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Mes réflexions sur le monde, mes souvenirs d’enfance

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Un nouveau rapport à la nature

A chaque nouvelle année qui débute, chacun est enclin à s’interroger. Que sera-t-il pour nos familles, notre pays, le monde ? Que sera-t-il pour la Terre ? Car l’état alarmant de notre planète en fait désormais une priorité dans l’ordre de nos préoccupations. Lorsque s’est ouvert le troisième millénaire, il y a de cela une décennie, nous aspirions à un monde plus stable, à un humanisme mieux compris et mieux partagé qui verraient les guerres et les querelles de pouvoir s’apaiser. Il n’en a rien été bien sûr et, à ces soucis permanents, est venu s’en ajouter un autre, plus inquiétant : quel monde pouvons-nous construire avec des ressources naturelles en voie d’extinction ?

A pareille interrogation, une réponse semble s’imposer : rétablir notre dialogue avec la nature, changer nos habitudes et nos mentalités, restaurer notre environnement, renouer le fil d’Ariane malencontreusement rompu il y a fort longtemps. Remettre l’individu en phase avec lui-même, remettre l’homme dans les pas de l’homme. Ce projet ne serait-il pas suffisamment mobilisateur pour fédérer les peuples et pour que nous y consacrions une part de notre énergie, de notre intelligence, de notre imagination, de notre ferveur, afin de redonner sens à la vie et santé à la nature ? N’avons pas pris l’habitude de vivre dans un univers factice, fictif et illusoire, et développé une pensée tellement urbaine qu’elle nous a coupés de nos racines ?

Peu nombreux sont ceux qui savent encore distinguer un épi de blé d’un épi de seigle, d’avoine ou d’orge, reconnaître le chant du loriot de ceux du pinson, de la grive musicienne, du chardonneret ou du rouge-gorge. Combien sommes-nous à prendre plaisir à écouter la mélodie du vent, à contempler le spectacle de la mer, celui des nuées dans le ciel, des troupeaux en transhumance dans les alpages ? Nous rappelons-nous l’odeur de l’humus, le goût de l’eau vive, la fraîcheur de la rosée, la tonalité des lueurs vespérales ?

Notre rapport à la nature s’est hélas! considérablement détérioré à force de négligence. Alors que nous exigeons tout d’elle, nous ne lui accordons en retour que de l’ingratitude. La mer, cela doit être une heure de scooter ; la montagne, le confort des remontées mécaniques ; la campagne, les pique-niques à proximité de la voiture. C’est ainsi que nous agissons trop souvent et cela ne pourra durer. L’infinie patience de la terre montre des signes de lassitude.

Ne serait-il pas sage de revenir à une agriculture plus respectueuse de nos santés et de la terre elle-même, que l’on a gavée inconsidérément de produits chimiques, et de nous consacrer à vivre en meilleur adéquation avec elle ? Aussi je formule un voeu prioritaire : non celui de changer le monde ou de changer la vie, mais de nous changer nous-même. Car la terre, le monde ne seront jamais que ce que nous en faisons. Ce qu’il importe de modifier, c’est nous ; ce qu’il nécessaire d’instaurer, ce sont les droits de la NATURE et les DEVOIRS de l’homme.

Joyeuses Pâques : retour aux souvenirs de la Pâque de mon enfance

Voilà Pâques et ses carillons, ses bouquets de fleurs, quelque chose dans l’air d’allégé, dans les vitrines des pâtisseries les gros oeufs en chocolat, enrubannés de couleurs vives. Lorsque j’étais petite fille, j’achetais toujours à ma mère un lapin en nougat, parce que j’étais sûre qu’elle le partagerait avec moi. Une fois, je n’avais pu résister et osé croquer l’une des oreilles. Mes parents avaient ri sous cape, puis, gentiment admonestée pour ma gourmandise.

J’aime à évoquer les Pâques de mon enfance. Curieusement, dans mon souvenir, il faisait toujours beau. Est-ce parce que j’étais en vacances et que nous nous réjouissions à l’idée de découvrir, cachées dans les bosquets, les friandises que les adultes y avaient déposées. Il suffit de peu de choses pour enluminer le passé. La mémoire s’y emploie avec brio. Je me souviens que les pelouses se piquetaient de coucous et de jonquilles, que les cerisiers et les prunus étaient en fleurs et que les cloches, qui carillonnaient, annonçaient la plus belle des résurrections : celle de la nature.

Pour ceux qui croient au ciel, ce jour est différent des autres. Et pour cause : quelqu’un est venu leur dire que la Création était le fruit d’un projet, que la vie avait un sens et que la mort n’était qu’un passage obligé. C’est réconfortant, même si la Science a décrété que l’on ne pouvait croire qu’à ce qui était vérifiable. Or l’homme qui croit au ciel pense que tout n’est pas vérifiable. L’univers existe, bien que nous ignorions son origine, ne puissions contrôler chacun des éléments qui le composent, ni même nous assurer de l’ampleur de l’espace-temps qu’il occupe.

