Partons pour le Maroc et une escapade en pays berbère… De Marrakech la rouge à la vallée des Ait Bougmez la verte… entre découvertes des traditions, rencontres avec les autochtones et paysages splendides…
Ce voyage au Maroc vous mènera de Marrakech, la ville rouge jusqu’à la vallée des Ait, Bougmez la verte, où vous apprécierez l’esprit et l’art de vivre berbère rythmé par le travail, le marché, l’artisanat et l’élevage… les fêtes comme la fête de la tonte. Sans oublier cette hospitalité unique des berbères à l’égard des visiteurs…
Voyage Maroc – De Marrakech la rouge … à la vallée des Ait Bougmez |
Le taxi a quitté les larges plaines qui entourent Marrakech. C’est l’époque de la récolte des olives, et des monticules de fruits gris-noirs attendent au bord des chemins leur transport vers les pressoirs des villages.
Nous avons atterri avant hier au Maroc et nous attendons maintenant avec impatience de partir vers l’Atlas, massif improbable et pourtant proche, entrevu au loin des nuages de la ville.
Marrakech! Un nom de senteurs et de tissu précieux, à la fois « spot » touristique et vigie de briques usées par le temps. La place Jema El afna, rendez vous des montreurs de serpents et des regardeurs du monde, des routards éblouis et des commerçants qui empilent sur leurs roulottes dattes, figues et grains de soleil en d’étranges montagnes. Sensation d’intemporalité, de dérision du temps.
Le nuage des grillades flotte comme une soie légère au-dessus du parvis, les vélomoteurs ne s’arrêteront jamais. Il est temps de partir vers les sommets enneigés de l’Atlas.
La route s’amuse maintenant à courir d’un vallon à l’autre. C’est la toute première fois que je pose le pied en Afrique, et j’ai comme une curieuse impression d’ouvrir un livre ancien, genre « Dictionnaire universel des pays et des peuples ».
Est-ce la couleur sépia des paysages ? Vallons de cailloux, lit de torrents défaits par les orages, chemins qui partent vers nulle part, fermes et villages posés par le temps des hommes.
Azilal. Sur le Guide Bleu du Maroc, édition 1950, il est précisé que le marché d’Azilal a lieu le jeudi. L’information est fiable.
Nous demandons à notre guide de nous y arrêter.
Sur la terre poussiéreuse du champ de foire, sont installés les étals extravagants des marchands de l’Atlas. Ici, le monde bouge, vit, se rencontre, négocie, s’invective, s’embrasse. Tous les biens s’échangent, remuent, arrivent, repartent. Nous déambulons dans les allées, nous les privilégiés de la consommation, les cœurs de cible de l’Occident tranquille. En ce lieu qui ne nous est pas destiné, qui sommes-nous? Quelle image représentons-nous pour ces commerçants et ces clients aux éternelles habitudes ? Contradictions du voyageur, regard lointain des femmes et sourire des enfants.
Se taire, voir sans trop regarder, puis repartir plus loin vers les Aït Bougmez et le gîte Touda.
Ait Bougmez ; un désert d’altitude… |
Sur le côté de l’esplanade fumante, attendent les ânes et les mules dans une grande patience. Azilal est déjà loin, et la route devient piste. Nous sommes entrés dans la montagne et le paysage est maintenant plus austère. Le ciel est bas et ne semble pas vouloir nous ouvrir les sommets.
Buissons gris des genévriers, habitations éparses, verts étonnants des fonds de vallée. Pas de place pour l’intermédiaire, la douceur et l’harmonie des choses. Peut-on choisir d’habiter ici ?
Au détour d’un virage, à l’entrée d’un chemin perdu, marche souvent une mule chargée de ballots.
Il a neigé sur le haut du col et nous devons passer. Les 4 roues motrices du véhicule sont bien utiles pour progresser sur ce terrain: notre chauffeur choisit même d’emprunter un raccourci pour éviter des travaux !
Arrêt bien mérité au col. Dans le brouillard et les petites plaques de neige, Mazighe, notre guide s’éloigne pour prier. Chemin du Ciel.
Le soir s’approche lorsque nous entamons la descente rapide dans la vallée des Bougmez. La terre est plus noire, presque volcanique, et au loin, le fond de la vallée apparaît, plus vert.
