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Découvrir Ouzbékistan en nomade : de Tachkent aux citadelles de Khiva

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De Tachkent aux citadelles de Khiva… Un voyage à travers l’Ouzbekistan mystérieux… sur la mythique Route de la Soie…

Après avoir découvert Tachkent. Nuit agitée grâce à quatre Chinois qui s’esclaffent bruyamment et s’entretiennent en grands discours avinés pendant plus d’une heure dans les couloirs sur le coup de trois heures du matin, l’heure de l’arrivée de l’avion de Moscou. Finalement, exaspérée, j’enfile n’importe comment une jupe sur ma chemise de nuit pour aller leur expliquer qu’il est l’heure de se taire et que chacun regagne sa chambre en silence ! Non mais !Mécontent Est-ce l’effet de mon « élégance » ainsi accoutrée, mon « autorité naturelle » ou l’efficacité de mon Anglais, toujours est-il que le calme revenu, nous pouvons enfin reprendre nos rêves là où nous en étions .

Khiva : sur la place devant la Médersa TalibMakhsoum

Le 17 août

Petit déj matinal au frais. Les quatre Chinois de la veille me jettent des regards en coulisse. Je vais donc les voir à leur table, leur adresse un grand sourire et ma meilleure courbette, ce qui a pour effet de leur faire plonger du nez dans leurs bol de thé . Bon ? Ce n’était pas ça qu’il fallait faire apparemment . Tant mieux !
On paye le Grand Orzu par carte Visa et en route pour l’aéroport et là …., notre avion pour Khiva est retardé jusqu’à 16 heures ! Nous sommes plantés avec nos sacs, l’accès à la consigne n’étant accessible que depuis l’arrivée du terminal international, pendant 7 heures.

Avec nos sacs greffés sur le dos, nous ressemblons au cafard de la Métamorphose de Kafka, mais que faire ? Nous sortons nos polars et allons dans le parc de l’aéroport pour lire. A midi, nous allons passer un moment agréable sous la tonnelle du restaurant adjacent à l’aéroport, puis vers 15 heures on retourne voir ce qu’il en est. Toujours pas d’avion pour Khiva à 16 heures. L’avion is broken paraît-il, départ reporté à 18 heures . Moi qui ne suis pas très courageuse en avion, cette information n’est pas faite pour me rassurer… Il n’empêche que la salle d’attente est maintenant bondée des passagers qui attendaient l’avion de neuf heures puis celui de 16 heures. Les places assises à l’intérieur climatisé se font rares . Dans la foule Gil repère un couple de jeunes Français tout à fait sympathiques avec lesquels on décide de partager le taxi Urganch / Khiva.

Finalement, le départ est annoncé vers 20 heures 45 et c’est la ruée vers un vieux Tupolev mais bon… on arrive à Urganch 1 heure après. Le taxi, que Gil a marchandé tant et plus, bavarde tout le long de la route et semble un peu agacé que nous voulions absolument descendre au Khiva hôtel. Les jeunes qui rentrent d’une semaine au Kirghizistan et on soif de confort insistent. Nous, vue l’heure ça nous est un peu égal, on changera demain si on ne s’y plaît pas. Mais le taxi insiste et, le Khiva hôtel n’ayant qu’une seule chambre double disponible avec lit fait et climatisation, nous décidons de rejoindre le chauffeur de taxi qui est venu nous relancer jusque dans la cour de la médersa pour qu’il nous conduise jusqu’au B&B de Lolita ( maintenant Lola ) où nous avions décidé d’aller au départ.

Le chauffeur est ravi de nous y conduire, et en cours de route il nous explique que le khiva hôtel est un « hôtel d’état » ( sans doute le genre parador comme il y avait en Espagne sous Franco ? ) raison pour laquelle il est très cher pour un service très moyen . Nous, on prend possession de notre chambre chez Lola et depuis la fenêtre, l’hôtesse demande à la chaïkhana voisine s’ils ne nous prépareraient pas une collation . Le temps qu’on pose nos sacs, qu’on se rafraîchisse un brin, et qu’on descende, une grande table avec nappe blanche est dressée au beau milieu de la place, avec fruits secs, noix, amandes, raisin secs, melon, raisins frais, biscuits, pain, fromages, confiture et une grosse théière de thé vert. Il fait frais, le village endormi est désert et là, face à ces minarets vernissés et à ces coupoles, sous un ciel de un million d’étoiles, l’instant que l’on savoure est inoubliable.