Tant de données et de paramètres nous échappent. Notre esprit est encombré de suppositions et de conjectures qui resteront à jamais à l’état d’hypothèse. Alors, puisque nous sommes si souvent contraints aux postulats, une transcendance souhaitée, à défaut d’être assurée, n’est-elle pas la plus noble des espérances, le pari de Pascal revisité, un peu de rêve tenu en haleine, auquel les humains que nous sommes, cernés de tous côtés par le mystère, aspirent en secret ?

JOYEUSES PAQUES


Je reproche à notre époque son refus du sacré, refus comme institutionnalisé qui suscite fatalement de profondes divisions entre les êtres. Nous vivons dans une société  dont le socle fondateur se fissure. On évoque à tous propos les guerres de religion, mais c’est au nom du refus du religieux et du sacré que les guerres de demain risquent de se produire. Le sacré représentait un refuge, assurait une stabilité. Un refuge opposé au néant qui engloutit, anéantit, annihile.  » Le néant conçu comme une absence de tout  » – écrivait Bergson. Et il est vrai que le matérialisme n’ouvre aucune perspective…

Une société matérialiste n’a d’autre aspiration que de satisfaire au mieux  ses envies et de jouir des biens de consommation qui lui sont proposés. Elle va dans le sens de l’asservissement qui, tôt ou tard, lui sera imposé par les tenants d’un pouvoir qu’elle subira sans broncher, puisqu’elle n’a ni ambition, ni idéal. Les grands trusts ont compris où se plaçait leur intérêt : ils la tentent, la flattent et l’assurent que tout se monnaye, qu’il suffit d’y mettre le prix … Mais l’amour, la foi, l’espérance s’achètent-ils ?


Pâques pour celui qui croit au ciel est la conviction intime que rien n’est définitivement fermé et que ce que l’église appelle la communion des Saints est d’abord et avant tout la communion des Vivants, à l’égard desquels nous avons chacun un devoir et une responsabilité, afin que ces vivants nous deviennent proches, nous deviennent frères, et que ma liberté ne soit jamais que l’assurance de la leur.

JOYEUSES PAQUES

Alors à ceux qui croient au ciel et à ceux qui n’y croient pas  JOYEUSES  PAQUES !

Le temps des vacances

Voici revenu le temps des volets qui claquent, des maisons qui s’animent, des plages qui se peuplent, du silence relayé soudain par les rires et les cris d’impatience. J’aime ces heures de vacances où les visages croisés se parent d’un rien d’insouciance, d’un rien de bonheur.

Les adultes ne se mettent-ils pas à ressembler à leurs enfants ? Ne serait-ce que parce qu’ils reprennent goût aux choses simples, aux satisfactions vraies, aux saveurs véritables ! Oublié le factice et l’inutile qui les encombrent, les soucis qui les minent, les faux-semblants qui les égarent. Retrouvé les chemins buissonniers où il fait bon flâner entre des haies de troènes et de chévrefeuille, parmi les champs quadrillés de pommiers. Aperçu le clocher, le village, la colline, le vallon, la ferme qui éveillent la mémoire à tant de souvenirs, invitent le coeur à formuler quelques projets. Cela suffit à rendre chacun plus lucide, à lui restituer  la mesure de ce qui est juste. Alors, vive les vacances !


Les mots des vacances


arbres feuillages

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d’abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l’autre, l’absent, l’étranger, l’inconnu, l’exilé.
Parce qu’ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu’ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.


Les images des vacances


LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes comme les mots. Mais alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu’elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l’imaginaire. Mais qu’elles viennent d’ici, qu’elles viennent d’ailleurs, elles savent nous surprendre et nous dérouter.
Parce qu’elles peuvent être tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Ainsi que les mots, elles s’effacent, s’estompent, disparaissent, ré-apparaissent, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n’oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

L’humeur au fil des saisons : de l’hiver des poètes au printemps capiteux

L’humeur de l’été : un air de Juin

A la veille de l’été, interrogeons nous sur le pouvoir des saisons et notamment le pouvoir du printemps…

nature et paysage 185 m1 150x150 Lhumeur de juin

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.
Théodore de Banville   (1823 – 1891)

Comment décrire ce mois qui nous introduit dans le flamboyant été ? Du printemps, il n’a déjà plus les teintes juvéniles et les floraisons évanescentes ; de l’été, pas encore les chaleurs accablantes et les parfums capiteux, mais les jours s’y alanguissent, les attentes s’y font impatientes, les crépuscules fatals. On l’aime d’être le passeur entre deux rives, de nous conduire au solstice à pas de géant, de clore le calendrier des lycéens et des étudiants. Avec lui se boucle chaque année une époque, un temps. Aussi est-ce un mois qui compte entre tous, ne serait-ce que parce qu’inévitablement il nous oblige à des bilans. Bilan physique, intellectuel, moral, tout y passe : suis-je en bonne condition pour affronter l’été ? Où mes pas me mèneront-ils à la rentrée ? Demain, pour les vacances du bel azur, quel projet de voyage, quelles vélléités d’évasion ?