Nous rejoignons la piste qui relie les villages et remontons jusqu’au dernier village, Zawyat Oulmzi. On questionne un passant, qui connaît la maison d’hôtes Touda. C’est là, tout près. De toutes les façons la route ne va pas plus loin : Berbère terminus.
Des villageois nous saluent, rires d’enfants. Touda est là haut, tout au dessus du village. Il faut trouver une mule pour vite monter nos bagages. Nous sommes bien pressés. Il y a plus urgent : la bienvenue au village !
Ait Bougmez ; Esprit berbère… |
Nous sommes accueillis dans la maison du père d’Ahmed, le gérant de la maison d‘hôtes Touda. C’est comme toutes les maisons des Bougmez une construction quadrilatère de pierre et de pisé, au toit plat de terre battue : à l’étage, un plafond blanc richement décoré, des tapis et des coussins au sol.
Regards, mots d’accueil et gestes de partage, bonheur simple du goût du pain, du miel sombre, ambre de l’huile d’olive et volutes de thé à la menthe. Un temps pour être ensemble.
Fatima et Halima nous attendent là haut et, en quelques minutes, nous marchons vers l’Ecolodge Touda.
Au pied du massif du M’Goun (4071 m), il se situe dans le village de Zawyat Oulmzi en plein cœur de la haute vallée des Ait Bougmez, à 2200m d’altitude.
Dans un hébergement qui réunit authenticité et modernité, nous goûtons à une nouvelle manière de voyager en prenant le temps de nous imprégner de la différence et de la magie du lieu.
Sur le modèle des maisons de la vallée, posé au rebord d’une plate forme qui domine fièrement le village, Touda est une maison d’hôtes fondée sur le développement durable au coeur d’un espace naturel de grand intérêt.
Sobriété des volumes, grande pièce centrale, confort des chambres : tout est fait pour que l’on se sente bien ici, au bout du bout de la vallée heureuse. Au loin, sur les crêtes, un timide rayon de lumière semble encore agacer les nuages. Nous réclamions le soir, il descend, le voici.
Chez les nomades Ait Atta |
Aujourd’hui, nous partons au lac d’Izourar, haut lieu de transhumance berbère. Le chemin de la montagne serpente entre genévriers rouges et euphorbes grasses. En apparence, ces pentes caillouteuses sont bien pauvres ; et pourtant, Said nous fait observer que tout ou presque est cultivé, sur les petites parcelles soutenues par des murets. On fait dès le printemps pousser de l’orge.
L’automne a tout rendu pour un temps à la nuit du monde minéral. Les sommets qui nous entourent sont bien enneigés, formes aux rondeurs étranges et toutes neuves. Nous traversons des ruisseaux bien fournis : il semble que l’eau ne manque plus aujourd’hui après tant de sécheresse. Pourtant, du fait de l’altitude, la végétation se met progressivement sur la défensive : coussins épineux, ilots égoïstes de vie.
Enfin voici le lac d’Izourar, vaste étendue qui couvre tout le fond de l’ancienne vallée glaciaire. Il paraît que, compte tenu de sa faible profondeur il disparaît totalement certaines années.
Une fumée, des taches de couleur sur le maigre alpage : des nomades ont posé leur campement sur la rive sud du lac.
Grâce à Ahmed et Mazighe, nous avons le privilège d’aller à leur rencontre et de nous asseoir autour de leur foyer. Il fait beau, le ciel est immense et la vallée sans limites.
C’est le repas de tous les privilèges. Les bergers partagent avec nous le thé à la menthe, et ils disposent assurément de quelque sortilège pour verser tant de thé à partir d’un si petit ustensile. L’hospitalité chez ses hommes n’est pas un vain mot.
Ils disent continuer demain vers le Sud, passer les cols, et se diriger avec leurs troupeaux en direction des plateaux désertiques du grand sud marocain. Demain, si le temps l’autorise?
Un enfant les accompagne. Il est orphelin et a les yeux tristes. Ce soir, un enfant aura froid dans la montagne. Que dire ?
Chacun quitte le campement en silence. Pour nous c’est le retour vers la Vallée Heureuse.
