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Anonymous de Roland Emmerich

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Et si Shakespeare était un faux? Bien qu’après quelques minutes de films, on se fiche complètement de l’identité réelle de ce Shakespeare tant l’évocation de ses pièces nous donne envie de nous y
replonger, à l’inverse, que Roland Emmerich soit un faux, un faux cinéaste, on n’en doute pas une seconde. Le film s’ouvre sur l’arrestation d’un homme, Ben Johnson, dans l’illustre théâtre, le
Globe. L’homme a le temps de cacher ses manuscrits dans les soubassements du théâtre avant que les gardes n’y mettent le feu. Quelques années plus tôt, on retrouve ce Ben Johnson dans un théâtre
de Londres où il tente d’y faire monter ses pièces. Jusqu’au jour où il rencontre le comte d’Oxford qui lui propose un marché: le Comte lui donnera des manuscrits de pièces écrites de sa main,
mais Ben devra les signer et les mettre en scène. Hésitant, c’est finalement un acteur médiocre qui va faire jouer les pièces et y apposer son nom: William Shakespeare. Le Comte espère qu’avec
ses mots, il parviendra à attirer l’attention de la Reine, trop conditionnée à son goût par les Cecil, père et fils.

Gros avantage du film, l’histoire est navrante dès les premières minutes, donc après soit tu arrêtes soit tu continues avec un sourire aux lèvres. On a continué non sans mal, avec beaucoup
d’indifférence envers cette théorie sur l’identité de Shakespeare et sans bien comprendre les difficultés de la Reine à trouver un héritier. L’habillage historique est tellement cacophonique,
qu’on ne cherche plus au bout de quelques minutes à y comprendre quelque chose. La goutte d’eau qui fait déborder le vase vient quand on apprend que le comte d’Oxford est le fils de la Reine et
que comme ils ont fucki-fucké ensemble, ils ont enfanté un autre bâtard, bien incestueux celui-là. Quel intérêt? Aucun. Mais Emmerich n’a peur de rien, comme on peut le voir dans la bande
annonce. Par contre, il a de l’argent car les reconstitutions de Londres (et du Globe) sont pas mal.

— LN

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Je suis un poil moins sévère que H. Quelques idées ont retenu mon attention (le personnage d’Oxford, l’assassinat de Marlowe et la tentative de concilier les différentes théories autour de
Shakespeare, et puis il y a Derek Jacobi en choeur! Mais qu’allait-il faire dans cette galère?). Mais il est vrai qu’il faut mettre de côté tout ce que l’on sait (même si c’est très peu dans mon
cas) sur la période. D’ailleurs, ce n’est pas tant que le traitement de l’Histoire qui fait mal que celui de l’intrigue qui part dans tous les sens sans but véritable si ce n’est d’aligner les
scènes spectaculaires (on est chez Emmerich quand même et à défaut de Bentley volante, il faut des reconstitutions de camps militaires à dos de falaise filmé par hélicoptère). Les reconstitutions
sont effectivement bien fichues mais ne servent pas à grand chose non plus.

Sur le fond, trois idées m’ont hérissé le poil: 1) Shakespeare ne peut être Shakespeare et est forcément un aristocrate (ici Oxford), parce qu’un homme « du peuple », vous comprenez, c’est
forcément un crétin incapable de sensibilité poétique. C’est, pour les érudits shakespeariens, la « thèse d’Oxford » (oui, depuis que j’ai vu ce film, je suis allé me documenter un peu, car
l’ensemble était tellement outrancier que je me suis demandé si je n’étais pas mené en bateau) qui existe depuis la parution d’un livre en 1920 d’un certain J. T. Looney (le bien nommé!). Oxford
est mort en 1604, soit bien avant que la plupart des pièces de Shakespeare aient été écrites, selon toute vraissemblance.

2) Shakespeare/ Oxford n’a écrit ses pièces qu’en réaction à l’actualité de son temps. Mais alors, pourquoi est-il toujours le dramaturge le plus joué? Pourquoi est-il universel? Cette vision de
l’art et de l’artiste, au service de l’action du moment, et donc du film d’action que voulait mettre en scène Emmerich, est navrante. D’ailleurs c’est le plus grand échec du film: il se contente
d’aligner les scènes de théâtre sans nous donner à voir, à vivre, à comprendre ce qui fait la force du théâtre de Shakespeare et pourquoi aujourd’hui encore il est si actuel et donc intemporel.

3) Elizabeth est navrante également: une sorte de délurée incapable de penser pour elle-même et du coup il lui faut ses conseillers et ses ministres (les Cecil) sans quoi elle fait n’importe quoi
et pond des bâtards à tout bout de champ sans savoir quoi en faire… Là encore, voilà une vision de l’Histoire et de la place des femmes qui date et pas qu’un peu.

Ah et sinon, je ne supporte pas, mais alors pas du tout, l’acteur qui joue Southampton (et Arthur dans la série Camelot aux côtés d’Eva Green). Son air de minet, mélange de
sainte-ni-touche et d’arrogance suffisante en même temps, est vraiment insupportable.

Mais sinon, c’était marrant.

— Mathieu

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