Khiva : vue depuis notre chambre chez « Lola  » .  Mosquée Juma et au fond à droite le Kalta Minor

Le 18 août

C’est au son des rires et des bavardages sous nos fenêtres qu’on se réveille . Comme nous sommes vendredi, il y a plein de monde dans la rue et notre chambre qui est en angle donne sur des coupoles de faïences turquoise d’un coté et sur la place de la chaïkhana où nous avons mangé hier soir, dominée par un minaret de faïences turquoise et bleu  de l’autre  .
Nous faisons un tour rapide du village, éblouis par autant de beautés architecturale . Il y a beaucoup de monde dans les rues et nous nous asseyons à une ombre pour regarder les gens qui se promènent en famille. Les femmes portent de longues robes multicolores et chatoyantes, c’est fou ce qu’elles aiment ce qui brille, les hommes, surtout les plus âgés, portent le couteau traditionnel sous la veste . Comme nous sommes assis non loin de l’étal d’une boutique qui vend des « bijoux » de pacotille, je m’amuse à regarder un moment un homme d’un certain âge marchander un collier rutilant. J’imagine qu’il veut l’offrir peut-être à sa petite fille, peut-être à sa bru ou bien à une douce +/- légitime finalement, à l’issue de longues palabres, il l’emporte, l’empoche rapidement et s’éloigne l’ai satisfait. Quelqu’une sera content aujourd’hui!

Pendant que nous regardions passer les gens, les jeunes d’hier soir nous retrouvent . Ils sont bien reposés et content de leur hôtel.

Khiva : Coup d’oeil à l’intérieur ombragé d’une maison .

Nous, nous sortons de la ville par la porte nord pour rejoindre un bazar très, très animé avec des légumes et des fruits magnifiques qui embaument, pêches, raisins, de drôles de figues jaune citron toutes aplaties, des pommes de terre, des tomates, des oignons, du fenouil,  du basilic, des légumes secs de toutes sortes par sacs entiers, bref, de quoi faire sans doute de l’excellente cuisine. Nous achetons 1 grappe de 1 kilo de raisins blancs au gros grains oblongs, deux bouteilles d’eau et on rentre se reposer, nous ressortirons lorsqu’il fera moins chaud. D’ailleurs, le village se vide peu à peu, a cette heure çi, la tendance est à la sieste pour tout le monde .

Nous ressortons nous promener vers 5 heures, lorsque l’activité reprend. Et là….Galère N° trois, notre appareil photo, que nous avions fait réviser et nettoyer avant notre départ tombe en panne, impossible d’ouvrir le diaphragme ! Nous qui avions décidé de faire des photos de Khiva au soleil couchant, c’est raté. Il n’empêche ! Pas d’appareil photo dans un endroit aussi magnifique c’est plus que frustrant ! On ira voir demain si on peut se dépanner à Urganch. En attendant on continue la balade : la mosquée Juma avec ses deux cent treize pilier de bois d’orme, de platane ou de noyer sculpté qu’on retrouvera partout dans tous les iwan, et qu’on voit ici pour la première fois nous enchantent, de même que l’atmosphère apaisante du lieu dans sa peine ombre presque souterraine, le musée de la petite médersa Matpana Baya en face, le magnifique Kalta Minor  » minaret court  » court parce qu’inachevé. Puis, on sort de Itchan kala par la porte sud et on fait le tour des remparts , impressionnants . Dans une chaïkhana à l’ombre sous une tonnelle où on se régale d’un thé vert, une petite fille arborant quatre couettes et un énorme noeud blanc dans les cheveux nous fait du charme. Elle voudrait bien que Gil la photographie mais ….ça ne marche pas photo cassé !

Khiva : puits

Le 19 août

Réveil à nouveau par des rires. Le mec qui fait des photos kitsch avec chapeau Mongol cape, sabre etc. a déposé son canapé sous nos fenêtres et des passants rigolent en prenant des poses, lui aussi se marre bien, puis, il transporte son canapé à sa place habituelle au bout de la rue . Nous on déjeune puis on prend le minibus ( machrout ) pour Urganch . 25 kilomètres en ligne droite entre champs de coton et vergers.

