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Apprendre le thaï : la langue thai et le langage du cœur

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La pensée humaine procède souvent par des métaphores, qui ne sont pas  que l’apanage des écrivains ou des poètes. Dans la langue thai, par exemple, le mot « cœur » « jaï », est une – si ce n’est la plus importante et complexe – des métaphores. Difficile d’imaginer une seule phrase en thaïe sans rencontrer ce mot. « Jaï » traduit l’émotionnel, le mental, le spirituel aussi bien qu’une condition ou un état physique et fait référence à l’abstrait (les sentiments) et au concret (l’organe). « Jaï » est le centre de la pensée et des sentiments et exprime bonheur, espoir, anxiété, peur ou tristesse, et bien plus encore. Et puis « Jaï » dans la grammaire, est autant  verbe, que nom, qu’adjectif ou adverbe…. Simple, non ?

La langue thai ; une façon d’imaginer la mentalité et l’identité thaïe

Apprendre une langue nouvelle lorsqu’on est adulte, c’est redevenir un enfant. Que dire alors de l’apprentissage d’une langue à cinq tons comme la langue thai ?  Un écrivain américain – Christopher G.Moore – s’est amusé à répertorier plus de 500 mots comprenant le mot « jaï ». Voilà qui dit toute son importance dans le langage des thaïs. Comprendre et utiliser ce mot, c’est sans doute une façon d’entrer dans la mentalité thaïe, une façon d’imaginer l’identité thaïe (traduit par « thaiinesse » ?).

« Comprendre » « khao jaï », est un mot simple, utilisé souvent dans le langage courant. En thaï, ce mot veut dire bien davantage que « J’ai compris ce que  vous m’avez dit », littéralement cela signifie que ce que la personne vous a dit est « entré » (khao) dans le cœur (jaï) ».

Lorsque le vocabulaire fait autant usage et référence au cœur, est-ce que ces mots, – constitués de « jaï » –  ne sont pas autant de liens invisibles et magiques qui nous envoûteraient, inconsciemment ou non,, nous, occidentaux ?  Je ne cherche pas une réponse rationnelle à cette question : «  Pourquoi cette attirance si forte pour un pays, une nation, un peuple » ? J’ai rencontré dernièrement quelqu’un de complètement « envapé » (comme des milliers d’autres), prêt à tout laisser, femme, enfant ,après trois semaines de Thaïlande et la douceur attentive d’une jolie jeune-femme Isan… Comme quoi, il n’y a pas que les mots qui envoûtent…

En attendant, j’aimerais rappeler à ceux qui vont – je l’espère –  tenter de se réconcilier –  pro et anti gouvernementaux –  qu’il existe une expression thaïe pour se  réconcilier. « Nom jaï ». L’essentiel de ce mot veut dire humilité, compromis, réconciliation.  Avaler son amour propre, afin d’atteindre l’harmonie avec l’autre. « Nom jaï » : aller vers l’autre afin de résoudre une impasse. C’est également une phrase pour montrer son respect au roi. Le jour de la fête des pères en Thaïlande (qui est le jour de l’anniversaire du roi, le 5 décembre), les thaïs allument des bougies et cet acte de respect est aussi appelé  « nom jaï »

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 Billet d’humeur joyeuse par temps de grandes tempêtes

Parmi toutes les raisons qui poussent les résidents de longue date à vouloir apprendre le thaï, en voici quelques-unes : comprendre le peuple thaï – ne pas se faire rouler lors de transactions commerciales – pouvoir marchander – pour être en phase avec la culture – ou tout simplement pour le plaisir. La meilleure de toutes, parce que la plus motivée, est celle des missionnaires, capable d’apprendre les langues les plus improbables en quelques mois pour venir ici planter leurs petites églises (ou leurs grosses sectes). Peu s’attaque au thaï, car les thaïlandais, bouddhistes par essence, ne sont pas facilement convertissables, ils ont déjà bien trop dépensé à la banque bouddhiste (achats de mérite : tham boon) et du coup ne sont pas prêts à changer de banque. Ils risqueraient d’y perdre tous leurs intérêts précédents. Mais quoi ? Je plaisante non ! (non.)

