Visiter Oxford? Un peu d’Alice dans votre Oxford? L’une des visites incontournables d’Oxford reste Christchurch College, l’une des plus prestigieuses écoles de la ville. D’abord monastère, elle deviendra université sous Henri VIII. C’est un vrai microcosme, un labyrinthe de cours, de couloirs, de salles mystérieuses.
Visiter Oxford – Un peu d’Alice au pays des merveilles dans votre Oxford?
Comme un écrin, elle a la particularité d’abriter un bijou de cathédrale. Elle fut construite au VIIIeme siècle en l’honneur de Sainte Frideswide, la patronne d’Oxford. En 1985, des travaux révéleront qu’elle est en vérité construite sur un cimetière Saxon. J’imagine, que comme pour beaucoup d’édifices religieux de l’époque, c’était l’occasion d’effacer les dernières traces de rites païens…
Quelques élevés répètent leurs morceaux, violons et clarinette, et dans cette atmosphère douce, la musique nous enveloppe et arrive même a nous faire oublier la centaine d’étudiants asiatiques qui fourmillent autour de nous. J’aime tout particulièrement cette vue prise en reflet dans le piano:
Les voutes s’étalent en étoile a partir des piliers, créant ainsi un ciel imaginaire:
De sublimes vitraux également d’un peintre préraphaélite que j’admire, Edward Burne-Jones. La cathédrale de Winchester, près de chez nous (ou le Da Vinvi Code a été en partie tourne), en recueille quelques-uns. Des personnages au charme mi-medieval, mi-mythiques, un trait inégalable, des couleurs chaudes. Créateurs de vitraux, c’était d’ailleurs le premier métier de ce peintre. Le fond en feuilles est commun aux tapisseries: c’est le millefeuille. Chaque plante étant liée a une vertu, choisie en fonction du thème de l’œuvre (pour en savoir plus – sans être barbée – lisez donc le fabuleux La dame a la licorne de Tracy Chevalier. Vous connaissez déjà cet auteur par le film La jeune fille a la perle…)
D’autres sont arranges en puzzle, une autre façon de faire revivre des vitraux tombes en éclats…
Christchurch accueillera de fameux étudiants:
- l’architecte Sir Christopher Wren qui en dessinera un clocher, Tom Tower, située dans Tom Quad (la plus grande cour d’Oxford). Celle-ci abrite l’une des plus grosses cloches du pays: pas de surprise pour le nom, il s’agit de Great Tom! qui continue de sonner 101 coups a 21h05. A l’origine, l’école n’accueillait que 101 étudiants, dont le couvre-feu commençait des 21h05, la tradition est restée.
- Le plus célèbre reste Charles Dogson. Qui? Vous le reconnaitrez plus facilement sous son nom de plume, Carol Lewis, qui y enseignera a son tour les mathématiques. S’il clame qu’Alice est totalement fictive, la rumeur veut qu’il se soit inspirée d’Alice, la fille du doyen lui inspirera de merveilleuses aventures. En face de l’école existe toujours la boutique ou cette petite allait acheter ses bonbons, a présent dédiée a l’héroïne.
Un vitrail du dining hall rappelle d’ailleurs l’œuvre de l’auteur:
Notez les vignettes rondes – a gauche, la « vraie » Alice, a droite, Carol Lewis.
En me glissant dans un groupe suivant une visite guidée, je glane quelques informations sur l’inspiration de l’auteur:
– Les chenets des immenses cheminées du réfectoire montrent des visages hisses sur un long cou… comme Alice après avoir mange son biscuit « Eat me! » qui la transformera en géante.
– Le lapin blanc serait en fait le doyen, le père d’Alice. Celui-ci était semble t-il toujours en retard aux services de l’église… Et disparaissait après le diner en ouvrant un panneau semi-secret, révélant un escalier étroit lui permettant de regagner ses appartements: le tunnel de notre lapin blanc?
– Un immense portrait d’Henri VIII, célèbre pour avoir tranche la tête de deux de ses épouses, surveille férocement la table des professeurs. De la, la reine de cœur… « Qu’on leur coupe la tête!« ?
Cela dit, malgré la magie d’Oxford et d’Alice, la réputation de Charles Dogson fut bien ternie. Nous sommes a l’époque victorienne, très stricte. Charles Dogson s’essaie a la photographie, maitrise vite cet art. Sur les cliches lui survivant, la moitie concerne des filles, jeunes ou enfants. Sur le lot, scandale, quelques nus d’enfants qui posent. Incompréhension de l’époque ou effectivement pédophile? La photographie victorienne est assez particulière. C’est une poque très puritaine, mais l’on aime montrer les enfants en nymphe, en ange.Bien sur, tout caractère sexué est cache, un accessoire, un tissu élégamment place… Pas chez Lewis. Pour une classe sociale qui interdisait aux enfants de marcher pied nu (les pieds des pianos devaient d’ailleurs être couverts le dimanche), scandale.
De la, on questionne rapidement l’amitié de l’auteur et son Alice. On hésite, on n’a pas envie d’y croire. On aimerait rester sur une image idyllique du mythe. On est également de découvrir qui était l’homme un peu excentrique derrière ce grand nom. Et la… peu d’informations, on tombe dans le flou, des spéculations a la pelle. Se serait-il drogué, d’où ces visions d’un monde merveilleux? On parle de son « culte de l’enfant », on analyse minutieusement ses relations avec la gent féminine, sa première vocation pour l’église… C’est un labyrinthe a la fois fascinant et frustrant, ou chacun expose une théorie nouvelle. N’hésitez pas a vous y perdre, on y trouve des dimensions fascinantes: c’était un joueur d’échecs chevronne, on compare « de l’autre cote du miroir » a ce jeu…
Allez, un dernier souvenir de Chritchurch qui de nos jours est autant visitée pour son architecture que pour avoir servi de décor… au Dining Hall d’Harry Potter! Même sans effet magique, voir ces tables dressées pour 300 étudiants impressionne…
Ah, qu’il est bon d’étudier a Oxford!
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Merci – il va me falloir du temps pour tous les mettre en ligne!
Oxford est vraiment un bijou de ville.
Vraiment toujours aussi plaisant à lire et instructif. Merci pour tes articles.