Roman historique qui se déroule pendant et surtout après la Première Guerre mondiale et qui suit la destinée du poète Jean de La Ville de Mirmont, tué au combat dans les premiers mois de la guerre. L’auteur choisit d’utiliser un intermédiaire fictif – Louis Gémon, compagnon de guerre de Jean, ayant assisté à sa mort et depuis hanté par son souvenir – pour évoquer ce poète et cette figure exemplaire de l’engagement au combat. Louis, sollicité par la mère de Jean, consacrera sa vie civile après guerre à faire vivre son souvenir, à faire publier ses textes. Mission à laquelle il sacrifiera sa vie personnelle.
Le narrateur du roman est donc Louis, qui va tour à tour raconter la vie au front, lorsqu’il combattait aux côtés de Jean (pendant quelques mois cependant, puisque Jean est tué deux mois après avoir été incorporé), la vie après guerre, les obstacles qu’il rencontre pour faire publier les écrits de Jean et ses propres difficultés pour se construire une vie personnelle, en dehors de Jean.
Les quelques évocations des combats au front sont artificielles. L’auteur a dû faire un minimum de recherche sur les conditions de combat sur le front, mais ce qu’il en relate dans le roman sonne malheureusement extrêmement creux et faux. Vient ensuite une tentative de réflexion sur le deuil et le retour à la vie civile à travers le personnage de Louis. Mais là encore le texte de Jérôme Garcin est peu probant. Le personnage dit de lui-même qu’il n’arrive pas à se détacher de Jean: constatation improbable pour un individu et trop facile pour un écrivain (il aurait fallu nous le faire sentir et non le faire dire par son personnage).
Quant aux ponts éventuels avec la littérature, autour de cette figure du poète engagé, et qui semble vouloir faire écho à d’autres vies exemplaires (comme celle d’Alain-Fournier), la démarche est intéressante mais ne mène nulle part.
Pour faire simple, le texte de Jérôme Garcin est plaisant à lire, mais cela ne va pas au-delà. Quant à son projet littéraire, dans ce roman, je ne le situe pas bien. Faute probablement d’un travail plus dense, moins superficiel.
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