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Vivre a Paris : Chroniques parisiennes

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La petite dame fragile à Paris…

Paris a repris goût à la vie… je veux dire à la vie bruyante, animée, gaie, turbulente ; les voitures donnent des coups de freins crispés au carrefour Montparnasse-Raspail ; les terrasses se remplissent – pour le plus grand bonheur des bistrotiers qui désespéraient –  de garçons et de filles décontractés. Ils sont beaux, bronzés, heureux de se retrouver après ces quelques semaines de vacances. C’est agréable de les regarder, insouciants, la tête pleine de projets d’avenir, enfin pour ceux qui vont entrer dans les facs proches. Je croise une fille, chic bobo, qui crache par terre, pour « faire peuple ». Ce serait donc chic de « faire peuple » ? (c’est une expression, j’adore le peuple) ou pour imiter les chinois qui, eux, ne crachent plus, du moins dans mon quartier…

 

Au carrefour Vavin, en attente du feu vert pour moi, rouge pour les automobilistes pressés, je suis à côté d’une petite dame qui tient à peine sur ses deux jambes soutenues par une canne à la main droite. A la main gauche, elle porte un sac à main apparemment très lourd, un poids  qui la déséquilibre et la rend « bancale ». Elle hésite à traverser : il n’y a pas que ces jambes qui sont flageolantes, sa vue aussi. Je m’approche : « Je peux vous aider madame ? » Elle hésite à répondre et puis accepte mon bras. « Oui ce sera plus facile à deux me dit-elle » Machinalement je fais le geste de vouloir porter son sac… Avec l’énergie du désespoir – ou de la peur – ma petite dame réagit  « non, non » et elle s’agrippe, avec tout ce qui lui reste de force à son sac. Je comprends alors qu’elle s’est méfiée de moi. Elle a eu tort en ce qui me concerne, mais elle a eu raison sur le fond. La ville est un endroit dangereux pour les faibles. La traversée des deux boulevards est longue, le temps d’échanger quelques courtes phrases. Je tiens son bras, si maigre, elle bute sur un gravier plus petit qu’un confetti, j’ai peur pour elle, je suis bouleversée, je pense à quelqu’un très proche de moi, j’ai envie de la suivre toute la journée, pour qu’elle ne tombe pas, car tout est obstacle pour la petite dame fragile : les voleurs, les cailloux, les trottoirs, les voitures, les jeunes, rois des trottoirs et les cracheuses bobos…

 
Blog _3194

 

Finalement je la quitte, en lui disant : « prenez soin de vous, faites attention » » » à quoi bon ?
Ce n’est plus elle qui décide mais la rue et ses dangers. J’ai la vue qui se brouille…Quoi, mon ostéopathe m’a dit que j’avais trop de Yang ou plutôt que mon Ying ne remontait pas suffisamment, qu’il était bloqué à mon plexus solaire ! Que je devais me « recentrer »…Eh bien là, je pleure à retardement. C’est un choc, parce que nous serons tous un jour comme cette petite dame fragile si nous ne sommes pas victimes d’un accident, de la pollution, d’un tireur fou, d’une guerre, d’une explosion atomique….

 

Je suis si troublée, que je me trompe de bouche de métro, je fais marche arrière, essuie mes larmes de midinette, prend la bonne ligne, en route vers mon dentiste à St Lazare. Et là, je réalise que je me suis trompée de jour, mon rendez-vous chez le dentiste, c’est demain.

 

Je vieillis ? Sûrement, comme tout le monde, (je ne sais pas combien de milliers de neurones on perd chaque jour) Jeme suis seulement trompée de jour sur mon carnet de rendez-vous.

 

Si vous voyez une petite dame fragile, aidez-la à traverser, mais n’essayez pas de prendre son sac, c’est peut-être le seul bien qui lui reste.

Michèle Jullian

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