Quand on évoque le Pérou, tout voyageur songe d’emblée au Machu-Pichu et au lac Titicaca, mais aussi à l’ancienne capitale historique des Incas, Cuzco. Visiter Cuzco est plus qu’un objectif. Cuzco éveille forcément dans l’imaginaire une curiosité particulière. Et quand on découvre les rues et ruelles, les places de Cuzco, on comprend pourquoi.
Bien plus que l’actuelle capitale, Lima, grosse ville de 8 millions d’habitants dont l’expansion a débuté vers les années 60 et l’architecturale rappelle constamment le passé colonial, Cuzco est un écho puissant à l’Empire des Incas et à ce Pérou mythique qui fait rêver tant de touristes. Visiter Cuzco est incontournable lors de tout premier séjour au Pérou et ce n’est pas seulement en raison de son passé florissant durant la civilisation Inca qui l’avait choisie comme capitale de son Empire.
Visiter Cuzco entre influence espagnole et héritage inca
La ville de Cuzco mérite amplement que l’on s’y rende et qu’on s’y attarde pour remonter le temps et imaginer ce que fut Cuzco quelques siècles en arrière. Il faut savoir qu’au 16 ème siècle, lors de la conquête par les Espagnols qui mit fin à l’Empire Inca, Cuzco était une cité puissante et peuplée d’environ 100 000 habitants. Elle en compte aujourd’hui 300 000. Sa situation privilégiée au coeur de l’Empire Inca explique pourquoi Cuzco se développa autant en raison de sa topologie et de la riche région agricole fertile dans les environs. Qu’elle soit choisie comme capitale de l’Empire est une évidence, quand on sait que sa position stratégique à 3400 mètres d’altitude la mettait aussi à l’abri de ses nombreux éventuels ennemis. Entourée de montagnes culminant à 3800 mètres qui assurent une protection naturelle et favorisent un climat propice, Cuzco s’incarne dans la mémoire comme une sorte de montagne à escalader.
Il faut reconnaître qu’aller à Cuzco est une aventure en soi. L’accès à Cuzco n’est pas aisé par la route aussi bien que par la voie ferrée. Cuzco n’a pas une gare à proprement parler ; la gare se situe en périphérie. C’est pourtant en train qu’il faut aborder Cuzco car en venant du Machu-Pichu, les paysages sont spectaculaires et on descend les montagnes par paliers ce qui est très impressionnant. Si vous avez le vertige ou n’aimez pas les sensations fortes, cette approche est à éviter, bien que des plate-formes aient été aménagées sur les pentes de manière à ce que les trains puissent manoeuvrer et par un ingénieux système d’aiguillage faire des marches arrière alternant avec la marche normale pour ainsi descendre progressivement. Mais en choisissant le train le voyageur prend son temps et peut profiter complètement du spectacle que réservent les paysages des montagnes face auxquelles on se sent si minuscule. Et que dire des émotions quand deux trains tentent de se croiser?
Quand on commence à visiter Cuzco, on comprend très vite que la ville est agréable à parcourir à pied …. non pas que le centre historique soit exclusivement pédestre, mais il y a bien des particularités de Cuzco qui se révèlent au détour des ruelles. Flâner dans ces rues et ruelles permet de ressentir tout l’influence encore prégnante du style espagnol que l’on retrouve notamment à travers les balcons de bois des premiers étages des maisons. Malgré leur volonté de dominer les autochtones, les Espagnols ont su conserver les fondations des maisons, tant ils avaient conscience que ces fondations étaient antisismiques.
Il faut dire qu’en 1650, Cuzco fut frappée par un terrible tremblement de terre. Alors que les maisons construites par les espagnols dès leur arrivée ont été détruites en grande majorité, les envahisseurs ont constaté que les maisons des incas étaient les seules à avoir résisté. Le secret de ces fondations tient aux énormes blocs de pierre pesant souvent plus d’une tonne, qui étaient imbriqués les uns les autres à la manière d’un puzzle. Non seulement ces constructions pouvaient résister au temps mais aussi aux tremblements de terre dans cette région exposée aux risques sismiques. Ne manquez pas les rues Loreto et Hautun Rumiyoc qui condensent probablement les plus beaux modèles de fondations incas dont un exemple comptant 11 faces! Il n’est pas rare de croiser ici ou là des descendantes d’incas qui se baladent en habits traditionnels et acceptent de se faire photographier en échange d’une ou deux pièces. Les rues ont un charme certain en raison de leur pavage et de leurs trottoirs constitués de marches de pierres.