La plus mauvaise des raisons mais la plus fréquemment évoquée du côté de l’Isan, (nord-est du paysoù se trouve la plus grande concentration d’occidentaux mariés à des jeunes-femmes thaïlandaises) « Je veux comprendre ce que ma femme dit au téléphone. A qui elle parle. Et pourquoi ça dure des plombes, qu’est-ce qu’elle peut bien dire ? »

Que vous maîtrisiez le siamois des langues « O », le thaï colloquiale, (« phasaa thalat » : litt. « le parler du marché », donc le » parler de la rue »), il y aura toujours des expressions qui vous seront inconnues (comme celle-ci : kham khi dii kwaa kham tot ») et si elle ne souhaite pas être comprise, vous ne la comprendrez pas.

Mais pourquoi dix mots lorsque, nous, farangs, n’en utilisons que deux par exemple ? C’est quand même facile de dire « oui » ou « non ». Eh bien non justement. Sinon vous seriez thaï.

Bien sûr j’ai un maître-étalon à la maison (sauf qu’il n’est ni mon maître, ni mon étalon, et combien même !), qui a de la patience et m’explique et puis je cherche aussi par moi-même.

Les verbes n’ont aucune imagination en thaï, entendez par là : ils sont fixes. Donc la conversation sans l’art de la conjugaison prend vite une tournure impérative, directe, qui ne convient pas au tempérament thaï, qui aime faire joli, agréable. Alors les thaïs usent de circonvolutions, de politesses alambiquées, d’onomatopées qui n’ont aucune équivalence dans le dictionnaire. Ou alors pour affiner le sens d’un verbe, ils en mettent trois ou quatre à la suite (tiens, comme « voter » par ex.  qui se dit : « ok siang leuak, tang » : ook : sortir – siang – faire du bruit avec la voix – leuak : choisir – tang : notion de diversité)…capito ?

Maintenant quant à savoir à qui « elle »parle. Vous pouvez vous faire du souci si elle dit « phi » (elle parle donc à quelqu’un de plus âgé) Aïe ! Tandis que le « mien » si je l’entends dire « look » il peut aussi bien s’adresser à son fils ou à sa fille, qu’à une fille jeune. Aïe !

En général avec mon sens pratique et mon esprit fataliste… soit, je lui demande carrément :

– c’était qui ? et il répond ce qu’il veut.

Soit je n’écoute pas. Car s’il voulait vraiment que je ne comprenne pas, il utiliserait son argot d’Uttaradit !

Et si parfois, « il » est une énigme pour moi, rassurez-vous, je suis aussi une énigme pour lui.

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Toi… moi… : comment s’adresser à l’autre en voyage (en Thaïlande)?

Amies de FB, retrouvailles, vieilles connaissances ou nouveaux résidents…j’ai eu l’occasion de beaucoup bavarder avec eux ces derniers jours. Ils avaient tous – à des degrés divers – des problèmes avec la langue thaie. Comment s’adresser à quelqu’un et surtout comment appeler la serveuse dans un restaurant. L’une essayait « miss, miss » à son grand désespoir, car la miss ne réagissait pas à son interpellation.

La façon de s’adresser à quelqu’un ou de se nommer « soi-même » est importante car elle est introduction à une conversation, à un entretien ou à un échange amical ou… à une histoire d’amour !

Les profs thaïs enseignent une façon unique et simplifiée du « Je », « Tu » ou « Vous ». Et le farang en général s’en tiendra à cette leçon. « Phom » (pas fom hein ! pom) pour les hommes, « Shan » ou « Dichan » (plus formel) pour les femmes. En fait il y a plus d’une dizaine de façons de dire « je » et « tu » en Thaïlande. Chacune d’elle ayant pour but bien souvent de marquer la différence de statut qui existe entre deux interlocuteurs.

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Lorsque mon ami thaï parle au téléphone pour la première fois avec une personne qu’il ne connaît pas, lui ou son interlocuteur fera connaître sa position sociale, son titre ou son âge à l’autre, ainsi il pourra s’adresser à lui de la façon « ad hoc ».

