Depuis que je suis (re)venue vivre à Belgrade, je n’entendais que du bien de cette manifestation, qui a tout l’air d’être une tradition désormais bien ancrée, et surtout… vivante… dans son effort de réveiller les temps passés. Ce qui me paraissait toujours très attirant aussi, c’était le fait que tout cela se passe bien dans la Cité basse de la forteresse Kalémegdan… en réalité, au lieu même où de réels tournois étaient organisés en cours du 15ème siècle, vraisemblablement pour amuser un peu le Despote Stefan.
Kalémegdan est, comme j’ai du le dire, l’oasis de verdure des belgradois… et pas seulement. C’est la Cité témoin de l’histoire, celle qui naissait de ses cendres, et toujours fière, surplombant le confluent du Danube accueillant la Sava dans ses bras. Parlant de l’histoire, il n’est, d’ailleurs, pas mal de rappeler, que finalement, malgré le fait d’être le berceau de ce que deviendra la capitale de la Serbie, cette forteresse,l’Alba du début, la Singidunum romaine, ou encore Kalé-megdan (le champ de bataille)… ne fut que très peu et réellement serbe. En effet, ce fut le Despote Stefan, celui qui fit construire la majestueuse tour du Despote sur la ceinture intérieure des remparts, qui fit de Belgrade la capitale, renonçant au Sud du pays, jusque là prisé… et proche du Kosovo, où la nation naquit. De ce que l’on peut trouver dans les sources historiques, la ville forte était une ville prospère, la Cité haute était remplie de maisons en bois des commerçants et autres artisans… et tout allait bien dans le meilleur du monde… jusqu’au prochain assaut, et une prochaine passation de pouvoir. En attendant, et quand il n’y avait pas de guerres, j’imagine que le Despote devait bien s’ennuyer dans son château en pierre (sans parler de ses chevaliers), et il est facile à imaginer que des tournois furent organisés… pour que le temps passe plus vite – faute de télé et de divers Zuma, GP ou encore trivago!
Trêve des temps médiévaux… passons au 20…et 21ème siècle. Il faut dire que jusqu’il y a peu, il ne fut pas très politiquement correct d’être fier d’être issu du peuple serbe, et de ce fait, il n’y avait que très peu de gens, surtout quand il s’agît de jeunes, qui connaissaient ces parties de l’histoire, bien antérieures au « glorieux passé » partisan du Maréchal Tito. Les temps embrouillés qui s’ensuivirent, rajoutèrent encore plus à ce sentiment de perdition, et finalement, ce n’est que très récemment qu’un groupe de jeunes enthousiastes se mit à redécouvrir le passé chevalier et moyenâgeux de ces contrées. Des recherches, des fouilles firent ressortir des armes, armures, costumes typiques… et petit à petit, quelques gars se mirent à s’entraîner dans les arts martiaux moyenâgeux… joignant ainsi un mouvement européen déjà existant. Le résultat de tout cela, du moins au niveau local, est le SVIBOR – ce qui veut dire « Srpsko viteško borenje » – l’art martial chevalier serbe… ainsi qu’un Tournoi, traditionnellement organisé tous les étés dans la forteresse, auquel, chaque année, diverses nations viennent prendre part.
L’on y accède facilement. Et de plusieurs façons, tant qu’on y est. L’on peut, par exemple, opter pour le tramway 3,5 ou 10, descendre au terminus, le contourner et hop… en longeant la route départementale, l’on tombe direct sur une jolie ancienne porte… c’est la porte de la Cité basse. Ça c’est pour faire très simple, ou si l’on n’a pas de temps. Mais, cela veut dire aussi perdre beaucoup, car arriver du côté de la Zindan Kapija est un pur moment de plaisir. Pour cela, il faut prendre le bus ou le tramway… ou encore se balader à partir de la rue Strahinjica bana, prendre l’entrée de Kalémegdan à côté du Zoo, et monter un peu. Une fois arrivés devant la Zindan Kapija (il est impossible de se tromper, elle est unique), il faut tourner à droite (comme quand on va visiter les églises Ruzica et Sainte Petka) et le tour est joué, sans parler qu’on bénéficiera alors des vues superbes sur la Cité basse entre les pierres, le confluent… personnellement… j’adore :o)! Bien sur, vu qu’il faut emprunter des escaliers authentiques… et très hauts, l’entrée basse est recommandée pour les poussettes ou les fauteuils roulants…
Le SVIBOR – ou comment le Moyen Âge peut quand même atterrir au Vingt-et-unième siècle…
Il faut bien le dire, j’ai failli ne pas y aller. Hé oui! et pour une raison très bête: la première journée des combats était froide et pluvieuse (bizarre pour un début de juin d’ailleurs)… et moi, fraîchement rétablie d’une grosse bronchite tendant vers un début de pneumonie… beuh… ce n’était pas vraiment le moment de tenter le diable. Heureusement pour moi et mon amie, ainsi que pour Stéphane – mini despote d’ailleurs à ses heures – le tournoi s’étalait sur tout le week-end… et, dimanche, le temps fut clément, bien que menaçant de temps en temps… ce qui peut se voir sur certaines des photos postées ici. Quoi que, perso j’adore, vu que ça permet d’avoir des photos aux couleurs magnifiques… j’adore le ciel d’acier sur les tours… ! Mais… je m’égare…
En arrivant du côté de la Zindan Kapija et des églises, l’on a d’abord été frappées par le fait qu’un véritable petit campement fut organisé et bâti juste à côté d’une « arène » qui, entre nous soit dit, ressemblait plutôt à un enclos entouré de grosses poutres. Mais… faut pas être embêté par les détails, comme les fanfares typiquement Occidentales, ou cette malheureuse bouteille de Sprite atterrie par miracle parmi les chevaliers… à oublier aussi une buvette mobile et … des sanitaires de camping posées dans un coin pour l’occase… s’il est bien de s’immerger dans le Moyen Âge, autant le faire sans odeurs qui allaient avec :o)))!
