’il fait très chaud. Quelle merveille! Certaines grottes comme Clamousse ont des stalactites excentriques, mais là, c’est une profusion de petites stalactites qui se déroulent à l’horizontale, c’est féerique ! On arrive à Saint Cyprien, où l’accueil au camping est chaleureux et le prix raisonnable. Ce qui intrigue les autres, c’est la proximité de la voie ferroviaire… enfin, on verra bien. Le soir, à pied, on se promène dans le vieux bourg à flanc de colline…rues étroites en pente et petites places typiquement méridionales. Ce n’est pas le train qui me réveille, mais bien le froid car cette nuit il a fait 7°C.
Châteaux et baronnies du Périgord
La nuit est aussi paisible que la précédente et après quelques kilomètres on s’arrête à Beynac et Cazenac, l’une des anciennes quatre baronnies du Périgord. Le donjon, du XIII ième siècle est protégé par deux murs d’enceinte. Au XV° siècle, il est agrémenté en manoir et agrémenté au XVI° d’une échauguette. Il y a une vue panoramique splendide sur la vallée de la Dordogne, 150 mètres plus bas, la falaise de Domme, les châteaux de Marqueyssac, Milandes, Castelnaud et Fayrac …sont proches.
C’est justement vers Castelnaud qu’il est prévu d’aller maintenant…et puis le château des Milandes, l’ancienne demeure de Joséphine Baker. Le château est privé ouvert au public, et fut construit en 1489 par le Seigneur de Castelnaud. A cette époque, il était entouré de bois. Il est laissé longtemps à l’abandon…Joséphine Baker a loué le château une dizaine d’année avant de s’y installer et d’y entreprendre de sérieux travaux. Le spectacle de fauconnerie, donné sur l’esplanade nord du château est captivant. Bon, il est temps de chercher un campement pour la nuit d’autant plus que beaucoup affichent « complet ». On en trouve un à Sarlat après un appel téléphonique audacieux alors que celui-ci était annoncé lui aussi comme étant « complet » Trois ou quatre nuits ?
Sarlat, la belle ville médiévale du Périgord
Le lendemain matin, on flâne dans les rues de Sarlat en admiration devant les jolies bâtisses avec leurs façades du XIII° et XIV °siècle et d’autres de la période Renaissance. Ici, les toitures traditionnelles sont en lauses, des pierres calcaires plates : c’est curieusement empilé les unes sur les autres, sans charpente pour soutenir le tout et cela résiste aux intempéries, au vent…c’est surprenant ! On découvre une « lanterne des morts » en pierres sèches, une sorte de mausolée. La cathédrale, elle, a la particularité d’avoir une tribune qui supporte un orgue édifié par « Clicquot », facteurs d’orgues de Reims de père en fils. Le chœur est entouré de stalles sculptées, mais rien de comparable avec d’autres cathédrales comme Auch (32) ou St Bertrand de Comminges (09). En sortant de la cathédrale, je regarde attentivement les cartes de restaurant mais rien ne me tente : ils proposent tous du foie gras (encore…) ou du canard agrémenté de sauces accompagnées de pommes de terres cuisinées dans de la graisse d’oie…bref, rien de très digeste!… mais je suis sûr que je vais trouver une salade de chèvre chaud avec du miel, et un peu de melon du Gers, non ?
Nous avons tous bien mangé et c’est la terrasse est agréable. Bien sûr, l’assiette de foie gras a été appréciée parce qu’ils n’en sont pas encore écœuré. Quoi de mieux que de remonter la cote qui mène jardins d’Eyrignac par la D47 pour promenade digestive ? La vue est remarquable, mais au niveau de la croix d’Alon, après 170 mètres de dénivelé, il fait décidément trop chaud et le rythme ralenti, et à regret, on se laisse glisser sur la descente sinueuse dans un cadre campagnard bucolique jusqu’à la Canéda, notre gîte pour ce soir. Le problème du camping c’est que depuis quelques années, cela dégénère parce que les touristes campeurs ne sont plus les mêmes: ils viennent au camping parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer des chambres d’hôte, ils ne suivent pas « l’esprit » initial du camping fait de fraternité, de partage et de respect. Quand on va à la piscine, cela serait un lieu paisible si les parents ne laissaient pas crier leur gamin au-delà de 100 décibels, si ceux-ci ne prenaient pas votre place sur la chaise longue en laissant tomber votre serviette…quant aux sanitaires mise à part la propreté, ils resquillent en se faufilant dans la file d’attente parce que certains s’y éternisent (déplorable mentalité). Bref, ce n’est plus ce que c’était et c’est pour cela que normalement je me méfie beaucoup des campings où il y a des animations, des piscines car même si ils sont censés être plus confortables, ils ne correspondent pas à mes critères de choix. L’après-midi, je fais un saut sur la piste cyclable qui relie Sarlat à Souillac.
Le lendemain, tôt, on part à la Roque Gageac, par les petites routes se saint Nathalène, Saint Vincent de Paluel, la cingle de Montfort (méandre) et Vitrac (là où les vacanciers pratiquent le canoë ou le kayak). La bourgade médiévale de La Roque Gageac est adossée à une falaise, et quelques maisons troglodytiques subsistent mais ne sont plus habitées. Les ruelles sont étroites et raides, c’est « sportif ». Notre balade se prolonge par la visite des jardins du château de Marqueyssac, la balade est agréable dans des allées bordées de buis, de chênes verts et de plantes aromatiques. Il est proposé aux enfants des activités ludiques d’arts plastique, et de découverte à la via ferrata, d’escalade…Le toit de la demeure et de son pigeonniers sont aussi en lauses de pierres sèches.