Oui, le mois de juin, on l’apprécie pour les interrogations qu’il suscite, les lumières qu’il dispense, les doutes – parfois même les craintes – qu’il provoque, les promesses qu’il suggère. On l’aime d’être à l’extrême, avec son jour le plus long et ses ténèbres les plus courtes. Ainsi le considère-t-on volontiers comme joyeux et insensé, dispendieux et provocateur. Et, il est vrai qu’en juin, il nous plaît de tout promettre et de tout espérer. Dormir, se reposer paraissent indécents. Juin, c’est l’obligation de vivre impérieusement, de ne point se contraindre ; c’est déjà l’avant-goût des jubilations de juillet et des prodigalités d’août, avant que le sage septembre ne nous prépare aux retenues de l’automne et aux gravités de l’hiver.
Fête de la musique, feux de la Saint-Jean, Juin s’achève en apothéose. Il est le point d’orgue d’une année qui nous a façonnés selon le rythme compulsif de ses saisons et qui, soudain, semble lâcher prise. Juin des rendez-vous donnés ou manqués, des attentes fébriles, des fiévreux crépuscules et des roses aurores et des lueurs veillées à l’avant-poste estival.

Une fin d’automne

arbre branches automne

Pour moi  l’hiver commence fin novembre. La raison en est que les couleurs, les lumières ont cessé de se nuancer.  Après s’être opposées, elles se figent. Désormais, nous ne sommes plus dans l’éclat mais la matité. Regardez comment les paysages se définissent d’un trait plus sombre, plus net, comment les ciels se dépouillent, tantôt nus et sans relief, tantôt vêtus de sombre et si proches de la terre qu’ils semblent s’y attarder. Finis les orages et leurs violences, les ciels parés comme des femmes ; tout s’est soudainement simplifié ou altéré entre les filets puissants des brouillards qui posent leur mystère alentour. On avance dans un monde qui a changé de nature, s’approprie le silence, se décline dans les tons neutres et cependant d’une furieuse acuité au point que, contemplant le littoral, j’aperçois, non plus mêlé et comme enlacé mais soudain pétrifié le double relief de la mer et du ciel.

automne brouillard

Il fait bon rentrer chez soi, retrouver l’âtre et le feu, prévoir le long hiver qui enveloppera chaque chose dans sa parure de neige. Les jours se sont engrisaillés, ils tournent court dès 17 heures alors qu’un soleil blanc s’empresse à nous quitter. On a repris le goût des soirées autour d’un pot au feu et d’une soupe épaisse, des parties de cartes après dîner et des fêtes qui vont se succéder et seront essentiellement familiales dans l’attente de Noël. Déjà les villes s’activent à s’enjoliver dans un halo de lumière artificielle afin de compenser celui qui a choisi de regagner sa pénombre hivernale. Mais ne soyons pas tristes, il y a là une occasion providentielle à entrer en soi, à regarder ce qui nous entoure d’un œil  tranquille, à surprendre les couleurs gagnées d’un subit apaisement ; oui, c’est cela, la nature entière nous invite à la méditation, au recueillement. Il règne autour de nous une concentration bienheureuse.  

automne feuilles et banc
P1060943.jpg

Eloge de l’hiver

Comment l’ont-ils chanté l’hiver et sa blancheur silencieuse, ses ramures défeuillées et sa bise maligne qui siffle dans les branches, nos chers poètes ? La blancheur cristalline, le givre qui immobilise les paysages, l’oiseau en peine de nourriture, ont-ils inspiré leurs plumes vagabondes ? Oui, je m’en suis assurée et voici quelques-unes de ces
mélodies douces qui disent la plaine blanche, immobile et sans voix et requièrent si bien la leur…

Patineurs-brueghel.jpg   Les patineurs
de Pieter Brueghel

              VIDEO ( L’hiver de VIVALDI )

Nous avons la chance d’habiter une région tempérée qui voit se succéder les saisons et varier les paysages. Il semble que ce qui était normal, habituel autrefois, le soit moins
aujourd’hui, comme si le froid, la neige, le verglas n’étaient pas les conditions météorologiques habituelles en période hivernale. Alors oublions un peu les regrettables cafouillages et les
désagréments qui surviennent fréquemment en ces mois de froidure et disons-nous que l’hiver est beau. Bien sûr il fait froid, bien sûr les routes sont difficiles et dangereuses, bien sûr nous
avons le bout du nez rouge, mais diantre ! que la neige est belle, que le froid est tonique et que les ciels semblent avoir été taillés dans le cristal !

