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Cesaria Evora, la diva aux pieds nus du Cap Vert…

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Cesaria Evora s’est envolée pour chanter avec les anges en ce mois de Décembre 2011. Cesaria Evora n’était pas qu’une chanteuse qui a porté dans sa voix son amour du Cap Vert….

Voilà. Celle qui m’a accompagné pendant des années dans les îles et dans mes entrailles déchirées par l’écriture est partie chanter avec les anges et la communauté des saints.

 

cesaria evoraCesaria Evora, la diva aux pieds nus, s’est éteinte dans son île natale, à l’âge de 70 ans. Je ne vais pas entrer dans les détails de sa santé chancelante, ni du comment du pourquoi du machin. Je laisse cela aux journaux et aux journalistes.

Je l’avais vu lors d’un concert qu’elle donnait à Luanda, dans cette capitale ravagée par trente ans de guerre civile. C’était en 1996 et je m’en souviens comme si c’était hier. Une grande salle sinistre, style architecture stalinienne propulsée dans une Afrique en souffrance. Les ventilateurs poussifs brassaient un air moite et saturé de transpiration. Elle était en retard, très en retard, la petite diva. Le public exaspéré commençait à siffler et huer. Et puis le silence. Une chaise. Et Cesaria Evora qui entre pieds nus, salue, titube et s’affale sur la chaise. Quelques notes, deux chansons à peine audible. Des mains qui tremblent, des absences, des blancs.

Le concert a été un désastre et n’a duré que 45 minutes. Cesaria, cette diva, ma diva, était soule. Incapable de chanter, de communiquer, d’être. Rien n’est plus décevant que de voir une personne aimée tellement imbibée par l’alcool qu’elle en devient méconnaissable.

Mais Cesaria n’est pas une diva comme les autres Divas. Elle représente plutôt un phare pour ce peuple isolé qui vit dans un archipel isolé, le Cap-Vert. Ce pays est pauvre, mais debout. Je ne le connais pas, je devrais, j’irai. C’est un archipel situé à la périphérie; des petites terres âpres et sèches, balayées par la poussière et lavées sur ses ourlets par des vagues atlantiques puissantes. Ses habitants tiennent bon. Des terres arides, mélancoliques, sans odeur sauf celles des solidarités qui unissent ses habitants qui rament dans leurs îles et qui galèrent dans les exils.

 

Elle chantait ce que je suis. Un mélange de joie de vivre, de rythmes chaloupées et généreux, de mélancolie et de vague à l’âme propre, je crois, à tous ceux qui côtoient cette partie de l’Atlantique. Elle exprimait l’amour de ces îles lointaines et pourtant pas si éloignées que cela, les amours déchirés par la pauvreté et l’isolement, les destins de ces insulaires qui survivent et donc n’ont rien à perdre, et qui vont se perdre dans des contrées grises, agressives et maléfiques.

Elle est fragile, chaleureuse, vraie. Elle chantait partout depuis 20 ans, parlait de son pays, y revenait toujours. Sa mère était une femme de ménage chez des riches Blancs, son père musicien et qui meurt quand elle a sept ans. Ensuite elle chante dans des bars enfumés et obscurs. Et puis un disque, son troisième, Miss Perfumado, et pouf…c’est la gloire.

« Cize », comme on l’appelle au Cap-Vert, découvre sur le tard une gloire qu’elle utilisera pour faire connaître son archipel « qui marque les âmes pour des générations…Ce lien qui m’attache à ma terre natale, je l’emmène avec moi partout où je vais dans le monde : c’est aussi mon bâton de pèlerin sur lequel je m’appuie quand je suis fatiguée ».

Elle voyage, elle se produit, on lui donne des légions d’honneur, du mérite et tutti quanti. Elle chante, l’air ailleurs, un vague sourire de bonheur parce qu’elle sait qu’elle donne un petit instant de bonheur précisèment. Elle a l’air de s’en foutre un peu, elle a une présence et pourtant elle plane avec la musique et semble glisser de la réalité à un univers lointain qui lui appartient, qu’elle a façonné lors de se ses multiples regrets, joies et remords dont la vie sait si bien faire l’addition et qui nous rend toujours friable.

A l’image du mien en ce moment, son cœur était constamment en pulpe. Cela se voit, cela se sent. Mais une pulpe de joie enrobée par une petite coquille de mélancolie qui ne demande qu’à être brisée et réconfortée.

Les anges et les saints ont cette chance de l’avoir pour eux. Moi, j’ai iTunes, c’est moins magique.

La musique du Cap-Vert, la morna ou la coladera, restera dans les cœurs grâce à elle. Pour moi, Cesaria Evora était, est et sera toujours la chanteuse des îles oubliées, « ma » diva des îles lointaines.
[youtubegallery]
http://www.youtube.com/watch?v=dNVrdYGiULM
http://www.youtube.com/watch?v=uR7HKOP55AQ
http://www.youtube.com/watch?v=Kl96fPUAJqY
[/youtubegallery]
NB — Je parle d’elle au présent et au passé, tout cela un peu mélangé. Mais pour moi, c’est exactement cela. Elle est partie, n’est plus mais sa musique reste et son âme flotte encore dans ma mémoire. Alors, oui, je me fous des concordances.

Damien Personnaz
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