Guerre des gangs à Jaffa. Le premier film du couple de cinéaste israélo-palestinien Scandar Copti/Yaron Shani rappelle Amours Chiennes et soutient plutôt bien la comparaison… L’israélien Yaron Shani et le palestinien Scandar Copti se sont rencontrés lors d’un festival il y a sept ans. Ils se sont notamment associés pour la réalisation d’Ajami, leur premier long-métrage.
Ajami, titre du film, est le nom du quartier de la ville israélienne de Jaffa dans laquelle se déroule cette histoire. Le quartier est présenté comme multiculturel avec une coexistence loin d’être pacifique entre juifs, musulmans et chrétiens.
Le film démarre par un assassinat en pleine rue. Il s’agit d’un règlement de compte, après qu’un membre d’un gang se soit fait tué alors qu’il venait racketer un patron de bar. Ce point de départ est celui d’une intrigue foisonnante, découpée en quatre chapitres pour autant de trajectoires personnelles, de regards différents, qui se rejoindront évidemment dans la conclusion du film.
Ajami rappelle dans sa construction le film qui révéla Alejandro Gonzales Innaritu, Amours Chiennes. La guerre des gangs qu’orchestre le duo de réalisateurs israélo-palestinien, est nettement moins spectaculaire du simple point de vue de la maîtrise cinématographique. Reste que le film est louable pour la solidité de son scénario (plutôt complexe) et l’efficacité de son rythme. La maîtrise des deux cinéastes est rélle, tant le film mélange de manière intelligente non seulement les différentes sous-intrigues mais aussi les divers registres émotionnels
Les personnages ont tous une raison de se comporter de la manière dont ils le font, qu’il s’agisse d’un réfugié palestinien qui veut toucher assez d’argent pour payer les soins de sa mère gravement malade, qu’il s’agisse d’un policier prêt à tout pour venger la mort de son frère etc.
httpv://www.youtube.com/watch?v=25hcWz73SGI
Ajami n’est pas un film particulièrement original. On a déjà assisté à d’autres guerres des gangs ici et là, aux quatre coins du monde et les histoires restent souvent semblables. Mais, et c’est un signe de la réussite d’Ajami, on n’éprouve pas pour autant de sentiment de déjà vu. Ajami est un film dense, captivant et qui, malgré quelques grossièretés scénaristiques, ne nous abandonne qu’au moment de l’orchestration finale. Très classiquement, les trajectoires se rejoignent, ou plutôt se confrontent. Mais il fait un certain talent pour que tout finisse par coïncider. Ajami est en plus un premier film. La maîtrise du duo de cinéaste n’en est que plus éloquente.
Benoit Thevenin
Ajami – Note pour ce film :
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