Que visiter, que faire et que voir en Albanie du Sud? De Butrint à Gjirokastra et à Berat, de Lin à Saranda en passant par Qeparo, l’Albanie du Sud bénéficie de sites culturels, archéologiques, historiques et naturels de toute beauté ou du moins très intéressants.
Lorsqu’on parle d’Albanie Shqipëria, pas mal de gens ont encore des préjugés. Nous avons eu l’occasion d’aller en vacances en Albanie du Sud en 2010. Un pays qui est souvent méconnu en France mais qui a pourtant de beaux sites à offrir aux regards des voyageurs. C’est un des pays d’Europe qui change le plus vite ces dernières années, mais qui reste encore largement authentique. La chaleur est supportable l’été, y compris en Albanie du Sud surtout sur la côte et en montagne, à l’intérieur, c’est moins agréable. Ceci dit, quand on a l’habitude d’aller dans les pays méditerranéens l’été, l’Albanie ne présente aucune difficulté acclimatation ! Pour bien visiter l’Albanie, il faut alterner visites à l’intérieur et visites sur la côte, c’est possible. Quels lieux a-t-on aimé en Albanie du Sud ?
Nous avons réalisé un voyage de plus de deux semaines dans la moitié Sud de l’Albanie. Je m’y étais déjà rendu en Albanie en 2006 (partie centrale : Durres, Tirana, Kruje, Elbassan) et en 2007 (Nord : Skhodra, Lezhe, Kruje de nouveau). Nous sommes partis avec notre voiture, assez petite et à la caisse basse (c’est important pour bien rouler sur les routes albanaises), sans coffre de toit. Je voyageais avec la tente et parfois avec nuit forcée dans le véhicule ; désormais je préfère les hôtels, partout où je vais, on ne voyage pas pour se torturer, on bosse pour gagner de quoi voyager correctement quand même ! Je ne suis pas du tout adepte du luxe mais j’aime bien le confort, le calme et la propreté. Concernant les hôtels en Albanie du Sud, inutile de réserver, on trouve facilement et très bien placé un peut partout (Kruje, Korce) et pour 25 à 30 euros la chambre double, confortable et propre. Pour la riviera albanaise, c’est plus risqué.
A ne pas manquer en Albanie du Sud
Sites exceptionnels en Albanie du Sud:
Site archéologique de Butrint
Le Site archéologique de Butrint est un site naturel exceptionnel en Albanie du Sud : delta fluvial et marécageux entouré de montagnes, végétation méditerranéenne, site antique entouré par le mer à 80%, acropole sur une hauteur en plein centre. De plus, ce n’est pas le genre de site antique avec des vestiges ne dépassant pas 10 cm de hauteur. De nombreux monuments ont été bien préservés s : théâtre grec avec nombreuses inscriptions antiques bien visibles sur un côté ; église paléochrétienne des années 400 dont les murs sont tous conservés, monuments romains, baptistère avec magnifique mosaïque (malheureusement recouverte pour protection), fragments d’enceinte de l’époque illyrienne à Venise, en passant par les grecs (pierres colossales) et s’élevant parfois sur une dizaine de mètre de hauteur, comportant deux portes impressionnantes, etc. J’ai même trouvé par terre une monnaie d’argent de VENISE de 1396 environ !!! De plus, le site est couvert d’arbres, donnant du charme et de l’ombre !
Qeparo, un village enchanteur
Qeparo est un ancien village abandonné dans une montagne qui domine la mer. Une découverte en Albanie du Sud. Ce village n’est pas mentionné par le Petit futé, bizarrement. Un témoignage d’un camping-cariste en avait parlé. Le village moderne de Qeparo est en bas, le long de la route. Il faut prendre une petite route (panneau dans le sens nord-sud, pas dans l’autre !) en béton qui grimpe et serpente dans la montagne. Vue la température (40 °c), on a demandé à un albanais de faire le taxi. On est redescendu à pied. Qu’y a-t-il à voir à Qeparo dans ce joli village d’Albanie du Sud ?
