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Voyage en Transylvanie du Sud : des villages saxons au château de Dracula

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transylvanietransylvanie2Récit d’un voyage en Roumanie, au coeur de la Transylvanie : périple vers le Sud de la Transylvanie notamment  dans la région de Brasov, entre les villages saxons, à l’instar de Prejmer et les châteaux comme le château de Bran, le fameux château de Dracula…

Après 5 premiers jours passés en Transylvanie, le périple continue vers le Sud. Jour 6. La Diófa Panzió, où nous avons dormi deux nuits, est tenue par une femme toute en rondeurs, et très volubile. Nous nous sommes assez vite trouvé un point commun, l’Ardèche, que nous avons visitée il y a environ un an et où son mari s’est cassé la jambe, ce qui l’a coincée là pendant plusieurs semaines. Mais elle n’avait pas l’air de s’en plaindre, enchantée qu’elle était d’avoir découvert cette belle région. La glace était brisée …

Réka et Alpár habitent à deux pas de là et c’est tout naturellement que nous sommes allés prendre le petit déjeuner. Ils sont jeunes, désordonnés et optimistes, comme le montre leur achat d’un ancien manoir qu’ils s’efforcent de retaper :

vous remarquerez le regard pensif de l’ancien maçon …

Nous avons mangé le soir, dans le terrain attenant, de saucisses roumaines un poil carbonisées, assis autour d’un grand feu de débris de planches. Sur la bâtisse, ils ont mis à jour des peintures baroques du 18ème, même que Réka (qui est historienne de l’art, rappelons-le) s’est sauvée avant de s’évanouir ce jour-là ! Et puis ce petit ruisseau qui borde le terrain, quel cachet ! Surtout qu’un petit pont l’enjambe à l’entrée du « domaine » !!!

Réka, qui a le permis mais pas de voiture, « profitait » donc de la nôtre pour faire quelques visites dans son secteur de travail, et nous « profitions » de ses connaissances de la région.
Nous avons commencé par LE musée de la culture sicule à Cernat / Csernáton, avec un accueil très sympa du directeur : il m’a regardé trois secondes et puis il a dit quelque chose comme : « Voilà un homme honnête ! » Évidemment, après ça, on ne peut qu’être bien disposé …
Le musée, réparti entre plusieurs maisons, est organisé de manière très systématique : il y a des rangées d’assiettes, des regroupements de poêles, des files de machines agricoles, des empilements de postes de radio des tonnes de gravures encadrées et de tableaux, des tas d’outils,des monceaux de vêtements traditionnels … tout ceci très intéressant et fort instructif !
Le midi, nous avons pique-niqué dans le parc du musée, et le directeur est venu nous offrir un coup de pálinka. C’est alors que j’ai compris qu’ils étaient deux directeurs en fait, deux jumeaux vraiment identiques, car pendant que le premier blaguait avec nous (enfin … surtout avec les filles, en fait …), le second n’est pas passé loin, accompagnant un groupe de visiteurs. Au dessert un chien sympa est venu nous mendier quelques miettes de rétes …
Il était temps de nous rendre au château de Turia / Torja : Réka avait pris rendez-vous avec le comte …Celui-ci, un monsieur de 80 ans qui avait été déporté dans le delta du Danube après la 2ème guerre, nous reçut très gentiment. Visiblement il aimait la France et les Français, et il semblait très content de pouvoir échanger quelques mots dans « la langue de Molière » ! Des peintures incroyables sur les murs intérieurs du château :
Un véritable trésor de la Renaissance tardive, datant du 17ème siècle !

Quand les communistes ont pris le pouvoir en 1948, le domaine a été nationalisé et les bâtiments d’une coopérative implantés non loin du château. La salle ci-dessus, dont les murs avaient été soigneusement repeints pour dissimuler tout vestige de beauté « élitiste », servait de dortoir aux vrais travailleurs socialistes … Il reste encore quelques traces de cette époque-là …


Puis le comte a dû nous quitter, et il s’est éloigné au volant de sa vieille Dacia pourrie …

On n’avait pas encore visité d’église ce jour-là ! Ce fut chose faite avec celle de Ghelnita / Gelence, où nous sommes arrivés à l’heure du rosaire …


Plafond peint, murs peints (surtout celui du nord, à gauche), autel baroque complètement délirant : elle avait tout pour plaire, cette petite église. Et puis c’était quand même assez émouvant d’entendre ces femmes (pas toutes vieilles et laides d’ailleurs…) prier à l’unisson, de manière monocorde et un peu envoûtante …

