A lire la presse ce matin, je me dis que je n’aimerais pas être dans les chaussures du Premier Ministre thaïlandais. Je le plains. Il est pris entre deux feux, peut-être même davantage. Un peu comme dans l’Histoire de France, ce garçon qui, au milieu de la bataille, disait à son père : « Père, parez vous à droite, Père, parez vous à gauche » (j’offre mon livre au petit malin qui retrouve le nom du personnage). Pour avoir tendu la main aux « rouges », il s’est fait des ennemis dans son propre camp et certains le considèrent comme un traître, Il est squeezé, pris dans une souricière entre anciens et nouveaux adversaires. « Justice pour tous » ! « Khwaam youthitaam samrap thouk khon » : les leaders rouges veulent être amnisties, ne pas être traduits en justice, mais les « jaunes » ne veulent pas. Si les leaders rouges sont traduits en justice, alors les leaders « jaunes » qui ont bloqué les aéroports doivent subir le même traitement, « Y’a qu’à » les amnistier tous. Impossible. « Y’a qu’à » les emprisonner tous. Impossible ! Abbhisit est vraiment piégé de tous les côtés.
Pour ce que j’ai pu extirper de quelques bouches qui me faisaient confiance concernant l’avenir politique du pays, la vision n’est pas très optimiste. Ce n’est plus pour se dire « Est-ce que ça va arriver », mais simplement « quand » ça va arriver. Bien sûr, on peut toujours se dire que les choses vont s’arranger avec le temps, mais je n’y crois plus beaucoup, parce qu’il ne suffira plus d’avoir de bons sentiments – et les thaïs sont assez bons pour ce genre d’habillage – Il fallait partager avant. On ne guérira pas cette plaie béante aussi facilement avec le sparadrap de quelques chansons ou hymnes chantés tous ensemble à la même heure. Pour le moment, y’a plus qu’à se taire et attendre, pour voir comment les ennemis invisibles, des deux bords, vont réagir. Ce sont eux les plus dangereux, ceux qui agissent pour leur propre compte, mais surtout les hommes de main, payés par des hommes ou des groupes planqués derrière leur respectabilité apparente. Ici ou ailleurs.
J’ai voulu, hier soir, voir les choses de haut, avant de les voir de loin. Momentanément.
- Bangkok, plus qu’une ville, un symbole à préserver - Oct 27, 2021
- Désert berbère au Maroc : un appel irrésistible - Jan 14, 2020
- Etre femme nomade au Maroc berbère : hymne à la liberté, « mes »nomades - Oct 26, 2019