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Voyager est un métier : réflexion autour du touriste-voyeur-voyageur

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Dans ma vie de voyageur et de reporter à travers 190 pays, j’ai adopté une méthode de découverte et de travail à l’opposé de la coutume, des autres, des confrères et de presque tout Touriste-Voyeur-Voyageur !

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J’adore découvrir ! J’aime l’inconnu ! J’adore l’aventure et je me suis crée un autre genre de voyage–découverte, depuis l’âge de 16 ans. Au début, je n’avais que l’autostop pour découvrir le monde. C’est ainsi que j’ai eu l’immense joie de parcourir mes 52 premiers pays avec un seul US dollar par jour, avant l’âge de 21 ans, en autostop, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. Le nec le plus ultra, la jouissance suprême et la plus belle des richesses étaient pour moi : « l’après-stop » (comme l’après-ski pour certains), soit le dialogue (souvent dans la langue même) de mon hôte, celui qui accepta de me prendre en stop et qui du coup m’invitera, à l’arrivée, à partager toit et fourchette en attentant l’étape suivante. Le départ suivant !

Ma vie, ainsi, était pleine d’aventures avec l’autochtone, l’habitant, l’aborigène ! Une tasse de café, un verre d’eau, une bonne boisson  fraiche ou un bon dîner qu’importe, pourvu que je puisse partager l’ambiance de l’Autre ! Bref je me faisais presque inviter chez l’Autre, pour « comprendre les rouages du pays ». C’est chez cet Autre que l’on sent vibrer les us, les coutumes et la pensée des gens !

Je repense par exemple à ce Noël passé en famille au plus bel hôtel de Malte, au Corinthia Saint Georges, si ma mémoire est bonne ! Tout était organisé, réglé et payé, pour ce réveillon de Noël de 1986. Sauf un détail. En ville, à la Valette, je fus intrigué, dans une sombre et pauvre ruelle, par des pots métalliques gravés «  made in USA » transformés en pots de géranium. Des boites de dons américains, suite à une catastrophe, boites  récupérées par cette modeste famille maltaise. Je gratte à leur porte. Palabres, rires, rigolades et me voit finalement, à 19h attablé chez eux avec ma petite famille, autour d’un bon vin blanc… pour ne les quitter qu’à 2h du matin face à leur doux et beau sapin de Noël ! Un de mes plus beaux Noël !

Le voyage reste la surprise ! Que dire de ce chauffeur de taxi, en 1975, à Papeete, à Tahiti, qui partageant ma joie de vivre et extase face à cette faune et bleus lagons décida de m’héberger sept  jours durant… et un peu plus loin, à Bora Bora, de même, chez la dernière jeune épouse ou maitresse de Gauguin, durant cinq semaines. Rêve et merveilles au bord d’un des plus beaux lagons de la planète !

Que dire de ce policier mafieux et crado de Trinidad and Tobago, qui invita, en 1990, ce couple de passagers arrivés à 2h du matin de Barbados, à passer la nuit chez lui, dans un antre mystérieux, faute de chambre d’hôtel disponible ?

Que dire de cette famille du Swaziland, en 2005, qui regardait paisiblement son match de foot à la télé et qui fut surprise de voir un Voyageur hirsute et perdu face à sa porte, sur la crête d’une colline et qui l’invita au plus fou et hilare champagne de l’année ?

Que dire de cette jeune et belle pianiste Ukrainienne qui me joua du piano (…) chez elle, entre ses quatre frères et sœurs, en 1991, dans un quartier malfamé et fermé de Kiev, où les mots Touristes et Voyageurs sont absents du dictionnaire ?

Que dire de cette famille de Christchurch au sud de la Nouvelle Zélande, en 1974, qui m’offrit gite et fourchette pour écouter les histoires de celui qui vient de loin ?

Que dire de cette famille israélienne au village tunisien de Nataniya, au sud de Tel Aviv, où sera édifiée la Grande Synagogue Tune en Israël (dont l’architecture sera identique à celle de l’avenue de Paris, à Tunis), qui me fit un des meilleurs déjeuners tunisiens de ma vie et qui invita en mon honneur une trentaine de voisins Tunes de la diaspora juive-tunisienne et dont le père me demanda discrètement, la larme à l’œil, de lui retrouver en Tunisie, celle qu’il a aimée follement et qui serait actuellement l’épouse d’un prince ? Et j’ai eu le bonheur de les remettre en contact, 28 ans après !

Que dire enfin, de ce Laotien (en 1973) qui m’invita à visiter un Fumoir d’opium et à passer la nuit dans sa famille, où une ballade dans une 3e dimension et dans la pauvreté absolue ?

Que dire de cette belle dame apostrophée en pleine rue avec un jasmin à l’oreille, au cœur de Saigon, où j’étais mandaté par mon journal, pour couvrir la fin d’un long conflit, chez qui j’ai passé une semaine ? Elle s’est avéré Tunisienne spécialiste de décoration florale japonais Ikebana et épouse d’un Haut commissaire du HCR !

Toute ma vie j’ai eu cette chance incroyable dans 190 pays, d’aller chez l’Autre, de partager, ses joies, ses peines et sa vie avec même des retours : retour en Israël pour les obsèques de Rabin ou à Villefranche en Beaujolais pour le départ de Roger Elzière et une dizaine d’autres amis disparus!

Voyager a toujours été et restera pour moi, la découverte de l’Autre et non des hôtels, des plages et des Musées. J’avais la chance de ne me pas préparer le voyage, je tenais à une certaine virginité du pays, je refusais toute lecture et tous guides. Je me lançais à l’aventure, nez au vent, oreille tendu et œil aux aguets ! Les découvertes se suivent et ne ressemblent pas à une vitesse vertigineuse et souvent enivrante je l’avoue ! Le voyage devient 10, devient 100 devient 1000 ! Au retour, j’avalerai de nombreux livres et documents sur ces pays et chaque mot trouvera dans ma petite tête sa case adéquate et s’y gravera !