Blanche la nature en hiver ? Oui ! Mais aussi verte, brune ou rousse, selon le lieu, la nature du sol, la végétation. Saison du froid, du givre et de la neige, l’hiver est aussi celle des fêtes.
Elles sont nombreuses à parsemer le calendrier. Noël, le Nouvel An et l’Epiphanie sont à nos portes, il nous restera ensuite la Chandeleur et ses crêpes, Mardi-Gras et sa bonne table avant
Carême, le Carnaval avec ses chars et ses masques et la Saint-Valentin avec ses billets doux. Autant de fêtes dont les racines remontent aussi loin que la mémoire des hommes et autant d’occasions
de se réjouir ensemble.

Certes la nature paraît ensommeillée et comme immobile dans son corset de givre. Mais nenni, il n’en est rien ! Car, à l’abri des regards indiscrets, fleurs et plantes préparent patiemment le
printemps et le spectacle de la nature ne fait relâche … qu’en apparence. Regardez bien ! Ici une rose jette son ultime éclat ; là, un iris semble défier les frimas. Et bientôt les
perce-neige, les crocus, le jasmin d’hiver feront leur apparition. Dans les arbres défeuillés, le gui vit toujours. Cette plante née des fientes des oiseaux est un des miracles de l’hiver, une
trace de vie dans un univers glacé. Et si les fruits frais sont trop chers, profitons des fruits secs. Riches en protéines et en substances grasses, ils sont énergétiques et allient saveur et
qualités nutritives. Quant aux légumes, ils ne manquent pas et sont peu coûteux. Ré-apprenons à cuisiner les lentilles, les choux, les endives, les poireaux, la pomme de terre, sans oublier le
navet dont on disait jadis qu’il était l’allié idéal pour soigner les maladies de poitrine.

Quant à la galette des rois que l’on déguste volontiers les dimanches de janvier avec famille et amis, voici une recette simple qui vous prendra peu de temps à réaliser :

300g de farine – 150 g de sucre – 150 g d’amandes en poudre – 200 g de beurre – 4 oeufs

Mélanger la poudre d’amande et la farine. Ajouter le sucre, une pincée de sel, le beurre ramolli, les oeufs et un peu d’eau, puis travailler la pâte du bout des doigts. Avec un
rouleau former la galette et y introduire la fève. Dorer au jaune d’oeuf le dessus de la galette et enfourner à four chaud pour environ 30 minutes.

L’hiver est une si belle saison qu’elle n’a cessé d’inspirer les artistes : les musiciens – pensons à Vivaldi et ses quatre saisons, Ravel et son Noël des jouets,
Schubert et son voyage d’hiver; ainsi que les peintres depuis Brueghel l’ancien en passant par Arcimboldo, les impressionniste qui se sont plus à fixer sur leurs toiles les
paysages enneigés, le norvégien Edvard Munch et les Japonais dont le thème des saisons se retrouve à la fois dans les peintures, les paravents, les portes coulissantes, les éventails. Les poètes
ne l’ont pas dédaigné non plus, que ce soit Charles d’Orléans et son rondeau de l’hiver, Théophile Gautier et son bonhomme de neige, Pierre Emmanuel et son
adoration des bergers
, Francis Jammes et son âne était petit, Jean Richepin et son Noël misérable, Guillaume Apollinaire et son Mardi-Gras ; enfin les écrivains ne
l’ont pas mis sous le boisseau, depuis L’hiver chez les Scythes de Virgile jusqu’à Séraphîta de Balzac, Le voyage égoïste de Colette, Le petit
jour de Marie Noël, La dinde de Noël de Moravia ou Un balcon en forêt de Julien Gracq.


Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons,
L’hiver exécute son thème
Dans le quatuor des saisons.

Il chante d’une voix peu sûre
Des airs vieillots et chevrotants ;
Son pied glacé bat la mesure
Et la semelle en même temps ;

Et comme Haendel, dont la perruque
Perdait sa farine en tremblant,
Il fait envoler de sa nuque
La neige qui la poudre à blanc.


Théophile Gautier


Si les températures de l’hiver restreignent certains de nos loisirs pratiqués en extérieur, elles favorisent ceux qui sont liés à la neige et à la glace : le patinage et le ski. Les sports
d’hiver ont connu un extraordinaire engouement depuis l’après-guerre et ont constamment su se renouveler avec l’apparition de nouvelles techniques et de nouvelles disciplines. Aucun sport d’été
n’en égale la saine et parfaite volupté. C’est la mort de la neurasthénie, la ruine des médecins, le krach des drogues. Un week-end à la montagne suffit à booster votre énergie pour le restant de
l’hiver.