C’est un village albanais montagnard et méditerranéen quasiment abandonné. Une centaine d’habitations blanches s’entassent en haut d’une petite montagne. Les façades sont blanchies à la chaux, le pavage est constitué de gros pavés. Les habitations sont parfois en ruine, souvent à l’abandon. Ici pullulent les figuiers, la vigne plus ou moins sauvage, les lauriers-roses et toutes sortes de fleurs. La vue sur la mer est magnifique. De l’autre côté, la montagne continue, vers des petites chapelles perdues sur des pitons et vers…un petit château-fort sorti de nul part et qui invite à la randonnée. Malheureusement, il fait trop chaud pour cela ! Il nous fallait quitter ce lieu enchanteur où nous avons croisé 5 ou 6 albanais, un âne et 3 chiens…Qeparo vaut 10 fois le vieux Dhermi.
Ville historique ottomane de Berat
Arrivée à Berat, ville historique classée au patrimoine mondial en 2005, au coeur de l’Albanie. On y accède par de mauvaises routes goudronnées qui n’ont sans doute jamais été refaites depuis la chute du communisme.
Que c’est difficile de parvenir à Berat, toutes les routes sont difficiles ! Mais Berat se mérite. C’est un de nos trois coups de cœur albanais. La ville est classée par l’Unesco (je l’ai appris sur place, les habitants en sont fier) et le mérite amplement. Berat, c’est en fait trois villes anciennes en une. Je ne parle pas de la ville moderne, que nous n’avons pas visité. Trois centres historiques : Gorica, le quartier « chrétien », sur l’autre rive, Mangalem, le quartier « musulman », et la Citadelle, en hauteur, très vaste, entourée d’un puissant rempart.
A Berat, il faut se promener dans ce dédale de ruelles parfois étroites et dominées par des hautes habitations traditionnelles aux murs blanchis. Vignes et figuiers sont également très présents. La ville de Berat a été classée dès l’époque communiste, en 1961. Ces trois quartiers historiques sont donc bien préservés et ont tous de l’intérêt. Dommage que les mosquées aient été fermées. On a pu visiter une église à Gorica, c’était la fin d’un mariage. On a dormi à l’hôtel Mangalemi, que je recommande fortement. Il est installé dans une demeure ottomane très bien restaurée, quel charme ! Peu de touristes albanais à Berat, mais on a quand même croisé 9 Français ! Un espace III immatriculé « 35 » escaladant une pente pavée de 30%, ça se remarque, comme une 2CV jaune et verte immatriculée également dans l’Ile et Vilaine. Je crois que tous les touristes occidentaux se sont concentré dans notre hôtel !
Ce qu’on a bien aimé en Albanie
Gjirokastra
Gjirokastra est une ville ottomane classée au patrimoine mondial de l’Unesco. La citadelle est très intéressante et bien conservée (superbes vues, musée militaire avec canons fascistes capturés en 1944 exposés comme trophées…). Le reste de la ville ottomane (maisons hautes au murs blancs et aux toits gris) est séparée par un ravin tout en grimpant le long de la montagne. On a pas pu approfondir notre visite mais ce qu’on en a vu est joli.
Orikum
Orikum est site archéologique assez pauvre (les fouilles sont récentes et limitées) mais situé dans un très beau cadre naturel méditerranéen et surtout au coeur d’une ancienne base militaire encore active ! En fait ce site se visite légalement, il suffit d’aller à l’entrée de la base, de dire que l’on souhaite visiter le site archéologique d’Orikum (où Jules César avec mouiller sa flotte de guerre), un officier anglophone appelle alors un guide qui arrive et on forme alors un convois de véhicules de tourisme qui traverse une zone militaire à l’abandon avant d’atteindre le site même. On aperçoit nombre de bâtiments militaire en ruine, des bunkers (comme partout en Albanie), des obstacles anti-débarquement, des canons de DCA et des mines marines rouillés entassés…Mais aussi un drapeau de l’Otan et des soldats à l’entrainement. Le tout dans un très beau site possédant de nombreux figuiers ! Et on peut prendre des photos et déguster les figues !
Lin, village typique
Village typique localisé sur le lac d’Ohrid, près de la frontière macédonienne. Il s’étire le long du rivage, au pied d’une colline rocheuse. Une ruelle le traverse. Des ruelles perpendiculaires se dirigent vers le lac. Nombreuses habitations traditionnelles, même des granges hors d’âge et des poules et des vaches qui gambadent. La ruelle centrale a un revêtement tout neuf. Hôtel en construction. On y a croisé un mini bus de touristes italiens. La population a l’air particulièrement pauvre. On se croirait dan l’Albanie des années 1960.