Au retour, en montant sur la bastide de Domme (encore 150m de dénivelé), on se perd…zut ! On a du se croiser de peu. Mon vélo était en évidence contre le mur d’enceinte. Je retourne dans le bourg…où depuis la place de la halle, il y a une très belle vue sur la maison des gouverneurs et sur la promenade des remparts, pour profiter du belvédère. En retournant sur la D50, lieu de passage « meilleur grimpeur» du tour du Périgord, j’arrive au lac artificiel de Grolejac où je les retrouve à se prélasser et discuter sur la plage du lac. C’est de là que l’on entreprend de partir à Souillac puis retour par la campagne et ensuite rejoindre la piste cyclable jusqu’au camping en passant par un ancien pont ferroviaire et les vestiges d’une ancienne gare. Elle se prolonge par la traversée d’un bois de chênes, d’acacias, châtaigniers et noyers, au « frais » ce qui est « confortable » par une chaleur infernale comme aujourd’hui. Ce soir, nocturne à Sarlat. Le lendemain matin, promenade sur les collines avoisinantes et le soir repos au bord de la piscine. C’est déjà Vendredi…on part tranquillement jusqu’à Calviac et Rouffillac où on se repose au bord de l’eau. Des enfants pataugent dans l’eau dans les « baignoires » creusées par la rivière. Des pêcheurs taquinent le gardon, de quoi juste faire une friture pour ce soir. Des libellules se pourchassent ou batifolent, mais en rasant l’eau, elles prennent le risque de se faire gober par un poisson ! Et c’est reparti pour un petit tour et on arrive à la tombée de la nuit.
Aujourd’hui, c’est le départ : Tout d’abord, on emprunte la D6 pour sortir de Sarlat vers l’Ouest puis on bifurque vers le Nord par un chemin vicinal pour admirer vers le château de Commarque, situé à proximité d’une source abondante, de bois avec ses habitats troglodytiques, les vestiges d’une chapelle dont il ne reste que le mur clocher, les fossés, la maison noble, et surtout, en bon état, le donjon du XII° siècle avec des colonnettes surmonté d’une tour de guet. Le coup d’œil valait le détour. Par un dédale de petites routes (je ne sais pas si c’est le plus court…) on arrive enfin à Marquay puis à l’abri du Cap Blanc, site préhistorique, situé sur la D49 et ensuite Tursac. On aperçoit un joli château et on s’arrête déjeuner le temps de savourer un gâteau aux noix et déguster d’autres spécialités régionales.
De là, on monte la colline pour redescendre sur le gouffre de Proumeyssacq. Je monte la garde sur l’aire de repos située en face et regarde des jeunes affublés d’un maillot d’équipe de foot, lunettes de soleil et casquette à l’envers : ils partagent leur repas, se chamaillent. Dès qu’ils quittent l’endroit, un écureuil, opportuniste, mange les miettes. La D31 nous mène à Campagne, Audrix, et au Bugue, haut lieu de la préhistoire. C’est la Vézère qui coule au pied des falaises dans ce défilé. Arrivé à Limeuil, il est 16h et le camping repéré se trouve sur les hauteurs à côté de Paumat. Après avoir monté la tente, on se promène au village jusqu’à la tombée de la nuit. Que c’est paisible comme endroit. L’air y est bon, mais peut être que cela ne va pas durer car les légers nuages qui voilent le ciel annoncent souvent la pluie. On déplie la tente aux aurores car il y a de la route aujourd’hui, mais au départ c’est par de petites routes tranquilles que l’on parvient à Lalinde. Ensuite, on longe le chemin de halage du canal de Lalinde, on passe devant la culture et manufacture de Tabac de Bergerac.
C’est là qu’on se quitte, les uns changeant de direction. De là, je rejoins vite St Laurent des Vignes, Gageac et Rouillac, Cuneges Monestier et Duras. Petite pause devant le château et c’est reparti jusqu’à La Réole via la D608. Le soir, je fais un tour en ville avec un membre actif du « cyclocamping international » Je profite de l’occasion pour prendre des nouvelles des uns et des autres, avec d’anciens co-équipiers. Il a beaucoup de voyages au long court à son actif, une dizaine de tour de France des diagonales et autres courses à son palmarès mais il reste humble et très agréable On commente nos « montures », les accessoires, les aventures, les mésaventures et il m’indique de bons plans et campings comme je les aime.
Cette nuit, il pleut averse et je me réveille à 4h du matin. J’ai déjà payé le camping donc je pars sur la D12 puis la D9 e le château de Cazeneuve, Luxey où l’aube commence à pointer. A Luxey, la route est jonchée de tessons de bouteilles, de détritus en tous genres suite au festival « musique à la rue ». Deux jeunes ivres se tiennent l’un sur l’autre et cherchent leur voiture. J’arrive enfin à Garrosse, c’est près de chez moi…ouf ! J’arrive en début d’après-midi, fatigué mais vraiment heureux d’avoir passé de bonnes vacances