Bon abstraction faite des trucs trop « quotidiens »… l’on est quand même happé par l’atmosphère. Et devant la palette vivace et richement colorée de ce décor grandeur nature, l’on en vient à oublier très vite le fait que ce n’est qu’une infime partie des gens qui est habillée « à l’ancienne »… et que ce copain en jeans de la petite princesse roumaine n’a rien à chercher par là. Tout devient naturel. Le campement, avec les dépôts d’armements et d’armures, épées piquées dans des tas de paille, un casque par ci, une armure par là… des chevaliers qui font un petit somme ou se préparent pour le combat suivant… Et tiens, encore ces jeunes écuyers – deux d’entre eux interdisent l’entrée au campement aux visiteurs du futur… si ce ne sont pas quelques petits futurs chevaliers, bien en jeans mais avec une épée en bois… Saisissante aussi cette construction – enfantine et pourtant faite dans le même bois que ces armements de guerre – deux chevaux plutôt caricaturaux, sur une poutre qui tourne en rond… juste à côté du bélier qui servait aux assauts…
Les combats sont différents – combat à l’épée, tir à l’arc, tir de javelot, jeter une grosse pierre… se battre sur un gros tronc d’arbre… ou encore combat au javelot… et s’il vous plaît… bien réels! Nous avons vu, au cours de ces quelques heures (car l’on ne voit pas vraiment le temps passer), plusieurs bleus et coupures… et même un chevalier ayant le genou bandé – il a du faire une mauvaise chute le jour d’avant. Ce dernier passait son temps à dormir dans la paille, ou à se balader, en s’appuyant sur une gigantesque hache… les blessés devaient faire ainsi par le passé? Et faut dire… il faut beaucoup d’entraînement pour éviter des coups vraiment sérieux… dans l’un des combats la lame « touchant » le casque provoquait des étincelles, dans un autre, fallait bien résister, sur un tronc, tout en étant rué de coups par son adversaire… faut aimer aussi :o))))… c’est peut être là qu’on voit vraiment qu’il s’agît des enthousiastes…!
Le temps entre deux combats étaient remplis d’animations: petite école pour les mini-chevaliers, chants moyenâgeux, acrobaties… ça fait un peu cliché, mais en effet, l’on aime bien imaginer que c’est comme ça que ça se passait… avant.
Et ce qui est rigolo?
Nous sommes venus y jeter un coup d’oeil… rester, disons une heure ou deux… finalement, nous sommes arrivés à 13h et partis à 18h… et ce n’était même pas terminé! Et faut bien le dire… nous n’avons pas vu le temps passer :o) Du coup, à partir de maintenant, je pense que je vais bien guetter le prochain tournoi, car je trouve ça franchement très sympa – et mon fils a adoré aussi! Il était même dégoûté de ne pas avoir mis SON costume de chevalier… (un accoutrement de mousquetaire avec une espèce de truc en laine qui couvre l’enfant de la tête au pied, avant de mettre les armures et le reste… même pas besoin de dire qu’il en serait mort de chaud dedans, quelle horreur!)… en tout cas… ce fut une jolie journée, une belle immersion dans le temps passé… et… je le recommande à toute personne qui se retrouverait à Belgrade au début de l’été :o).
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Međunarodni viteški turnir Svibor (jui 2008)
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Aspect original
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Međunarodni viteški turnir Svibor (jui 2008)
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Međunarodni viteški turnir Svibor (jui 2008)Article original sur Trivago.fr
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