Sites intéressants à découvrir en Albanie
- Blue eye (Est de Saranda): source d’eau d’un très beau bleu entourée d’arbres géants, ancien lieu de détente des apparatchiks communistes. Enfin un peu d’ombre et de fraicheur !!!
Porto Palermo
Petite baie abritant une forteresse d’Ali Pasha (gouverneur ottoman indépendant, vers 1800) en TB état et une ancienne base militaire…soviétique ! Les bâtiments sont délabrés, des canons de DCA rouillés entassés (comme à Orikum). Mais à l’entrée du tunnel à sous-marin, des vedettes de la marine albanaise montent la garde. Que surveillent-elles dans cette base désaffectée ? Des sous-marins américains ? En tout cas les Albanais adorent les USA. J’ai dû voir des dizaines de drapeaux US flotter un peu partout. Bar-restaurant près de la forteresse. C’est ici qu’on croisé une famille française en voiture et 3 jeunes routards français un peu perdus dans cette Albanie du sud.
L’Albanie du Sud, Albanie profonde
Dhermi
Dhermi est un vieux village, nettement moins intéressant et joli que la perle Qeparo
Vlora
A voir pour ses statues communistes nombreuses en Albanie du sud, mosquée ottomane et ambiance typiquement albanaise
Elbassan
Nous reprenons une autre vieille route goudronnée de l’époque communiste jusqu’à Lushnja. De là, une autoroute toute neuve nous conduit jusqu’à Rrogozhina. Nous quittons cette belle autoroute pour aller vers l’Est jusqu’à Elbassan cette nationale, au bout de 5 km, s’avère magnifique, en parfait état ! Elle nous conduisit rapidement à Elbassan.
Elbassan avec sa muraille, ville cise à l’intérieur avec venelles aux maisons traditionnelles, mosquée et église..
A Elbassan, on découvre la promenade piétonne le long des remparts ottomans ; de très jolies albanaises ; une ruelle à l’intérieur de la vieille ville d’Elbassan (intra muros, c’est partout dans cet état…authentique !) , le marché d’Elbassan, très animé (on dirait que les anciens n’y ont jamais vu d’étrangers !!!). La Banlieue d’Elbassan est composée essentiellement d’immeubles communistes parmi lesquels on croise une mosquée ottomane du XVème s à l’abandon…
Korça
Belle et grande cathédrale orthodoxe toute neuve de 1992, vieille ville assez vaste avec ses bâtiments ottomans et ses ruelles préservées, pas de rafistolage touristique ici, comme à Qeparo.
Saranda
La ville balnéaire de Saranda (Sud-Ouest de l’Albanie) reste très connue des touristes en été. Le Petit futé n’a pas aimé. Pourtant la promenade, toute neuve, ces façades modernes et multicolores, les quelques vestiges du passé, tout cela a un certain charme. Ne ratez pas la « bulle » de l’office du tourisme, les pieds dans l’eau. Sur l’une des photos, vous découvrirez la mosaïque du chandelier hébraïque d’une des plus vielles synagogues retrouvées dans le monde, tandis que sur l’autre deux vieillards qui ont connu la dictature d’Enver Hoxha discutent ensemble.
Escapade à Corfou depuis Saranda
Puisque Corfou est en face de Saranda, on a décidé d’aller faire une excursion d’une journée, un bateau assurant l’aller et un autre le retour dans la journée (10h et 17h). Il faut passer la douane mais c’est rapide.
Le centre historique de la ville de Corfou et exceptionnel. Le site est remarquable, deux forteresses géantes et très impressionnantes protègent une vieille ville aux immeubles hauts et aux façades plus ou moins décrépies peintes de couleurs claires. Le linge et les fleurs débordent d’une multitude de fenêtre.
Quoi, Corfou c’est trop touristique ? Oui et non. Quelques artères sont des « autoroutes à touristes », soit 20% de la ville. Les 80 % restants sont les forteresses et surtout un dédale de ruelles qui sentent bon l’Italie et où les touristes croisés furent bien rares.