Mon ami dit tout de suite : « Phou Amnuay Kaan » qui se traduit en fait par le raccourci « Phaw Haw » (pour directeur).
Lorsque je m’adresse à des enfants en bas âge je dis « nou ». « Nou paï nai ? » « Où allez-vous les petits ? ». Si je m’adresse à des écoliers, des ados ou des « jeunes », je dis « louk » (sans prononcer le k) « Look, paï rong rian chai mai kha ? » « Vous allez à l’école les enfants ? ». Si je m’adresse à une serveuse dans un restaurant ou à une jeune employée, je dirai « Nong » (« Nong, khaw kafae na kha » (Nong (petite sœur), je voudrais un café s’il vous plait). Sinon je dis « khun » aux conducteurs de tuk-tuk ou de songthaeaws, « phi » aux personnes plus âgées que moi, hommes ou femmes. Les enfants appellent mon ami thaï « phaw » (père) et les jeunes-filles « loung » (oncle)

Si vous voulez marquer vos distances avec quelqu’un qui vous manque de respect, vous direz  en vous adressant à lui : « kaee » et si vous voulez être un peu plus dur : « man » (je l’entends souvent à la maison lorsque mon « chéri » parle de personnes qu’il n’aime pas ou ne respecte pas …) à manier toutefois avec précaution. « Man phoot paak mhaa » (tu ou il parle bouche chien… littéralement) Terrible !

Il y a pire encore que « kaee » et « man » : « kou et « meung »… (qui pourrait correspondre à « eh mec » !) Les couteaux sont quasiment tirés là… et pourtant, dans l’intimité d’une relation,  les jeunes s’appelleront ainsi. Jamais devant un étranger.
Bizarre non ?

Bon maintenant vous avez sûrement compris pourquoi les profs s’en tiennent à « phom » et « shan » pour « je », « tu » et « vous ». Je n’ai pas encore mentionné « thoe » pour un « tu » intime.

Donc, et pour répondre à la dernière demande d’un ami visiteur du matin… on dit rarement – voir jamais – » je t’aime » en thaï (à part dans les bars peut-être !) « Phom rak khun » Ça me fait rire, rien qu’en l’écrivant ! Oubliez ! Au mieux, vous pouvez dire « Shan rak thoe » (je t’aime) eh oui les hommes, pour adoucir les mots, n’utiliseront plus le « phom » masculin mais le féminin « shan » !…

La meilleure façon de dire l’équivalent de « je t’aime » c’est : « khit thung » (« penser jusqu’à » littéralement. En fait « Je pense à toi » ou « tu me manques », c’est kif kif)

Envie de découvrir la culture ou plutôt la base des comportements en Thailande.. Eh bien ceci n’est même pas une première leçon…tout juste un préambule.
Donc : « khaw haï mee khwam soukh maak ma » (façon simple) : « Je vous souhaite beaucoup de plaisir » ou alors, de façon plus conventionnelle : Dichan khaw haï khun mee khwam soukh maak maa na kha »

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Le pays idéal (selon Confucius)

Le pays idéal (selon Confucius), ou comment parler du pays que j’aime sans même prononcer son nom….

Apprendre la langue d’un pays, c’est un des chemins – parmi d’autres – pour tenter de percer les mystères ou l’âme de ce pays. Passionnée par l’écriture thaïe depuis longtemps – plus complexe que le langage parlé- je m’étais mise, il y a deux ou trois ans, à l’écriture chinoise. Si l’apprentissage du français commence par l’alphabet, l’apprentissage du mandarin démarre obligatoirement par l’étude des quelques 200 caractères, appelés « clés ». A partir de ces clés, on peut composer des mots en les associant à d’autres caractères. Sans entrer dans les détails, mais pour illustrer mon propos, voici deux exemples concrets :

– Lorsqu’on dit
«  Ni hao » ! (équivalent de Sawasdee khaHello ou
Bonjour), on écrit « Vous » (Ni) + « Bien » (Hao).
Hao étant constitué de la clé de la femme (Nu) et de celle du nourrisson(Zi).
Donc, « Femme plus enfant »  (Nu
+ zi = hao
  donc « Bien »).
Génial non ?

– Autre exemple – et vous allez enfin comprendre pourquoi je parle d’écriture chinoise
aujourd’hui…un peu de patience –
« Masculin » s’écrit avec le caractère du « champ »
(tian) plus la clé de la force (li) et devient ainsi
« masculin ».

Si on simplifie : « femme plus bébé », c’est la perfection, et  « champ plus force »  c’est virilité.

Un mot calligraphié – et mis en exergue dans « le mot de la semaine » du « Courrier
International » d’hier – a attiré mon attention : BAOLI. Décomposé,  « Bao » signifie
« exposer » et LI,  « force ». Réunis, ces deux caractères se traduisent par VIOLENCE.