Je ne suis qu’enfant émerveillé, que bébé hébété, qu’homme fonçant sur tous les fronts, sans peur aucune ni inquiétude ! J’ai foi en l’homme et j’aime l’Autre ! je n’avais de partout que trois armes : Le sourire (la clé des champs et des cœurs), les langues dites etrangères (neuf, pour vous servir) et surtout la faculté de prendre une décsion en quelques secondes face à l’imprévu !

Je suis tenté d’autre part, d’écrire un jour, un livre sur mes aventures où «l’audace-tempérée »  me permit d’accoster, par exemple, le Général de Gaulle, par l’intermédiare de son ministre Couve De Merville, à la cathédrale de Köln, aux funérailles du chancelier Adenauer ; le Président Luis Echeveria Alvarez, dans ses bureaux de Mexico ; le tout dernier Président somalien, du Somaliland, dans son palais présidentiel ; ou l’Islandaise Vigdís Finnbogadóttir qui fut la première femme au monde à être élue présidente de la république  et des centaines d’autres personnages du monde, tels que Brigitte Bardot dans sa « Camargue » de Saint-Tropez, ou Barbara Streisand à Los Angeles aux USA, où Jean d’Ormesson dans ces bureaux du Figaro de Paris, ou Georges Simenon à Lausanne, ou le Roi des mercenaires, Bob Denard, aux Comores le lendemain de l’assassinat du Roi Abdallah…. ! Tous m’ont honoré de leur confiance et amitié. Ils voyaient bien que je n’étais point demandeur, mais que je n’étais qu’un « Voyageur-assoiffé-de-l’Autre ».

C’est ainsi, que je viens en cette fin d’été 2009, de visiter deux pays pratiquement fermés, presque bannis et fortement critiqués ! On vous conseillera de les éviter, de les fuir et de les contourner si possible ! J’ai fais pire, je les ai associé dans un même périple et j’ai ainsi retrouvé mon adrénaline de mes 20 ans de Machu-Picchu, de Terre de Feu ou de ma profonde Australie d’Alice Springs et de « Waltzing Matilda ».

Je reviens du Soudan et de l’Erythrée.

Le Soudan (le pays des Noirs) dont Khartoum, la capitale, tire son nom de sa forme en trompe d’éléphant, constituée par la rencontre des deux Nil : le Bleu et le Blanc. Le Nil Bleu (Bahr al-Azraq) est un embranchement du Nil qui prend sa source en Éthiopie, où il forme le lac Tana dès ses premiers kilomètres avant de poursuivre sa route vers le Soudan où il rejoint le Nil Blanc qui vient de l’Ouganda, à Khartoum, pour former le Nil qui ira enfin en Egypte. Ce Nil Blanc (Bahr el abiedh) a  trois sources différentes, situées au nord du lac Tanganyika, lesquelles se rejoignent rapidement avant de converger vers le lac Victoria. Il est bordé par le Kenya au nord-est, l’Ouganda au nord, la République Démocratique du Congo à l’ouest et la Tanzanie au sud. Aux deux langues officielles du Soudan ; l’arabe et l’anglais, s’ajoutent près de cent langues et dialectes dont les plus importantes sont le dinka, le peul et le nuer. Secoué par guerres et guérillas causant plus de 300 000 morts avec deux conflits majeurs larvés attirant dictature interne et boulimies extérieures de la Chine à la France en passant par les USA, tous attirés par le pétrole et les précieux minerais du plus vaste territoire d’Afrique, le10e du monde avec 2,5 millions  de Km2, avec 41 millions d’habitants  et  qui abrite plus de 500 cents peuplades ou tribus appartenant à plus de 50 ethnies différentes. Les musulmans se concentrent dans le Nord du pays où la charia est en vigueur, alors que le Sud est peuplé d’animistes et de chrétiens !

Enfin, l’Erythrée montagneuse, qui après 30 ans de guerre avec l’Ethiopie voisine, n’a toujours pas démobilisé ses enfants après leur année de service militaire, ce qui permet au Président Issayas Afeworki  de « tenir en laisse » cinq millions de personnes et de scléroser le pays pour garder le pouvoir par une politique à tendance impérialiste! les Tigrinya forment 50 % de la population, les Tigre et Kunama en constituent 40 %. Les Afars et les Saho occupent le tiers de cette Erythrée du bout du monde. Au pays dit Bar El Habach, du nom de cette ville du Yémen qui poussa son ethnie vers l’Erythrée, la Somalie, le Soudan et l’Ethiopie ! Au Yemen, en Arabie heureuse, pays de la Reine de Saba qui eu un enfant du roi Salomon (à Jérusalem)  qui naquit presque en cachette en terre d’Erythrée ! Dit-on !

C’est ce que je vais vous inviter à découvrir, avec moi, avec forces anecdotes et péripéties voyageuses !

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Rached Trimèche

3 commentaires sur “Voyager est un métier : réflexion autour du touriste-voyeur-voyageur”

  1. Quelle vie ! Quelle chance(s) !

    Mais n’est-ce que de la chance…??!!

    Plutôt un « art de vivre », et pas seulement de « voyager »..:-)

    Bravo !

    JPH(tout neuf Trésorier du CIGV de St-Barth auprès de notre Pst Bernard)

  2. Les touristes sont des consommateurs avant tout et pour beucoup les vacances sont un pur produit de consommation. Ils emmettent des désirs et veulent que ça se réalise. Il est vrai que la notion d’échange est une valeur qui se perd…

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