Comme partout, dès que l’on s’éloigne un tout petit peu…
Regardez-vous même !
L’Albanie du Sud côté plages
La plage de Borsh juste avant que je m’y baigne, il faisait 40 °c, l’eau était très propre et plutôt fraiche!
De même, Spille, au Sud de Durres et de Kavaje est réputé pour ses plages. On y accède par une petite route qui rejoint l’autoroute Durres-Fier. Cette plage est assez éloignée de Durres (environ 30 km) pour ne pas être bondée. En revanche, pour visiter des lieux très intéressants, vous devrez rouler au moins 30-40 km. Être motorisé est sans doute le mieux.
Dans le nord de l’Albanie, j’ai entendu dire que des plages intéressantes se trouvaient à Shengjin, au sud de Skhodra. Mais je n’y suis pas allé personnellement.
Sites plutôt décevants en Albanie
- Site antique d’Apollonia. Belle route, bien indiqué, très beau cadre (grosse colline ponctuée de bunkers dominant une vaste
plaine littorale). Mais les fouilles semblent à peine avoir commencé. La ville antique était géante, mais seuls 5% du site semblent fouillée. Petit théâtre, fameux monuments de Agonothètes (sorte de temple, entièrement remonté), pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent. Malheureusement Apollonia a été rasé. Il n’en reste pas grand chose, et à défaut de fouilles étendues futures, le site ne vaut pas vraiment le coup.
Si la localisation du site d’Apollonia est remarquable, il y a trop peu de monuments dégagés, à l’exception d’une petite zone en arrivant qui a été fouillée et aménagée. Pour le reste, seules quelques fouille semblent avoir été entreprises. Le plus intéressant doit être leur résultat, c’est-à-dire les objets découverts. Ailleurs, la plus grande surface est recouverte d’une végétation basse et dense où se promènent des petits tortues ! Je crois qu’il reste énormément de travail à effectuer. Il y en a pour 100 ans de fouilles !
- Mesopotam. Monastère orthodoxe situé près de Saranda. Pas indiqué du tout ! Il n’est même pas situé dans le village de Mesopotam ! On l’a quand même trouvé sauf que pour y accéder, il faut emprunter un chemin défoncé. On revenait de Gjirokastra, c’était trop pour nous, on a abandonné. De toute façon, l’église byzantine du monastère était fermée !
- Voskopoje . Le problème est à peu près le même. En août 2010, la route était toujours aussi mauvaise. Après 10 KM à être secoués et à éviter les nids de poule, on a rebroussé chemin.
- Himara. C’est une station balnéaire avec une plage, c’est tout. Peu d’hôtels et ils sont complets (il faut réserver !!!).
Dans l’ensemble de l’Albanie : malheureusement, nombre de mosquées, d’églises et de monastères sont fermés à clés, un peut partout dans le pays. Il faut avoir la chance de tomber dessus au moment de leur ouverture ponctuelle pour les visiter (culte, mariage…).
Pour dormir à Lezhe : Mrizi i Zanave Agroturizëm est une référence.
L’aventure continue vers la Macédoine.
La route est magnifique, en très bon état. Peu avant la dernière montée, une dizaine de « Lavazh » tentent de vous alpaguer.
En haut du col, la route bifurque : vers le Nord, c’est la frontière avec la Macédoine, comme toujours parsemée de bunkers, tout droit, on redescend aussitôt vers le Lac d’Ohrid côté albanais, à Lin.
Pendant tout ce parcours, on a traversé l’Albanie « réelle », hors des zones « touristiques » (en Albanie, cette expression n’a pas la même portée qu’en Inde, à Java ou au Sri lanka, aux zones touristiques noires d’occidentaux. Ce n’est pas en allant à l’autre bout du monde qu’on évite les flux massifs de touristes occidentaux). Elle s’est avérée vivante et moderne. Et brûlante ! Je ne suis pas adepte de la clim, mais là je n’ai pas eu le choix.
Et vous pourriez aussi être intéressé par ce carnet de voyage en Albanie du Sud…
- Site Albanie Tourisme : informations touristiques sur l’Albanie
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