Jó napot kívánok ! (ce qui, vous l’aurez compris, veut dire « bonjour » en hongrois !)
Ce qui est bien, quand on vit à Budapest, c’est qu’on est seulement à quelques heures de route de plein de pays différents : l’Autriche, bien sûr, la Grande Voisine, mais aussi la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Serbie, la Roumanie, l’Ukraine, et la Slovaquie. Mais la Tchéquie et la Pologne ne sont pas si loin … Pas mal, non ? Ah ! j’en vois qui commencent à rêver …
Aussi, vendredi dernier, comme on avait envie de bouger un peu, on a pris la voiture, direction plein nord, et une heure après (en comptant les embouteillages pour sortir de Buda) on était à la frontière slovaque !
Une misère, cette frontière, un vrai désert ! Je dois être un peu « vieux jeu » mais moi, je regrette le temps où il fallait s’arrêter, s’expliquer plus ou moins facilement avec des gens en uniformes étranges et surtout, SURTOUT, repartir avec un beau tampon, bien exotique, sur son passeport ! Maintenant, macache, que nibe, walou, mon nouveau passeport (qui m’a coûté tant d’euros et tant d’efforts … pour ne pas trop sourire sur la photo) ne verra jamais la couleur d’un bon gros cachet slovaque : trop dommage, comme diraient mes fils, qui savent causer …
Bref, après cette douane fantômatique, on a continué un moment vers le nord, puis on a pris une plus petite route vers l’ouest pour arriver à Banská Štiavnica vers 18h30 à peu près. Pourquoi cette petite ville (10 000 habitants environ) au nom joyeusement imprononçable, me direz-vous ? Eh bien, il faut d’abord vous expliquer que ma Douce Amie est historienne d’art et travaille au Ministère de la Culture hongrois, dans le domaine des monuments historiques. Aussi nos voyages sont-ils toujours plus ou moins l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de cette région et, par là même, de comprendre un peu mieux ce qui se passe actuellement. Ensuite, eh bien ensuite, je vois mal comment, à ce point de mon exposé, je pourrais éviter de vous dire au moins quelques mots de la « Grande Hongrie » … Celles et ceux à qui l’Histoire donne des boutons ont le droit de sauter le paragraphe qui suit !
Saviez-vous qu’avant la 1ère guerre mondiale, la Hongrie était 3 fois plus grande qu’aujourd’hui, avec même un accès à la mer via la Croatie actuelle ? Mais après la défaite, au traité de Trianon, les 2/3 de son territoire lui furent enlevés, sa population passant de plus de 20 millions à moins de 8 ? Evidemment, cela laisse plus que des traces et c’est dans l’espoir de récupérer certains territoires que la Hongrie se rangea du côté d’Hitler pour la seconde … qu’elle perdit à nouveau ! Mais bon, cette fois, il ne restait plus grand-chose à enlever … Mais tout cela veut dire aussi qu’il existe encore de fortes minorités hongroises en dehors de la Hongrie, comme par exemple en Roumanie (surtout en Transylvanie) … et en Slovaquie. Cela veut dire aussi, je pense, que pas mal de Hongrois gardent une nostalgie de cette « Grande Hongrie », ce qui pose quelques problèmes avec certains voisins … dont les Slovaques. Est-ce que vous êtes comme moi j’étais avant de venir ici ? Vaguement persuadé que tous les « pays de l’Est » ne formaient qu’un seul bloc, le petit doigt sur la couture devant le grand Oncle Ivan ? Eh bien, venez faire un tour par ici, et vous en apprendrez de belles, croyez-moi !
Après cette courte parenthèse « savante », vous comprendrez mieux que pour les Hongrois chaque ville slovaque porte deux noms, le slovaque, et le hongrois : pour eux, Banská Štiavnica s’appelle aussi Selmecbánya, ce qui est tout de suite beaucoup plus facile à dire ! Et ceci d’autant plus que cette ville minière fournissait en argent une bonne partie du royaume, tout comme sa petite soeur Kremnica (dite aussi Körmöcbánya, mais pas par les Slovaques, j’espère que vous avez compris maintenant) que nous avons visitée le lendemain et qui était davantage tournée vers la production de l’or.
Arrivés à Banská (j’abrège !) vers 18h30 donc, on a facilement trouvé une « penzion » adorable, et pas trop chère : 900 couronnes slovaques pour la nuit, ce qui nous fait environ 7200 forints hongrois, soit un peu plus de 30 euros. Par la fenêtre, le matin, on pouvait voir ça :
ce qui, m’apprend Ma Douce, est typiquement une maison baroque du 18ème siècle, avec son toit très haut et ses décorations « en miroir » sur la façade. D’ailleurs une bonne partie du centre-ville est de la même veine, ce qui a conduit à sa classification au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
Après on est allés faire une longue balade dans la colline située en face de la Penzion, et dont vous pouvez deviner la pente derrière ladite maison baroque. Et là, ce qui m’a surtout émerveillé, ce sont les toits :
de toutes sortes …
et de toutes couleurs
des fois, c’est même un peu TROOOOP !!!
Et puis on est repartis en fin d’après-midi pour Kremnica, comme disent les Slovaques, où on a trouvé une autre Penzion, plus luxueuse mais aussi plus chère (45 euros la nuit). Le soir, on a fait un tour dans les rues désertes de cette petite ville quasi-fantômatique …
Ce qui est quand même curieux et intéressant à Kremnica, c’est qu’on continue à y fabriquer de la monnaie dans une grande usine. La propriétaire de la Penzion nous a d’ailleurs appris que ce dimanche matin, avant notre lever, un convoi bourré d’euros avait traversé la ville. Qu’est-ce que ça devait être au Moyen Age, quand il fallait convoyer l’or jusqu’à Budapest, en traversant collines et forêts !!!
Du haut de la plus haute tour du château, Kremnica, c’est ça :
ce qui est quand même bien joli, vous ne trouvez pas ?
Et puis on a visité le musée des Médailles et Monnaies ( y compris l’ancienne galerie de mine qui se trouve en dessous ; d’ailleurs on y a vu des plans anciens où est tracé le réseau des galeries existantes aux 18-19èmes siècles : impressionnant ! un vrai gruyère ! pas étonnant qu’un jour une église entière se soit effondrée !) Mais on était un peu fatigués, là, et on avait faim. On a trouvé un super-restau (à l’angle supérieur droit de la place sur la photo) où on a vraiment très bien mangé et comme c’était dimanche, devinez quoi ?, on a regagné tranquillement nos pénates à Buda, en écoutant Moby dans l’auto …