Par un canyon rocailleux, inhumain, nous rejoignons le lit asséché d’un torrent, qui nous ramène rapidement au Jardin des Bougmez: pommiers, parcelles bien entretenues, cris du conducteur d’araire et femmes ramassant les pommes de terre.
Le silence se fait sur notre passage. Le sentier s’amuse avec les talus et les murets, puis nous conduit enfin au village. Où dormiront ce soir les bergers de l’Atlas ?
A l’étage de la maison, deux femmes tissent un tapis. La lumière est minuscule. Elles sont là, contre le mur de fils, accroupies en silence, nouant chaque brin de couleur pour créer le motif. Le tapis sera vendu plus tard à quelque marchand, ou offert à la famille. Il ne faut pas tisser trop longtemps, car les yeux des femmes se fatiguent.
Neige sur la vallée heureuse d’Ait Bougmez |
Nous sommes redescendus le long de la rivière qui fait la Vallée Heureuse.
C’est un collier de villages aux maisons de terre et de pierres sèches, surmontant le quadrillage des parcelles cultivées. Les canaux d’irrigation donnent vie aux cultures, et l’on sent qu’une organisation millénaire sous tend tout le pays.
Beaucoup de petites écoles: les enfants sont nombreux; d’improbables boutiques aux discrètes enseignes, où l’on vend l’indispensable et l’inutile. Quelques lauzes à peine dressées au bord du chemin: c’est le cimetière des gens, dérisoire, poignant.
Chez nous, c’est la Toussaint. Il se met à pleuvoir.
Nous rejoignons la rive droite et entrons dans une maison où on nous attend.
Tapis épais, coussins colorés, excellent tajine partagé à la berbère, avec les doigts en guise de couverts. Repos bénéfique.
Lorsque nous arrivons à l’Ecolodge Touda, il neige sur la Vallée Heureuse. Quand la neige est tombée sur le village, chaque habitant monte sur le toit de sa maison pour l’en débarrasser : c’est armé de pelles, de pousse-neige, de balayette que chacun doit chasser l’intruse, car celle-ci fondant sur la terre battue provoquerait infiltrations et dégradations.
Ici une maison n’est jamais terminée: il faut toujours la réparer, la préserver, la ravauder comme un indispensable habit usé.
Vu de Touda, le village sous la neige ressemble à un tableau de Bruegel l’Ancien, et la brume y fait comme une patine.
Ait Bougmez : Traditions et rencontres berbères |
Finalement, nous allons à Tabant, centre économique de la vallée, à 20km du gite. Le Dimanche est là-bas le jour du souk, c’est important. Descente d’abord à pied, puis en taxi collectif. Le marché de Tabant, malgré le mauvais temps de ces derniers jours, est remarquable. La boue, les odeurs, les bruits et les couleurs, le cheminement des mules et les dialogues des chalands font un tableau pittoresque et unique.
Encore plus unique est le spectacle des taxis collectifs, où jamais l’on n’imagine que de tels véhicules puissent accueillir tant de passagers chargés de leurs encombrantes emplettes, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur !
Au retour du marché, nous profitons de notre dernier après-midi pour faire un hammam traditionnel à Touda.
Incontournable au Maroc, il est à la fois relaxant et revitalisant. Le hammam est un espace de beauté complet qui permet d’allier plaisir et bienfait pour l’organisme: grâce à sa chaleur humide il nettoie la peau en profondeur, la rendant douce et soyeuse.
Ce soir, pour la dernière fois, nous dormons dans la Vallée Heureuse. Notre dernier repas fut joyeux: l’équipe de Touda et quelques habitants du village se sont joints à nous pour une soirée de danse, de musique et chants berbères.
Demain, de bonne heure, il sera temps de reprendre la route de Marrakech et quitter nos hôtes avec qui nous avons vécu des moments forts et reçus de bonnes leçons de vie.
Sur la route, nous prolongerons encore ces quelques agréables moments en nous arrêtant aux cascades d’Ouzoud, les plus hautes du Maroc. Nous aurons également la chance d’y voir les singes magots qui vivent à l’état sauvage dans les forêts du Maroc et d’Algérie.
Nous aurons vécu ici des jours magnifiques inoubliables.
Fête de la tonte
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