Nous avons décidé de visiter Cuzco en prenant pour repère la Place d’Armes Plaza de armas créée par les Espagnols sur les ruines du centre de la ville inca. Impossible de la rater, elle est située au centre de la ville. Au Nord est de la place, la Cathédrale, la plus ancienne église coloniale de Cuzco, se dresse avec toute la majesté de sa hauteur et de son style baroque caractéristique. Sa construction débuta en 1550 sur les ruines d’un ancien palais inca, pour s’achever en 1654. Une fois qu’on a monté les marches de l’escalier, on pénètre dans cette cathédrale dont le maître-hôtel en argent massif semble immense et attire toute l’attention quand on n’admire pas les belles peintures murales.
A l’opposé on repère une magnifique église jésuite, la Compania, reconstruite après le tremblement de terre de 1650, dont la façade à deux tours sculptée propose un édifice harmonieux. Pas très loin, vous ne manquerez pas de visiter le Palais de l’Archevêque, ne serait-ce que pour y découvrir les peintures, meubles et sculptures datant de l’époque coloniale qui retracent des siècles de domination.
Sur la Plaza de armas, prenez le temps de vous asseoir sur l’un des bancs qui bordent la place et observez la vie qui défile devant vos yeux. On rencontre en ces lieux des femmes quechuas dont la survie passe le plus souvent par le filage de la laine à la main pour vendre des chapeaux, des gants, des écharpes pour presque rien. Un beau souvenir à remporter dans ses valises!
On observe rapidement comment la vie quotidienne défile sous nos yeux curieux et s’organise autour des petits métiers pour les plus pauvres. Difficile de rater les cireurs de chaussures, souvent très jeunes pour ne pas dire encore dans l’enfance, qui se déplacent de banc en banc en espérant que les passants se laissent nettoyer leurs chaussures. Soyez aimables avec eux, parlez-leur des footballeurs français et vous serez étonnés de leur parfaite connaissance de nos stars du ballon rond. Et si vous ne voulez pas être dérangés un simple mais ferme « No, gracias » suffira…Vous serez aussi frappés par le nombre très important d’indigents qui font « la manche ». Une certaine pauvreté saute aux yeux quand on visite Cuzco mais la débrouillardise reste de mise et les locaux ont un sourire désarmant et sont très chaleureux donc leur sens de l’accueil donne envie de recourir à leurs services même si on n’en a pas besoin. En réalité, les descendants d’Espagnols dominent la vie économique de la ville tandis que les descendants des incas venus de la campagne espèrent toujours une vie meilleure tout en restant le plus souvent sur le bord du chemin, sans emploi car sans instruction. Et comme il n’y a pas de protection sociale dans le pays, la vie citadine s’avère encore plus difficile…
Depuis la place des armes, on aperçoit à environ 2 km la forteresse inca de Sacsayhuaman. Elle se situe vers le nord sur une colline sur laquelle a été également érigée une grande croix blanche. Le plus agréable pour les touristes c’est de s’y rendre à pied par des escaliers et des rues escarpées. Comptez une bonne heure pour rejoindre la forteresse, d’autant qu’à plus de 3000 m d’altitude, les efforts sont plus exigeants et pèsent sur les organismes qui ne sont pas habitués à de telles altitudes. La colline de la forteresse réserve un point de vue panoramique sur la ville de Cuzco, les toits ocres des maisons et les églises qui font pointer leurs tours et clochers. Le plus impressionnant dans cette forteresse datant de la période 1440 – 1540 et destinée à protéger la ville des envahisseurs, c’est sa construction à l’identique des bâtisses incas. Elle fut édifiée à partir d’un assemblage d’énormes blocs de pierres de plus de 100 tonnes, dont le plus gros pèserait 361 tonnes selon les historiens. A ce jour, il ne reste pas de 20 % de la forteresse, dans la mesure où les espagnols utilisèrent les pierres pour reconstruire la ville après le tremblement de terre. Comment les Espagnols ont-ils bien pu conquérir Cuzco alors que cette forteresse semblait quasi infranchissable? A l’issue d’une bataille décisive en 1536, ayant fait des milliers de victimes parmi les incas qui étaient bien moins armés que leurs adversaires.
Après avoir pris le temps d’explorer et de visiter Cuzco en un jour, rien de mieux que de savourer une soirée aux sons du folklore local, des musiques et danses andines entraînantes. Certes, c’est touristique, mais le mieux est encore de participer à un dîner-spectacle au restaurant El Truco par exemple. Le repas se fait sous forme de buffet où l’on peut même trouver la spécialité de la région : le cochon d’Inde réservé aux repas de fête et dont le goût ne va pas sans rappeler le lapin….. Si l’on vous invite à venir danser sur scène, n’oubliez pas que vous allez vous essouffler très rapidement…
Bon voyage à la découverte de Cuzco et du Pérou, un merveilleux pays!
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