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Méchante l’humeur ! : La violence de la Patagonie côté Atlantique

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Pour ce que nous en connaissons, ou en tous cas pour ce qu’elle nous a laissé découvrir d’elle, nous ne retiendrons de la Patagonie coté Atlantique que sa violence. Violence des éléments, tempêtes de vents a plus de 180km/heure, violence des orages, violence de la lumière, de la chaleur et de la poussière omniprésente comme si, pour les automobilistes, le jeu ou, étant donné l’application qu’ils y mettent, l’enjeu, consistait à en produire un maximum; violence des paysages infinis où l’oeil s’égare…
Violence de cette fameuse « routa tres » où camions et voitures roulent à fond la caisse, se doublant n’importe comment dans l’état semi-comateux produit par ces longues lignes droites de plus de cent kilomètres dans un paysage désertique et plat où le seul décor est l’alignement à l’infini des poteaux électriques. Violence aussi, plus ronde, plus enveloppée, de toutes ces personnes qui, dés que l’on s’arrête et
quelles que soient nos occupations, viennent frapper à la porte ou à le vitre de Zébulon, tous avec les mêmes questions, à savoir: d’où on vient, ou on va, si le camping car nous appartient ou si nous l’avons loué, quel est son prix, s’ils peuvent le visiter et/ou
le photographier, tout en s’esbaudissant sur sa beauté et son coté « espectacular », comme s’il n’y avait pas de campings-car en Argentine et bien plus « espectacular » que notre Zéb…. Il n’empêche
qu’au bout de trente jours, on a fort envie d’expliquer au premier de la journée qui nous surprend au petit déjeuner encore en pyjamas et la tartine à la main, que non, mon vieux, le camping car ne
se visite pas, et oui, ça nous barbe de te faire la conversation. Si tu veux photographier, vas y, mais sans nous déranger, vu ? Et plus agaçant encore, c’est que tous, après nous avoir dit qu’ils
s’appellaient Pierre, Paul ou Jacques sans autre précision, nous assurent que si nous avons besoin de quoi que se soit, nous pouvons faire appel à eux. Ils pensent sans doute qu’il suffit de se
planter au milieu de nulle part dans le désert Patagon en appelant Pierre, Paul ou Jacques pour que, tels le génie
d’Aladin, ils surgissent par magie d’un cailloux ou d’une touffe d’épineux prêts à réaliser tous nos souhaits. Souhaits sommes toutes assez simples, voyager tranquillement sans tomber sur le flic
le plus lourdement endormi sur son accélérateur qui nous arrache l’avant du camion et sans croiser le voleur dont les capacités de nuisance n’ont d’égale que sa stupidité.
Et puis…. il y a les fameux contrôles sanitaires à l’entrée dans la province du Chubut ! Gare à celui qui se risque à avoir une tomate correcte dans son réfrigérateur ! Il lui faudra la jeter
impitoyablement. Il faut dire qu’en Patagonie, toute tomate doit s’orner de moisissures comme s’il s’agissait de décorations, que les haricots verts se doivent absolument d’être jaunissants et
plein de fils, que les salades, le cul en l’air, sont épuisées par trois semaines de cageot, que les choux fleurs sont tellement brunis qu’on pourrait croire qu’ils ont fait le chemin à pieds
depuis leur lieu de production. Qu’on ne trouve comme fruits que des pommes nonagénaires si on en croit leurs rides,des fraises aussi râpeuse que des barbes de trois jours de gauchos Patagon, et
des pêches dont la chair est plus dure que les noyaux…Restent les courges, alors là des courges il y en a ! Et des patates aussi, vertes sous leur couche de terre . Conclusion, si vous êtes
essentiellement carnivores, et encore à la condition d’aimer la viande bien rassise à la graisse bien jaune, raison pour laquelle elle est très tendre mais se mange ultra cuite, ça va, sinon, il
faudra s’adapter au régime pâtes un jour riz le lendemain et carottes le jour suivant si toutefois vous parvenez à trouver des carottes pas trop fatiguées.

Alors bien sur, lorsqu’on arrive au Chili, aux sous bois aussi fleuris que les jardins avec leurs grosses touffes de lupins multicolores et de petits lys jaunes, avec ces haies d’hortensias du bleu
intense au violet foncé, aussi bien bordant les champs que les jardin, avec ses villages aux maisons de bois peintes de diverses couleurs et ses paysages sublimes. Avec des des automobilistes
conscients qu’ils ne sont pas seuls sur la route et que c’est la raison pour laquelle il existe un code qui, si on l’observe, rend la circulation plus facile et moins hasardeuse. Avec ces
« verdulérias » marchands de fruits et légumes regorgeant de fruits et de légumes magnifiques, on s’émerveille.
D’autre part, on sympathise plus volontiers avec les gens discrets qui vous font éventuellement un petit coucou au passage qu’avec les envahisseurs, plus facilement aussi avec les garagiste qui, en
lieu et place de grands discours enflammés font leur travail vite et bien et avec ceux avec lesquels on échange nos coordonnées, plutôt que des
palabres superficielles et vides.

Oui, je sais c’est nul ce genre de comparaison, mais j’ai bien dit qu’il s’agissait d’un billet de « méchante humeur ».

Catherine Daurès
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