Le machrout nous dépose devant le bazar qu’on traverse le nez en l’air sans trop savoir où on va. Sur des étals de fortune de la bouffe et des jus de fruits. Je surprend un mec qui lave des assiette douteuses dans un seau, en train de se laver les pieds avec le torchon qui lui sert à faire la vaisselle ! Bon appétit les gars !

Il fait déjà une chaleur torride. Gil voudrait que je demande où trouver un réparateur d’appareils photos. Comment tu veux que je demande ça ? Ça dépasse de loin mes compétences lorsque, sauvés par la grâce d’Alha, nous apercevons de l’autre coté de la rue un magasin arborant fièrement une enseigne : studios, photos . Super ! Nous nous y précipitons ! En plus, le magasin est climatisé, ce qui ne gâche rien. Le patron et les employés jouent un moment avec les différents programmes, de notre appareil photo, le branchent sur leur ordinateur et déclarent navrés, qu’ils ne voient pas ce qu’il a mais que , si on veut, ils peuvent nous indiquer et même nous conduire chez leur fournisseur de matériel . D’accord, au diable l’avarice nous ne sommes pas venus si loin pour repartir sans photos ! Seulement, il y a un hic, nous n’avions pas prévu cette dépense supplémentaire et il nous faudrait trouver une banque qui, accepte notre carte Visa pour nous donner des dollars. Qu’à cela ne tienne Lundi, ils nous conduiront à la Banque d’Ouzbékistan où nous pourrons faire cette opération. Ils téléphonent pour s’assurer que c’est possible et oui, c’est possible. Parfait, rendez-vous est pris pour lundi à la première heure .

En sortant de chez eux, on essaye de visiter Urganch et au bout d’un moment, on arrive au désormais traditionnel parc central. La, on s’assied à un bistrot et des hommes, après nous avoir posé les questions traditionnelles sur d’où on vient etc, compulsé mon petit album photo et fait les commentaires d’usage, nous offrent de ces jolies et délicieuses figues jaunes. Ils sont bientôt rejoints par une femme, une Russe de Moscou, s’empressent-ils vite de nous dire, déjà à moitié ivre, un verre de vodka à la main. Elle me regarde un moment sans rien dire, puis s’éloigne et revient avec un énorme brassée de roses qu’elle est allée couper dans les massifs du parc…. Gênée, je sens ces roses, puis, ne sachant que faire, je me lève, lui caresse le bras dans un semblant d’accolade en pensant très fort à sa mère, quelque part, je ne sais où, qui doit se lamenter de la savoir dans cet état…Elle à ses yeux très bleu plein de larmes…Gil, mine de rien lui donne un billet, et c’est assez bouleversés que nous nous éloignons pour essayer de retrouver l’endroit où le minibus nous à posés ce matin.

Après cet épisode, retour à Khiva et aux abris. Il fait une chaleur atroce. J’ai mis les roses dans une bouteille d’eau en plastique coupée en deux, elles sentent très bon, mais je ne sais pas si elles se remettront de ce traitement. Le soir à la chaïkhana voisine qui est devenue notre cantine, nous sommes interpellées par A. , C. et T. le fils de l’une des deux. Elles ont entendu que nous voulions aller à Boukhara lundi, et  nous proposent de partager le taxi. Puis,  nous recommandent le guide et le chauffeur qu’elles ont engagé la veille pour aller visiter les citadelles ( Kala ).

Khiva : passants sous nos fenêtres ce sont peut-être leurs éclats de rires qui nous ont réveillés !

