Explorer l’Ardenne belge en randonnée en suivant le GR 15

Partons à la découverte de l’Ardenne belge en randonnée en suivant le GR 15 entre forêts, villages de caractère pour explorer une Ardenne aux facettes variées… En France, Ardennes se met au pluriel ; en Belgique, l’Ardenne s’écrit au singulier, mais elle est multiple !  La parcourir à pied fait passer des hautes terres des Fagnes – sortes de marais d’altitude – aux riantes vallées encaissées du sud, avec leurs prairies d’alpage où paissent les célèbres vaches  blanc-bleu.

Parfois dans l’Ardenne belge, on pourrait se croire en Auvergne, et parfois au Québec…  En effet, l’Ardenne est peu peuplée : en Belgique, la densité moyenne est de 270 habitants au kilomètre carré, mais dans la province du Luxembourg belge, grande comme un département français, elle tombe à 61. Autant vous dire que l’on rencontre peu de monde sur les sentiers…

EXPLORER L’ARDENNE BELGE EN SUIVANT LE GR 15

En ce qui nous concerne, pour découvrir l’Ardenne belge, nous avons d’abord suivi le GR 15. Celui-ci démarre en Allemagne, à Monschau. Notre périple s’est terminé à La Roche en Ardenne, un lieu de séjour tellement agréable que nous y sommes restés 3 jours. Plusieurs étapes romantiques en chemin : parmi elles, Spa, Remouchamps, et Eupen, capitale de la communauté allemande. 

Monschau, un gros village de l’Ardenne belge, un des rares à ne pas avoir été détruit pendant la dernière guerre, a conservé de nombreuses maisons à colombages:

Dès la sortie du village, le GR15 s’élève très vite pour traverser le château…

Deux heures plus tard, le sentier atteint son point culminant : nous sommes sur le plateau des Fagnes à quelques kilomètres du célèbre Signal de Botrange, point le plus haut du plat pays avec ses 694 mètres. Dans la forêt typique de l’Ardenne belge, nous croisons les 2 rochers massifs qui sont passés à la postérité sous le nom de « lit de Charlemagne ».  Dans cette Ardenne Belge, nous traversons ensuite les hautes Fagnes, paysage de toundra et de taïga mélangées, avec de nombreux marécages, souvent équipés de caillebotis pour éviter l’enlisement.

Puis le sentier descend pour atteindre le barrage d’Eupen, et nous laisser terminer cette première journée de marche à Eupen elle-même, capitale dépaysante de la petite communauté germanophone de Belgique. Un gros village, mais qui possède tous les attributs d’une capitale, avec son mini-parlement !

Le lendemain, nous rencontrons un autre lac de barrage en pleine forêt, celui de la Gileppe. Il dispose d’une tour d’observation : pas une ville, pas une maison à l’horizon. Et pourtant, deux heures plus tard, nous arriverons à Spa : la civilisation, car quoi de plus civilisé que de venir prendre les eaux en bonne compagnie ?

 Le plus fort dénivelé de Belgique se trouve ici, entre Spa et Remouchamps : le GR suit le torrent du Ninglinspo, qui descend se jeter dans l’Amblève.  En plein juillet, il est peu fourni mais rafraîchissant.

Le plaisir de la randonnée dans l’Ardenne belge est de traverser de petits villages assoupis où l’on n’aurait jamais eu l’idée de venir tout exprès. On n’en a donc pas forgé d’idée a priori: l’esprit est beaucoup plus disponible pour s’approprier le lieu. C’est le cas d’Harzé, un peu au sud d’Aywaille, qui peut à juste titre s’enorgueillir de son château et de son église fortifiée :  

Une vache blanc-bleu-belge, à ne pas confondre avec les vaches bleues de Valenciennes. Bon, c’est vrai, leur robe tire beaucoup vers le gris, mais elle n’en est pas moins vibrante:

L’arrivée à La Roche en Ardenne par le sentier venant du sud ne manque pas de style et accentue le sentiment d’isolement de la ville, cernée par la forêt de tous côtés.

Les soirs d’été, un spectacle son et lumière est donné dans le château. On peut y voir une jeune fille marcher en tenue blanche sur les remparts. Elle personnifie la légende du fantôme de Berthe de la Roche, que je ne vous conterai point ici par le menu : c’est une histoire de promesse de mariage non tenue, de tournoi, et d’amants précipités dans la rivière par une femme vengeresse !

L’Ardenne belge en pratique : y aller, y dormir, et se déplacer

L’Ardenne bénéficie d’un réseau de bus bien développé, pas très rapide, mais efficace, avec des correspondances  pratiques même le dimanche … On peut donc s’interrompre, prendre un bus et reprendre la randonnée plus loin. En ce qui nous concerne nous sommes arrivés de France en train et descendus à Aachen (Aix la Chapelle, ville qui mérite une petite visite) pour rejoindre Monschau en une heure de bus environ. La Roche en Ardenne, notre terminus,  est reliée à Liège par train + bus,  avec une correspondance quasi immédiate à Marloie, mais il faut tout de même compter deux bonnes heures au total pour ce trajet.

Pour effectuer la randonnée, nous avons utilisé le topoguide GR15 Nord, qui décrit le tronçon de  Monschau à Martelange. On peut se le procurer facilement par Internet sur le site http://www.grsentiers.org/. Mieux vaut le commander avant de partir, il vous aidera à préparer vos étapes.

Il est assez facile de trouver des gîtes d’étape tout au long du parcours. Une exception toutefois, entre Aywaille et La Roche en Ardenne. Nous avons fini par dénicher un hôtel à Werbomont, Le Montana, où nous étions les seuls clients.  Philippe, le propriétaire, est venu tout exprès de Liège pour nous accueillir et on a terminé la soirée avec lui autour d’une bière. Il faut dire que l’été est la basse saison en Ardenne, qui est beaucoup plus fréquentée l’hiver !  Il est donc indispensable de bien préparer sa randonnée et ses points de chute à l’avance, non pas pour s’assurer d’avoir de la place, mais tout simplement parce que beaucoup d’hébergements sont fermés.

A la Roche, nous avons dormi dans le chalet « Le Corumont », qui offre une superbe vue sur le château. Comme partout pendant cette randonnée, l’accueil y a été chaleureux.  

A Spa, je vous recommande l’hôtel « Le Pierre » pour son petit déjeuner sous une grande verrière, et ses chambres tranquilles, disposées comme dans un motel américain autour d’une pelouse où il fait bon farnienter au soleil.

 Ne pas manquer le musée de la Roche en Ardenne consacrée à la bataille des Ardennes. Impressionnant et instructif.

Et comme toutes les régions de montagne au climat rude et aux sols pauvres, l’Ardenne a développé un savoir-faire autour de la charcuterie, alors n’hésitez pas à y goûter :

Dois-je préciser que la pipe ardennaise est une saucisse, qui peut se déguster nature ou fumée?