Quant aux mots de l’hiver, ils émaillent nos proverbes et nos dictons. Lorsque l’année commence, regardons bien le ciel. Cela nous permettra de savoir ce que seront les conditions
météorologiques de l’année à venir. C’est du moins ce que prédit le dicton : Les douze premiers jours de janvier indiquent le temps qu’il fera les douze mois de l’année. Et ce que
confirme cet autre : Les jours entre Noël et les Rois indiquent le temps des douze mois.
En janvier, un temps doux n’est apprécié que des citadins. A la campagne, cela n’augure rien de bon. Un mois de janvier sans gelée, n’amène guère une bonne année. Ou : Il vaut mieux
voir un voleur dans son grenier qu’un laboureur en chemise en janvier
. Le jour de la Saint Vincent ( 22 janvier ) est un jour important en zone rurale : c’est la fête des vignerons. Il
semblerait que ce jour-là, l’hiver hésite : soit il s’achève, soit il redouble. A la Saint Vincent, l’hiver monte ou descend. Ou : A la Saint Vincent, tout dégèle ou tout
fend
.

De la tolérance

Le mot tolérance recèle une part d’ambiguïté dans la mesure où l’on peut se demander où commence la permissivité et où finit la tolérance. Tolérer, c’est fatalement accepter que l’autre soit autre dans sa différence morale et physique et s’interdire d’entraver sa liberté de penser et d’agir.

La tolérance, c’est aussi reconnaître à chacun la faculté de vivre selon ses convictions propres qui ne sont pas obligatoirement les miennes. Cela suppose que la personne, qui se montre tolérante, fasse preuve, selon les circonstances, soit d’indulgence et de compréhension, soit n’obéisse qu’à son inclination à la passivité et à l’indifférence, d’où l’ambiguïté du mot qui se décline selon des modes variables. C’est la raison pour laquelle Karl Popper parle  du  » paradoxe de la tolérance  » et qu’André Comte-Sponville écrit qu’ une tolérance infinie serait la fin de la tolérance. En effet, dois-je tolérer la violence, le fanatisme, l’exclusion, la misère d’autrui ? D’où la vigilance constante que nécessite ma propre tolérance, afin qu’elle reste tolérable et, qu’en l’exerçant, je fasse acte civilisateur ; une tolérance bien comprise devenant alors une véritable vertu à pratiquer quotidiennement. Sans oublier qu’il y a un seuil de tolérance à ne pas dépasser.

Il est vrai aussi qu’il y a deux façons d’être tolérant comme il y a deux manières de fraterniser : celle qui est dictée par l’amour et celle qu’inspire l’intérêt ? L’une et l’autre n’ayant ni la même valeur, ni la même finalité. La tolérance par amour est une disposition du coeur à la clémence et à l’indulgence et une propension naturelle à pardonner. Cela sous-entend un véritable goût des autres, une vraie disposition à la bonté, à la compréhension sensible d’autrui.

Mais on peut tolérer aussi par indifférence, c’est alors le laisser faire, le laisser agir de celui qui est détaché des êtres qui l’entourent. On peut, d’autre part, tolérer par politesse, ruse, calcul, mépris, voire lassitude. C’est le tout ou rien de l’intolérant qui use d’une intolérance raide et abstraite dans les aléas d’une existence souple et impure. Aussi, pas d’autre moyen, pour sortir de cette conception de la tolérance, que d’avoir recours au respect, le respect que l’on doit à autrui et que l’on se doit à soi-même, en faisant un effort pour mieux comprendre, c’est-à-dire pour entrer dans une relation plus étroite qui s’apparente à l’ordre de la charité.

Peu de mot plus dévalué que celui-ci en notre époque matérialiste où tout ce qui a une connotation spirituelle est entaché de suspicion. Et pourtant, charité se définit comme le principe du lien spirituel et moral qui pousse à aimer de manière désintéressée des hommes considérés comme des semblables, selon ce que Saint Paul a exprimé dans l’une de ses plus belles Epîtres :
 » Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien. La charité est patiente, elle est bonne. La charité n’est point envieuse, la charité n’est point inconsidérée, elle ne s’enfle point d’orgueil, elle ne fait rien d’inconvenant, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne tient pas compte du mal, elle ne prend pas plaisir à l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité. Elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne passera jamais ». ( I. Cor. XIII 1-8 )

Quelle plus belle leçon de tolérance ! Et puisque nous en sommes aux citations, considérons ce que d’autres sages ont écrit à ce sujet. Cela peut nous aider à affiner notre jugement et nous encourager à pratiquer dans la vie courante cette tolérance attentive et aimable.