Le 20 août,

Départ à 8 heures pile pour la visite des citadelles dans les plaines du Khorezm. D’abord on rencontre un paysage très cultivé, jardins, vergers, champs de coton, rizières, maïs, puis on traverse l’Amou Daria ( ex Oxus pour ceux qui se souviennent de l’épopée d’Alexandre le Grand ), sur un « pont » de barges accolées les unes aux autres. L’Amou Daria est très large à cet endroit mais, comme elle n’a plus assez de fond, les barges reposent sur le fond au lieu de flotter, raison pour laquelle paraît-il, le revêtement bitumé souffre de la circulation incessante. Le fait est qu’il y a de grands affaissement par endroits. Nous nous imaginons passer là avec notre camping car ! Sans compter qu’il n’y a aucune indication aux différents embranchement sur le réseau de routes qui débouchent toutes à cet endroit stratégique et qu’à notre grand étonnement nous avons remarqué que toutes les stations essence sont fermées . Nous interrogeons le guide qui nous explique que , un, les gens du coin connaissent parfaitement le pays…oui, ça, ça ne nous étonne guère mais… et les autres ? Les autres ? Ben, il ne sait pas … et que deux, le gouvernement rationne les carburants ce qui oblige les taxis comme le notre, à acheter du carburant Kirghize au marché noir à 200 sums de plus le litre. C’est bien ce que j’avais cru comprendre dans les explications du taxi qui nous avait amenés le premier soir de Urganch à Khiva .
Après avoir franchi l’Amou Daria c’est une sorte de désert vert. Au temps où les citadelles étaient en activité cette région était une région de marécages, qui avait nécessité la réalisation de canaux d’irrigation contrôlés par les seigneurs féodaux régnant sur les citadelles. Ce système d’irrigation permettait aux populations sédentaires d’avoir une activité agricole et pastorale. Des populations ont habité cette région depuis le 2nd millénaire avant JC, mais les citadelles connurent leur apogée du IV° avant JC au VII° siècles après JC . Il paraîtrait, trois grands pressoirs retrouvés lors de fouilles archéologiques en témoignent, que cette région aurait été une des premières au monde à pratiquer la viticulture . La première citadelle que nous visitons, Topra Kala est une sorte de ville palais de 2 hectares et demi, entourée de hautes murailles en torchis un peu comme les remparts de Khiva. Elle est protégée par un très gros fort à la fois défensif et réserve alimentaire où la population pouvait, exactement comme dans les agadirs marocains où même dans les citadelle saxonnes de Transylvanie, mettre ses biens à l’abri en cas d’attaque. Le guide nous indique qu’on peut encore faire deux récoltes de maïs par an, à condition de laver les sols du sel qui remonte mais en fait, il y a peu de champs et l’essentiel de la végétation est constitué de plantes piquantes très odorantes et de …bardanes ( ? ) . Alentour on voit surtout des troupeaux de moutons. D’ailleurs, en faisant le tour de l’agadir, on rencontre un jeune berger qui détale à notre approche en utilisant un effondrement dans le haut mur de torchis comme un toboggan pour descendre quelques dix mètres plus bas. Il se fait d’ailleurs abondamment sonner les cloches par le guide, sans qu’on sache si c’est parce que l’exercice est dangereux pour l’enfant ou bien si cette pratique détériore les murs déjà bien mal en point. Retour à la voiture pour aller visiter la forteresse suivante, en fait elles sont trois, situées l’une au dessus de l’autre, la plus ancienne étant celle du bas. La seconde est ronde, deux cercle de constructions concentriques… Il paraîtrait que c’était la ville des Amazones mais, n’ayant pas le courage physique de ces dames, je suis chassée par la chaleur et les moustiques. Je laisse Gil et le guide s’époumoner pour monter jusque là haut et je retourne à la voiture. Il paraît que j’ai raté la vision d’un lac au loin.
Sur la route du retour, notre chauffeur se livre à la recherche assidue d’essence au black, une petite bouteille de un litre sur la route et, dans des fossés des bidons de 5 litres. Il lui faudra trouver deux spots de vente pour obtenir environ 8 litres d’essence, juste de quoi nous ramener à Khiva.
Le soir, nous retrouvons A. C. et T. en fait, T est le fils de A et il est en stage d’étude pour 4 mois à Tachkent où il rentre ce soir par l’avion. A et C nous disent que pendant que nous nous promenions elles ont organisé le voyage pour Boukhara . Départ demain à 8 heures devant leur B&B. Nous, nous retournons à notre chaïkhana voisine où ce soir, il fait juste chaud après le coucher du soleil. Tant mieux, on en profite.

Khiva : Jeune fille apprenant à tisser dans une école financée par l’Unesco . ( ceci est notre dernière photo de Khiva avant que notre appareil nous lâche ! )

Comment aller en Ouzbekistan?

Catherine Daurès

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