Nous avons continué cette journée en allant jusqu’à Papouti / Papolc, ce qui est vraiment le bout du bout de la Siculie : il y avait là une maison à vendre ! On l’a trouvée tout au bout et en haut du village, après avoir traversé en voiture un petit ruisseau. La Ford Escort étant une voiture très basse (pas la Dacia …) on n’en menait pas large du tout ! La maison, prolongée d’un grand terrain en pente qui rejoignait presque la forêt (il paraît que les rencontres d’ours dans le coin ne sont pas rares), était petite et charmante dans la lumière du soir :

Ah ! couler là une paisible retraite ! cultiver son jardin, biologique évidemment ! partir pour de longues randonnées en espérant ne pas croiser de plantigrades ! blaguer en sicule avec le voisin, et en roumain avec le facteur ! contempler Ma Douce qui, assise près du poële, me tricote amoureusement une longue écharpe tricolore ! tout ça …oui, sauf que le temps n’est pas encore venu de nous mettre une maison, aussi charmante soit-elle, sur les bras, surtout s’il faut 2 jours de voyage depuis Budapest pour y arriver ! C’est que le monde est vaste et attirant, et nous appelle toujours un peu plus loin, n’est-il pas vrai, chers lecteurs ?

Jour 7 : vers le Sud

Après une deuxième nuit à la Diófa Panzió … on s’est levés encore plus tard ! Est-ce que la fatigue commençait déjà à se faire sentir ? Heureusement il ne nous a pas fallu aller très loin pour découvrir ce qui restera pour moi comme un des clous de ce voyage : l’église fortifiée de Prejmer / Prázsmár / Tartlau (oui, en prime, vous avez droit aussi au nom allemand, cette fois) … une véritable forteresse, celle-là !


C’est un endroit assez incroyable, posé au bord d’une route banale, et l’on a du mal à s’imaginer pourquoi les gens du lieu ont éprouvé le besoin, à une époque, de bâtir quelque chose d’aussi grand et d’aussi hermétique.

l’entrée principale (et unique) vous donne une idée de l’épaisseur de la muraille !
Une fois arrivés dans la cour la plus intérieure, celle où se trouve l’église, on s’est aperçu que l’envers de la muraille était tapissé de dizaines de portes auxquelles on pouvait accéder par des coursives et des escaliers :
Nous avons pu vérifier que chaque porte donnait sur un local clos, plus ou moins grand, dont la plupart servait en fait de « garde-manger » en cas d’attaque et de siège. Ce n’était pas le cas pour tous cependant et certains ont pu avoir, à un moment ou à un autre, un usage différent :


Je ne sais pas si la salle de classe aux murs peints était prévue dans le schéma initial, mais je n’ose imaginer le sort de ces élèves de Prejmer / Prázsmár, obligés de passer des heures dans ce local sombre et glacial, cependant que le Turc frappait à la porte !
On a passé un grand moment dans ce labyrinthe d’escaliers, de couloirs, de passages montants et descendants, qui n’était pas sans rappeler parfois certaines gravures de Max Escher. Puis nous n’avons pas omis, bien sûr, de visiter l’église qui était très belle, et un peu étrange :

une partie de la voûte est faite en « nids d’abeille » de terre cuite, comme de la brique …
Avant de partir, il faut noter que le tout était dans un très bon état de conservation. D’ailleurs, c’est sur le chemin de la sortie que nous nous sommes fait interpeller par une femme assez revêche qui nous a demandé si nous avions payé le billet d’entrée … ce qui n’était indiqué nulle part, si ce n’est en haut d’un escalier qui semblait conduire à un petit musée. Alors nous avons payé, et de bon coeur, et nous en avons profité pour visiter le musée, qui s’est révélé assez pauvre en fin de compte.
Après avoir retraversé l’imposante muraille, nous nous sommes aperçus que le temps était devenu lourd et menaçant … et qu’il y avait des cigognes un peu partout sur les cheminées de  Prejmer / Prázsmár / Tartlau :