« Le partage ne divise pas. Au contraire, il rassemble ce qui a été séparé, divisé. On sort de soi-même pour aller vers les autres avec bienveillance, contentement et modestie. Retrouve cette humilité joyeuse, animé du désir de servir le monde. C’est toi-même que tu recevras en partage, ta réalité profonde, en accord avec la réalité harmonieuse de l’univers ». Dugpa Ripoché

« Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes ». Heinrich Heine

« J’ai honte de nos hommes enivrés de cette sotte humeur de s’effaroucher des formes contraires aux leurs : il leur semble être hors de leur élément quand ils sont hors de leur village. Où qu’ils aillent, ils se tiennent à leurs façons et abominent les étrangers ». Montaigne

« 
Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre ». Spinoza

« Le respect de la différence  – qu’elle soit de race, de croyance, de sexe ou d’ethnie – se fonde sur l’alliance de modestie et d’exigence que chacun doit appliquer à soi-même et aux autres ». Federico Mayor

« Il ne s’agit pas de penser beaucoup, mais de beaucoup aimer ». Thérèse d’Avila

« Abstenons-nous de tout courroux et gardons-nous de jeter des regards irrités. Et n’ayons nul ressentiment si les autres ne pensent pas comme nous. Car tous les hommes ont un coeur et chaque coeur a ses penchants. Ce qui est bien pour autrui est mal pour nous, et ce qui est bien pour nous est mal pour autrui. Nous ne sommes pas nécessairement des sages et les autres ne sont pas nécessairement des sots. Nous ne sommes tous que des hommes ordinaires ». Prince impérial Shôtoku – Japon An 604

Éloge des petites choses

Elles nous ont fait ce que nous sommes, au long de nos enfances, ces petites choses de la vie. Souvenez-vous, c’était hier, l’école et son pupitre, l’encrier qui tachait les doigts, les cahiers ramassés à la hâte, le cartable un peu lourd et le petit chemin qui vagabondait entre les champs, le clair de lune qui nous faisait rêver, la marguerite que l’on effeuillait en secret ; oui, c’était hier et ce sont toujours ces joies si modestes qui font le temps léger et l’humeur joyeuse, ces riens qui ont tissé nos heures et reprisé nos peines. Aussi rendons-leur ce qu’ils nous ont donné par l’insistance du regard et la magie des mots.

C’était un temps délicieusement lent,
on se tenait serré comme une meute d’enfants.
Nous avions des refuges, des territoires
pour braconner les songes,
des goélettes ancrées en des ports défunts.

Lorsque la souffrance se défroissait
les bambins, un à un, venaient se coucher dans ses plis.
Ils avaient oublié leurs visages dans les feuilles
et ne savaient quel voyage poursuivre ;
dans quel château hanté s’ébattent les licornes,
vers quel contre-jour on navigue.

Ce chemin, à l’orée, est celui
où, sans fin, je reviens.
Il y aurait mille possibilités de se perdre.
Passez votre route, dit le sage.
Ne vous inquiétez pas de savoir où il conduit.
Ailleurs n’est jamais autre part qu’en soi.

Naguère j’aimais à te voir venir parmi les haies de lauriers et de symphorines. Tu ressemblais à un pèlerin. Les senteurs printanières se ramassaient sous les branches, on s’enivrait d’un chant de tourterelle, d’un baiser.
La vie avait les mêmes couleurs que l’enfance. Lentement elle nous envahissait. Nous passions des heures à deviner ce que le monde oubliait de nous montrer, des heures à surprendre l’irréalité.
Le soir s’allongeait contre la hanche d’une colline. Des murmures nous laissaient croire qu’autour de nous dansaient quelques anges candides. Paix à ceux qui entendent. Nos paroles se mêlaient au soliloque des blés.

Ne dis rien. Préservons ensemble
le temps qui dort,
tenons à l’abri la songeuse espérance.
Au dehors, laissons le bruit battre à la vitre,
l’horloge égrener son chant funèbre,
écoutons le râle de la mer et les vents, venus d’ailleurs,
nous bercer de la complainte des lointaines terres.

(…)

Nous saurons un matin nous éveiller ensemble,
sans rien attendre de l’empire des songes,
nous tisserons notre destin
qui nous fera aigle ou colombe.

Extraits de mon recueil de poèmes  » Profil de la Nuit »

 Passion des livres

photo fonds

En classant des papiers l’autre jour, j’ai retrouvé, au hasard d’une pile, un texte que j’avais commis à l’âge de 18 ans – j’étais alors élève à l’école du journalisme – à l’occasion d’un concours de bibliophilie qui me valut d’obtenir un second prix. 

Ma participation à ce concours n’avait d’autre raison que celle-ci : mon père, bibliophile, m’avait donné très tôt le goût des livres, si bien que j’avais eu la chance inouïe de trouver à portée de main, dans la bibliothèque paternelle, les ouvrages les plus divers et les mieux à même de m’enrichir. La plupart étaient des éditions originales, superbement reliées, que j’avais l’obligation de lire…avec des gants. On ne dira jamais assez le soin dont les bibliophiles entourent leurs précieux ouvrages. De nos jours, cette noble passion me semble toujours d’actualité, c’est pourquoi je retranscris au mot près le texte d’hier, espérant qu’il suscitera des vocations chez quelques-uns de mes visiteurs. D’autre part, sa ré-actualisation sur mon blog me permet de rendre, par-delà la mort, un hommage à un père qui a si bien su éveiller ma curiosité à toutes les formes d’art et de culture.

