Litterature anglaise. A man could stand up de Ford Maddox Ford est le troisième des quatre romans que compte la saga Parade’s End…
Le titre du livre A man could stand up fait référence à une remarque de Teijens, alors qu’il est en faction dans les tranchées. Attendant une attaque imminente allemande ou la fin de la guerre, ce dernier explique qu’avec la fin du conflit, un homme pourra enfin se tenir debout sans risquer une balle dans la tête.
Le roman est divisé en trois parties. La première se passe le jour de l’Armistice. Valentine Wannop qui travaille toujours dans une école pour filles est appelée au téléphone. Parce que dans les rues au dehors, il y a beaucoup de bruit (les gens manifestent leur joie à l’annonce de la fin du conflit), elle n’entend pas ou très mal ce que lui dit la personne à l’autre bout du fil. Elle finit par comprendre (sans en être bien sur), que Christopher est rentré à Londres, qu’il est mal psychologiquement (il aurait fait vider son appartement et n’aurait pas reconnu un portier) et qu’il demande à la voir. Valentine, qui s’était résolue à oublier Christopher, est troublée par cet appel. Elle met en doute le fait que Teijens a fait appel à elle (elle pense qu’il s’agit d’une manoeuvre d’Edith Macmaster), elle ne sait pas si elle veut vivre avec lui, elle ne sait plus si la formation qu’elle a reçue et qu’elle a prodiguée aux jeunes filles de son école sont encore valables dans le monde à venir.
Dans la deuxième partie de roman, l’histoire revient en peu en arrière, puisque nous retrouvons Teijens dans les tranchées, attendant une attaque allemande, mais sans en être sûr et en espérant en fin de compte qu’on lui annonce la fin de la guerre. Teijens, en proie à l’ennui qui précède les attaques, revient sur son expérience de soldat (qu’il a finalement aimé au point de vouloir diriger son propre bataillon), sur sa vie après guerre et sur sa volonté presque martiale de vivre avec Valentine (comme s’il s’agit d’un droit pour lui qui a fait la guerre).
La dernière partie du roman semble reprendre là où on avait laissé Valentine. Cette dernière a décidé de se rendre chez Christopher, bien qu’elle ne soit pas encore sûre de vouloir vivre avec lui. Lorsqu’elle arrive dans l’appartement qu’il occupe à Londres, elle est seule et voit dans la disposition du mobilier des signes néfastes annonçant que Teijens veut en fait la tuer. Arriveront, dans une presque immédiateté, un coup de fil de sa mère, Teijens et ses camarades de combat. Valentine laisse à sa mère le soin de décider de son futur avec Christopher, ce qu’elle ne n’osera pas faire finalement, laissant à ce dernier l’ultime décision. La soirée se clôt dans une vaste beuverie où les camarades de Teijens fêteront la fin du conflit, dans l’alcool et la danse. Valentine, recluse dans un coin de la pièce, se sent à l’écart presque jalouse de la complicité des autres hommes avec Christopher.
Ce troisième roman est plus linéaire que les précédents, ce qui le rend à la fois plus facile à lire et peut-être moins intéressant. Peu de dialogues entre personnages dans ce livre mais beaucoup de restitution des pensées des personnages, notamment Christopher et Valentine. Avec la fin de la guerre, l’étau semble se resserrer sur les deux amants, comme si, pour justifier ce qu’ils ont vécu séparément, il leur fallait maintenant vivre ensemble tout en sachant pertinemment que leur relation est vouée à l’échec. Glaçant. On est très loin de la vision presque romantique de l’adaptation télé, où l’on voyait les deux amants se retrouver enfin après une séparation si douloureuse. Dans le roman, Valentine a peur de Christopher et elle n’ose plus se refuser à lui. Il lui faut se souvenir du temps passé, pour accepter de se rendre chez lui.
J’ai moins aimé ce tome 3. Le récit est recentré sur Christopher et Valentine et laisse énormément de place à leurs réflexions intimes, ce qui est peu agréable à lire. L’impression générale que donne ce roman est celle d’un grand gâchis, humainement et sentimentalement. L’un comme l’autre ne peuvent plus vivre comme avant la guerre, mais l’un comme l’autre veulent poursuivre leur relation amoureuse nouée avant la guerre. Un acte presque désespéré comme ce roman.
Découvrir le Blog des Boggans…
- Les Onze de Pierre Michon (Editions Verdier) - Août 20, 2014
- Chroniques de Jerusalem de Guy Delisle ; une naïveté construite - Juil 5, 2014
- La mort de Staline: l’agonie de Staline en BD selon Fabien Nury et Thierry Robin - Juil 5, 2014