cette cigogne-là, plus « branchée », a choisi un carrefour de communication …

Après cette très impressionnante découverte, le plan de route de ce jour-là prévoyait celle du château de Dracula, direction plein sud. Ouiche, mais pour ça il fallait traverser Brasov / Brassó / Kronstadt (ça continue !) … Et ce n’est pas une mince affaire, croyez-moi ! Il est vrai qu’on a dû le faire vers 13h30, ce qui n’est peut-être pas l’heure la plus tranquille, mais quand même …  Imaginez des feux de circulation dont on ne sait, dont on ne peut savoir s’ils sont rouges, orange ou verts, ou quoi que ce soit d’autre, des files de circulation qui n’ont de files que le nom, des dizaines, des centaines de véhicules de tous genres et de tous acabits qui ne suivent qu’une seule loi « Pousse-toi de là que je m’y mette ! » et vous aurez une idée du stress éprouvé par un étranger relativement respectueux des règles dans la traversée de Brasov / Brassó / Kronstadt … Il n’empêche, on s’en est sortis sans une seule égratignure à la Ford Escort obligeamment prêtée …
Le château de Dracula donc (rappelez-vous que j’étais quand même venu pour ça !) … ouais … il SERAIT situé à Bran / Törcsvár, là encore aux confins (sud cette fois) du royaume de Hongrie … Et effectivement quand vous mettez pied à terre devant le château, vous êtes accueilli par une multitude de vendeurs qui « font » du Dracula : masques grotesques en plastique mou, panoplies et déguisements à deux balles, et même des bouteilles de vin portant la mention « cuvée Dracula » ! Mais il faut bien que le monde vive, n’est-ce pas ? C’est sûrement pour cette raison qu’outre le prix d’entrée il fallait payer un supplément pour faire des photos …
Un joli petit château par ailleurs, tout en escaliers, cours intérieures et recoins :
Des détours et des tours, en veux-tu, en voilà, des enfilades verticales de pièces « cosy » dont les murs étaient parsemés de photos « début de siècle » où revenait sans cesse la physionomie de la reine Marie de Roumanie dont c’était une des demeures favorites … comme Sissi avec le château de Gödöllő ? Rien de bien inquiétant donc, pas de portes grinçantes, ou de traces de sang vieilles de plusieurs siècles, rien que quelques andouilles qui s’efforçaient, avec un succès plus que mesuré, de faire frémir et couiner leurs petites amies en poussant de pitoyables hurlements.
Personnellement, après le choc de Prejmer / Prázsmár / Tartlau, j’ai trouvé ce « château de Dracula » un brin factice et décevant …
Mais il était temps de regagner … Brasov / Brassó / Kronstadt que, de toutes façons, nous devions retraverser pour ensuite aller dormir une 3ème nuit à la Diófa Panzió, bien pratique pour rayonner tout alentour. Etait-ce déjà l’habitude ? ou l’heure (moins frénétique) à laquelle nous sommes arrivés ? Il m’a semblé que ce deuxième parcours dans la ville était bien moins éprouvant que le premier. Après nous être garés un peu à l’écart (quand même !) nous avons commencé par longer les remparts en nous promenant le long d’une colline boisée. Brasov / Brassó / Kronstadt, c’est TRES fortifié, un peu comme Carcassonne … en plus petit. On a fini par trouver une porte qui nous a permis d’entrer dans la ville : rues piétonnes, terrasses, pas de doute, la ville se veut aussi TRES touristique. Nous avons donc sagement joué les touristes, admirant « l’église noire » (ainsi nommée parce qu’elle a brûlé), de belles façades du 19ème, une superbe porte dans les remparts. Et puis nous avons continué un peu en dehors de la ville car nous voulions voir l’église orthodoxe et là, nous n’avons pas été déçus :
les églises orthodoxes sont facilement reconnaissables grâce à leurs multiples clochetons et à leurs « drôles de croix »
Là encore, quelle richesse dans les peintures murales ! quelle explosion de couleurs ! quelle débauche (si je puis me permettre) de scènes et de personnages, plus sacrés les uns que les autres ! N’étant pas, loin de là (je n’étais même pas tout à fait certain que les orthodoxes étaient AUSSI des chrétiens … !) un spécialiste des religions, je me garderai bien d’entrer dans des détails et de subtiles distinctions. Ce que j’ai compris c’est que, comme leur nom l’indique, les « orthodoxes » sont restés fidèles aux rites et aux pratiques ancestrales qui sont strictement codifiés et scrupuleusement respectés. Cela se traduit aussi dans leurs peintures où chaque geste, chaque posture délivre un message symbolique clair et univoque :
Après ce petit tour en « orthodoxie », il ne nous restait plus qu’à nous restaurer un peu avant de reprendre la route. On a fini par trouver un endroit sympa dont la terrasse était complètement déserte … On aurait dû se méfier …
Jour 8 : creux de la vague