                             CONCOURS DU BIBLIOPHILE EN HERBE

Grâce aux livres, la pensée humaine a survécu à l’oubli du temps. Depuis que l’homme pense, il a cherché le moyen de fixer sa pensée afin qu’elle puisse se transmettre aux générations futures. Il a donc commencé par l’inscrire dans la pierre et laissé ainsi, au bord des routes, son message dans l’idée d’enrichir le capital humain du fruit de son expérience. Échelonné dans le temps, chaque siècle a bénéficié de nouveaux apports dans les domaines les plus divers et, dès que l’imprimerie a été inventée, les livres ont eu pour vocation d’être les dépositaires privilégiés de la pensée sous sa forme la plus intelligible. Ainsi s’est perpétué de génération en génération  un incomparable héritage.
Il est émouvant de recueillir les témoignages des temps révolus par le biais de ces oeuvres imprimées à l’époque même de leur création, d’où la nécessité de sauvegarder ce patrimoine dans les meilleures conditions possibles. Les Etats et les municipalités se sont employés à créer des bibliothèques à cet usage, mais le rôle du particulier n’en est pas moins primordial, car l’individu, mieux qu’aucun organisme social, est enclin à user d’attention et de dévouement pour réunir et préserver de tels documents. Ces deux formes de  conservation, collective et individuelle, présentent une utilité majeure ; l’accès aux sources de la culture devant être garanti à chacun.


Malgré les procédés mécaniques de reproduction dont nous disposons actuellement, la possession du manuscrit original ou de l’édition princeps est d’autant plus importante qu’elle est une preuve irréfutable d’authenticité. Tout ce qui se pare d’un caractère unique d’originalité, tant en textes qu’en images, acquiert pour l’avenir une valeur incomparable. Le bibliophile est l’homme attaché à la protection de ces valeurs. Son amour pour les témoignages du passé est encore renforcé lorsque la présentation s’enrichit de recherches artistiques : ainsi l’illustration qui complète les mérites du texte et la reliure qui donne élégance et beauté au livre, faisant de cet objet une véritable oeuvre d’art.

Il arrive néanmoins qu’une réédition soit supérieure au premier tirage pour les motifs suivants : l’illustration d’un artiste qui a embelli l’ouvrage ou bien  les corrections que l’auteur a souhaité apporter en prévision des tirages ultérieurs. Je citerai, pour exemple, la 2eme édition du Génie du Christianisme  qui comporte des corrections de Monsieur de Chateaubriand et sa dédicace au Général Bonaparte ; celles-ci ne figurant plus ensuite dans aucune autre édition. Il s’est créé ainsi un classement des ouvrages anciens de librairie, selon l’importance sentimentale qu’ils revêtent aux yeux de l’amateur et selon leur état de conservation.

Par chance, la bibliophilie n’est pas une passion égoïste. Le bibliophile accapare rarement les livres pour son seul profit ; il les prend en charge et les garde dans le souci constant de n’être que momentanément le dépositaire d’un trésor. Il peut d’ailleurs, à l’occasion d’expositions, prêter et communiquer certains d’entre eux ou les léguer plus tard à une collectivité. Les facteurs déterminants de leur valeur sont d’une part la qualité du texte, d’autre part  la notoriété de l’auteur. Les classiques forment assurément le fond de toute bibliothèque qui se respecte. Mais, à partir de là, le choix des oeuvres est largement ouvert ; chacun ayant à coeur de se spécialiser dans une époque, un style, des sujets qui le touchent ou le concernent plus précisément, en vue de composer un ensemble cohérent.


Après le texte, la présentation est l’élément qui, en général, détermine une acquisition. Elle consiste dans la qualité de la typographie et du papier. Il est intéressant de noter que l’époque romantique a souffert d’une insuffisance dans la fabrication du papier, aussi les ouvrages du XIXe sont-ils souvent marqués de rousseurs et de piqûres. C’est pour cette raison que ceux parvenus jusqu’à nous dans un état satisfaisant de conservation sont particulièrement prisés.
Depuis le Moyen-Age,  l’homme a pris goût à enjoliver ce qu’il y avait d’un peu trop abstrait dans la pensée écrite. Ainsi les manuscrits se sont-ils enluminés et enrichis d’admirables miniatures ; puis, avec la découverte de l’imprimerie, apparurent la gravure sur bois, puis sur cuivre et sur pierre, enfin la photographie.
Il est évident que le travail accompli manuellement l’emportera toujours sur les procédés mécaniques. De grands artistes se sont consacrés à l’illustration des livres et en ont fait un art original et raffiné. De telles réussites ont marqué à jamais l’alliance d’un texte et d’une iconographie de haute qualité. Ces ouvrages rares sont appréciés des bibliophiles,  moins pour leur valeur numéraire que pour leur richesse artistique et intellectuelle.

