« Je cherche à redécouvrir l’étrangeté magique et la singularité de l’évidence. Quand je dessine un trait, j’habite déjà le lieu. Extatique, obsédée, j’y cherche la lumière et l’équilibre. » Architecte, artiste peintre, designer, décoratrice, architecte d’intérieur, sculpteur, styliste ! Donnez-lui un espace à aménager, un terrain à construire, une toile tendue sur un châssis, un vêtement à créer, un objet, une matière quelle qu’elle soit… et c’est tout son talent qui se déploiera.
Ursula et la Pologne
En 1983, Ursula quitte son pays et gagne la France, diplôme d’architecte en poche – Ecole polytechnique de Szczecin (Stétine, en français), primée au « Concours des diplômes » (équivalent du prix de Rome).
Ursula Leszkiewicz et la France
La vache enragée. En attendant le Veau d’Or ?
Femme-architecte d’origine étrangère, exerçant une profession dominée par les hommes, Ursula Leszkiewicz deviendra néanmoins, et… très vite, l’éminence grise de nombreuses agences d’architecture (et non des moindres : G. Thurnauer – fut son premier employeur) qui ne se priveront pas de faire appel à son coup de crayon, fruit d’une imagination sans bornes, tempérée par un esprit de synthèse qui lui permet de trouver très vite… la solution.
Membre de l’Ordre des architectes, Ursula Leszkiewicz travaillera sur de nombreux projets importants de la région parisienne et en province avant d’être accueillie par l’association « Ligne et couleur ». De dimension européenne, cette association regroupe des architectes-artistes : peinture, dessin, sculpture et gravure.
Après quelques années fastes, alternant entre la Pologne et la France, Ursula Leszkiewicz prendra ses distances avec le métier d’architecte avec quelques bleus à l’âme… (métier que l’informatique a vampirisé, sans oublier les donneurs d’ordres qui aujourd’hui malmènent quelque peu cette profession) pour mieux retrouver ce qu’elle n’a jamais vraiment quitté : le dessin et la peinture. Les enseignants et les artistes qu’elle côtoie pendant un temps aux ateliers des Beaux Arts de la ville de Paris verront en elle, dès les premiers jours, une artiste-peintre qui n’a jamais cessé de l’être… avant même de le devenir.
Ses deux identités polonaise et française – dédoublements, confrontations – et sa formation initiale participent de son positionnement comme « architecte et artiste » : double compétence, double résonance et double identité.
« J’aime l’instant où mes mains expriment par le trait, cet état de grâce intérieur, difficilement explicable par les mots car, seul cet instant est capable de m’apporter la garantie du bonheur d’exister ! »
Avec la peinture, Uleski retrouve tous ses droits, sa place et son dû et son âme aussi – slave de surcroît – recouvrant une liberté d’expression totale. Et là, elle ne doit rien à personne et personne ne lui doit rien non plus.
« Quand je peins, je cherche un petit signe sur la toile, un signe adressé au fond de l’oeil et quel que soit cet oeil : oeil avisé, oeil néophyte… Quand je pense à la peinture, je pense à l’invisible aussi. Dans un tableau ce qui est invisible est tout aussi important que ce qui est visible. La peinture doit pouvoir rendre un peu plus visible ce qui ne l’est pas, aux côtés de ce qui semble visible… tout de suite. »
Et son sourire… ce sourire qu’elle a gardé ! Un miracle ce sourire car, quand Uleski sourit, c’est Ursula qu’elle affiche : Ursula, son enfance et son adolescence dans son pays natal : la Pologne.
« Je travaille à l’émotion, sous l’emprise de l’émotion. Quand je peins, je ne m’arrête pas. Je dois accompagner mon geste jusqu’au bout et d’une seule traite. Et si je dois y rester des heures, eh bien, tant mieux ! Je ne lâche pas la toile tant que je n’ai pas épuisé cette émotion. »
L’inspiration ne lui fait jamais défaut. Sans faiblesse, sans compromis cette inspiration jubilatoire qui gagnera tout en une seule fois, quitte à tout perdre !
« Pendant des siècles, les peintres – pour ne parler que d’eux – n’étaient autorisés à se figurer que ce que le commun des mortels pouvait se figurer avec eux. Depuis, les choses ont changé, bien évidemment. Mais… cela dit, je connais peu d’artistes dits abstraits qui… ne figurent rien ou bien des artistes qui ne… se… figurent rien lorsqu’ils créent et ce faisant, des artistes qui ne… nous… figurent pas quelque chose en retour. Alors, je crois vraiment que c’est un débat stérile cette opposition entre figuratif et abstrait. Nous les artistes dits « non figuratifs », on se figure tous quelque chose en créant… même s’il n’est pas donné à tout le monde de se le figurer avec nous. Cela dit, un artiste peut toujours parler de ce qu’il crée, en fin d’analyse, il faut bien reconnaître que le processus de création engendre sa propre dynamique aussi. »
Eruptions (irruptions ?) de couleurs servies par un empâtement obstiné et puissant. Sujets, formes et figures qu’on ne retrouvera dans aucune autre mémoire, dans aucun autre lieu, dans aucune autre histoire et sur lesquels on ne repassera pas… parce que c’est trop tard et puis… parce que c’est bien comme ça.
Précision du geste donc : geste sûr, tendu, d’un seul geste… d’un coup d’un seul, d’une seule traite, comme un seul jet !
« Je n’ai rien contre les accidents mais je pense que tout doit avoir sa raison d’être dans une toile : pourquoi telle technique, telle couleur, telle composition, telle facture… là en particulier, là et pas ailleurs, etc. et cette raison doit appartenir à l’artiste. Ce qui doit lui échapper… doit vraiment être ce qui… devait lui échapper ! Pour le reste… je préfère penser à un artiste responsable de ses choix : créer c’est aussi et surtout, choisir et choisir c’est aussi exclure. »
Alors… oui ! C’est Elle ! C’est ULESKI ou la peinture contemporaine dans tous ses états !
Son site « Peinture, son et texte »
Ursula Uleski : Ses toiles, hagiographie et entretien avec l’artiste
Toile présentée : ULESKI Ursula – Oiseau de feu – acrylique sur toile 80 x 80
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