Le secret de la force repose donc dans sa dissuasion. Ça sonne très confucéen, genre « le
meilleur moyen de gagner une guerre, c’est de ne pas la faire » d’après
Sun Tzu (l’idée est la, si j’ai oublié les termes exacts). Donc la force
exposée
 d’un état est justifiée et efficace si c’est pour empêcher
la violence. Vous avez compris ce à
quoi je faisais allusion ?

« Selon Confucius, la force est donc nécessaire mais pas suffisante, car un bon gouvernement
s’exerce aussi par la  vertu ».

 Comment manier l’impératif dans un pays d’ultra politesse

Connaître une langue, c’est une des nombreuses façons d’aller au-devant de ceux qui la parlent,  une jolie façon de mieux les connaître.

On m’a confié, sinon souvent, du moins plusieurs fois cette histoire. Elle se passe en Thaïlande, pays où goûts, couleurs, et surtout sens des mots sont sensiblement différents des nôtres. Les sentiments éprouvés des deux côtés sont les mêmes. Quand ça brûle, on se brûle des deux côtés. Quand on a mal, on ressent le mal, que l’on soit asiatique ou occidental, quand il fait froid, on éprouve une sensation de froid, encore que… tout dépend de l’endroit où l’on place le curseur de la sensibilité. Je me souviens avoir hébergé chez moi il y a quelques années, Docteur Pak Adi Palguna. Il était balinais, responsable d’une troupe, d’un « gong », en tournée en France. Il faisait froid dans le nord, j’étais emmitouflée dans un manteau et mon balinais, lui, se pavanait, heureux, dans une chemise fleuri à manches courtes. Il semblait apprécier le froid qui était nouveau pour lui.

Donc, le sens d’un mot ou sa traduction peut être ressenti différemment d’un pays à l’autre. Si une jeune et jolie femme thaïe rencontrée dans un bar de Pattaya ou de Koh Samui vous dit « I love youuu so much » et qu’elle vous quitte au bout de 3 semaines ou 3 mois après vous avoir fait payer la crémation de son père, les frais d’hôpital de sa grand-mère et la moto de son petit frère, ne pleurez pas, ne vous suicidez pas, et surtout n’insistez pas en disant « Je ne comprends pas, elle disait qu’elle m’aimait » ! Posez-vous plutôt la question de savoir qu’elle est la signification du mot aimer de ce côté-ci de la planète. Je me suis amusée à faire mon enquête, il y a longtemps déjà, et principalement en Isan, où j’ai vécu quatre ans. « Aimer, qu’est-ce que ça veut dire pour vous » ? « Dou laee » me répondaient les filles, « prendre soin ». Donc aimer c’est prendre soin. Se méfier quand même de celles qui le disent trop souvent, car en Asie en général, « ça ne se dit pas » (quand moi je le dis à mon compagnon au téléphone, il me répond « khop khun khrap » (merci). Chinois, vietnamiens, vous diront « à quoi bon le dire si je le prouve ? »

En revanche, là où nous, occidentaux utilisons parfois ou souvent l’impératif « fais ci » « fais pas ça » « ferme la porte » « barre-toi » etc… ne cherchez pas à traduire littéralement, en thaï,  vous risqueriez d’être un grossier personnage. La structure impérative est rarement utilisée chez ce peuple très poli. Normalement, on adoucit cette forme de commandement en ajoutant le préfixe « chouay » ou « prot ». La société thaïe est ultra hiérarchisée, on y respecte ceux qui ont un rang plus élevé que le vôtre ou ceux qui sont plus âgés que vous. Les seules personnes qui donnent des ordres en utilisant l’impératif sont les supérieurs vis-à-vis des inférieurs (et il y a toujours un supérieur au supérieur en Thaïlande, ou  un inférieur à l’inférieur). La langue est si subtile que vous ne vous rendrez pas forcément compte de la façon dont un thaï vous place, vous, « farang », sur son échelle du respect qu’il doit à l’autre, car il existe plus de dix façons différentes de dire vous/tu.

Personnellement, je n’utilise jamais le pronom personnel vous ou tu – « khun »ou « thoe »  avec mon compagnon, je l’appelle toujours par son prénom. De même que je n’utilise jamais non plus le pronom personnel « je » – shan – j’utilise mon prénom… Oui ça fait un peu penser à Alain Delon, mais c’est tout à fait normal. Ecoutez bien quand on vous parle.

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Michèle Jullian
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