L’habillage du livre, c’est-à-dire la reliure, couronne l’ensemble. C’est là aussi un art à part entière. Le relieur a le devoir d’harmoniser son travail avec la teneur du sujet auquel il se voue. Il est préférable que la reliure ait été réalisée peu de temps après la publication, l’ensemble représentant, dans ces divers domaines, le témoignage d’une époque.

Cette collaboration dans le temps justifie les soins et l’amour que les bibliophiles portent aux livres anciens et, à travers eux, l’hommage silencieux qu’ils rendent à la pensée et aux travaux de leurs aînés dans ce qu’ils ont fait de meilleur et de plus remarquable. Les objets du passé ont toujours eu un attrait irrésistible pour ceux qui se plaisent à découvrir la mystérieuse poésie du souvenir.

La haute bibliophilie ne se conçoit pas uniquement comme une quête de livres anciens réputés, mais s’attache à exhumer des exemplaires rarissimes qui portent les traces de l’histoire. C’est ainsi que des livres, annotés de la main de grands écrivains et porteurs de dédicaces que les épreuves du temps ont rendu attachantes, revêtent une valeur de culte pour les bibliophiles. Nul doute que cette noble passion grandisse l’homme qui s’y consacre car, à l’effort de recherche et de culture qu’elle suppose, se joignent des qualités de coeur et de sentiment. Puissent naître de nouvelles générations de bibliophiles qui s’attacheront à veiller, dans les siècles à venir, sur le patrimoine de la pensée et souhaitons qu’une capitale, comme Paris, reste le centre mondial d’une telle activité !

Adieu Slava, hommage à Mstislav Rostropovitch

rostro Mstislav Rostropovitch : un violoncelliste sest tu

Malade depuis plusieurs mois, le violoncelliste Mstislav  Rostropovitch s’est éteint à l’âge de 80 ans. Lorsqu’un violoncelle se tait, il semble que le monde devient soudain silencieux, que quelque chose a changé imperceptiblement. C’est la musique qui est en deuil, ce soir du 7 Novembre 2009, de l’un de ses plus prestigieux archets. Rostropovitch possédait un toucher unique, une musicalité qu’il devait à une technique parfaite et à une extraordinaire capacité d’interprétation.

Mstislav Rostropovitch : un violoncelliste sest tu

Rarement violoncelle n’aura chanté aussi bien, n’aura émis des phrasés aussi subtils et profonds. Heureusement, les disques nombreux enregistrés par l’artiste nous permettront de ré-entendre quelques-unes de ses plus admirables exécutions de la musique ancienne et contemporaine, car le violoncelliste s’était aventuré dans les partitions les plus variées.
Homme d’engagement et de convictions, ami fidèle de deux compositeurs critiqués par Staline, Prokofiev et  Chostakovitch, il accueillit également chez lui en septembre 1970 l’écrivain dissident Alexandre Soljenitsyne et n’hésita pas à défendre sa cause par une lettre ouverte qui lui vaudra sa disgrâce en URSS et le contraindra à l’exil.

Déchu de sa nationalité soviétique, il gagna l’Europe avec son épouse, la célèbre soprano Galina Vichnievskaïa, et devint un citoyen du monde occidental, donnant dans toutes les capitales de nombreux concerts. Il ne reviendra dans son pays natal qu’en 1990.


Né à Bakou en mars 1927, Rostropovitch commença très jeune l’étude du piano, puis du violoncelle, avant d’entrer au conservatoire de Moscou, où il suivit les cours de Chostakovitch. Distingué rapidement pour ses dons exceptionnels, il remporta les concours les plus prestigieux et fut même gratifié du Prix Staline en 1951 et 53 et du Prix Lénine en 1964 et 66 comme  » Artiste du peuple de l’URSS ».

Pour autant, le musicien ne se contentera pas d’être le plus grand violoncelliste de la seconde moitié du XXe siècle, mais s’attachera également à la direction d’orchestre et mettra son talent au service des oeuvres issues du patrimoine russe. Il venait de fêter ses 80 ans au Kremlin, invité par Poutine et entouré de 800 invités. Les temps ayant changé, n’était-il pas considéré aujourd’hui comme l’une des gloires de la Russie ?
On se souviendra de lui à plusieurs titres : comme musicien remarquable mais, tout autant, comme homme de courage qui osa défier la dictature communiste. Il restera dans l’histoire un défenseur des libertés et personne n’oubliera sa silhouette improvisant un concert devant le Mur de Berlin en novembre 1989 dans une atmosphère de liesse et de recueillement. En lui s’unissaient, en une harmonie rare, le musicien de génie et l’homme de coeur. Adieu Slava…

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