On aurait dû se méfier … Une terrasse déserte, comme ça, en pleine ville, c’était bien pratique pour dîner en amoureux mais quand même … Pourtant Ma Douce, qui n’était pas affamée, avait commandé une soupe simple, et tout ce qu’il y avait d’innocente … Pour ma part je m’étais octroyé un solide ragoût à la Brasov / Brassó / Kronstadt arrosé d’une Ursus, la bière locale … Le croiriez-vous ? C’est elle qui fut malade !
Après une nuit faite d’allers et de retours, elle parvint tout de même à se lever en souriant faiblement … Dans un voyage un peu long, il est probable qu’il y ait inévitablement un jour comme celui-là, où le programme se fait modeste et doux en attendant de flamboyer à nouveau : eh bien, nous y étions, ce fut le huitième jour …
On s’est traînés (enfin, elle surtout !) jusqu’à un salon de thé pour y prendre un solide petit déjeuner (enfin, moi surtout) et là, sur la place, je n’ai pas pu résister à l’appel du szocreál :Quel peut bien être le sens de ce truc ? L’intrépide travailleur du futur s’opposant courageusement à l’affreux dinosaure du capitalisme préhistorique ? En tout cas, c’était vraiment très laid …Le temps lui-même était au diapason, et ce fut sous un ciel maussade que nous arrivâmes à Dalnic / Dálnok, village natal de Dózsa György, un de mes héros favoris. Mais peut-être ne le connaissez-vous pas ? En deux mots, ce fut lui qui prit la tête d’une grande révolte paysanne au début du16ème siècle. Pour prix de son échec, et pour narguer ses prétentions, il fut assis sur un trône en fer chauffé à blanc, avec une couronne chauffée à blanc sur la tête et un sceptre chauffé à blanc dans la main, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Je me plais à imaginer qu’il ne desserra pas les dents …
C’est drôle : les gens de Dalnic / Dálnok avaient tous l’air contents de nous voir, comme si ça leur faisait plaisir que « leur » héros ne soit pas complètement oublié. Pourtant il existe une station de métro (bien rétro, il est vrai) et deux places, quatre routes, et trois rues qui portent son nom à Budapest (sans parler de toutes celles qu’on trouve dans les villes et villages de Hongrie), et aussi une énorme statue de lui au pied du château mais peut-être en parla-t-on un peu trop dans les temps socialistes ? C’est sûr que comme exemple pour la jeunesse pionnière il devait se poser un peu là !
Nous avons même pénétré dans la petite église du village, en nous faufilant par l’entrée de derrière, celle qui donne sur la tribune où se tient l’orgue : Emouvant de penser que le petit György a peut-être fait sa première communion dans cet endroit …A la sortie de Dalnic / Dálnok, nous avons à nouveau pris une passagère que nous avons déposée dans une petite ville. La route, qui s’enfonçait dans les montagnes, devenait de plus en plus pittoresque (« dramatique » me dit Ma Douce, qui n’est pas à un anglicisme près …) et c’est dans un superbe décor alpestre que nous arrêtâmes quelques minutes à Băile Bálványos / Bálványosfürdő pour y remplir quelques bouteilles d’une eau presque aussi ferrugineuse qu’à Homoródfürdő…
Bien que la météo ne fît qu’empirer (et c’est à ce moment-là, je crois, que nous réalisâmes que nous ne pourrions guère rouler sous une pluie un peu forte avec des essuie-glaces aussi pourris !) un pique-nique était au programme. Que voulez-vous, quand on est en disponibilité on ne peut pas se permettre de manger au restaurant midi et soir ! Hé bien, malgré la météo, malgré l’état de Ma Douce, nous le fîmes, ce pique-nique au bord du lac Szent Anna, parce qu’on est comme ça, en Hongrie, ce qu’on dit on le fait ! franchement, je n’aurais pas aimé être à la place du gars qui s’occupait de la location des pédalos !

Rapidement tout de même, et en sautillant sur place pour nous réchauffer un peu … Ce que je n’ai pas du tout apprécié dans cet épisode, c’est qu’avant de commencer la descente vers le lac (qui s’est formé au fond d’un cratère volcanique, comme la photo le laisse un peu deviner) il faut acquitter un péage, et pas des plus petits, pour emprunter une route complètement pourrie, avec des trous à faire pâlir d’envie la Plus Grosse Poule Faiseuse de Nids du Monde Entier ! Une escroquerie pure et simple, si vous voulez mon humble avis …

Au retour du lac (virages ? froid ? fatigue ?) Ma Douce se sentait de plus en plus mal, alors on a abrégé ses souffrances en filant directement sur Miercurea Ciuc / Csíkszereda. Et là, comme un chaud rayon de soleil dans toute cette grisaille, l’accueil de Géza, un ami sculpteur-peintre qui accepte de nous héberger pour 2 nuits dans son atelier. On a dû se coucher vers 5 heures pour 14 heures de sommeil environ …

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Jean-Luc Desjardins

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