Dans cette Chronique Thaïlande : une réflexion sur la classe moyenne en Thaïlande et la coexistence entre les Thaïs et les chinois…
Le discours de Voranai Vanijaka, lors de la réunion des 300 dirigeants et chefs d’entreprises, organisée par le Premier Ministre… se termine un peu – de mon point de vue – à la façon thaïe : avec des bons sentiments. Manque aussi à cet article, la réaction du Premier Ministre….
« Il faut créer une classe moyenne, une classe moyenne qui serait majoritaire et non minoritaire, une classe avec un sens du droit et de la justice. (et un peu des « lumières » bouddhistes) Mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut décider pour le peuple, il faut aussi qu’il le veuille, comme les chinois avant eux. Mais comment un « phraï » pourrait- il croire qu’il mérite cette ascension, lui qui a été conditionné à ramper devant les privilégiés ? Ce n’est pas non plus une loi qui fixera ce problème. Dans le passé, et encore actuellement, le peuple n’est pas très informé, et lorsqu’il proteste, ce n’est pas pour réclamer une meilleure éducation, pas pour demander de meilleurs soins, pas pour prétendre à des droits civils et plus de liberté, ce qu’il veut avant tout, ce sont des subsides et des prix fixes. (le riz) Des choses qui lui donnent le sentiment de se sentir moins pauvre – temporairement – Ou alors il n’est qu’une foule qui se loue pour quelques bahts. Il connaît sa place dans la société, et bien qu’il se plaigne de beaucoup de choses, il ne songerait jamais à vouloir la changer. Il ne l’imagine même pas. Ce sont de bons thaïlandais et de bons bouddhistes, C’est juste la façon d’être en Thaïlande. C’est la mentalité culturelle qui doit changer, avec l’espoir et un sens de la dignité. Et cela ne peut se faire qu’avec l’aide des « privilégiés ». Éclairer, enrichir l’âme du peuple et les inégalités disparaîtront d’elles-mêmes. Nous sommes des êtres humains, avant de pouvoir réussir en quoi que ce soit, il faut savoir insuffler l’espoir. Il faut d’abord y croire ».
Joli discours, courageux de la part de ce journaliste, dans le contexte actuel de la Thaïlande… Abbhisit a dû l’écouter d’une oreille polie et avec un sourire. Ce sourire thaïlandais qui cache aussi bien l’agacement que le mécontentement ou le mépris. Va savoir ! Aura-t-il compris l’essence de ce discours ? J’en doute. Car tout ce que les « rouges » en général lui reprochent, – et pas seulement ceux engagés politiquement – c’est – justement – de ne rien connaître à leurs vrais problèmes, jusqu’à ignorer l’existence même de ceux qui ne vivent pas comme lui. Sa feuille de route de la réconciliation, basée sur les bons sentiments « nous sommes tous frères, nous sommes tous thaïlandais … blablabla…»…. Désolée mais comme dirait Coluche, il y en a qui sont plus frères que d’autres, et il y en a qui sont plus thaïlandais que d’autres ! Et les plus thaïlandais ne sont pas forcément ceux que l’on croit puisqu’ils sont « aussi » chinois. Ceux-là devraient aussi admettre que les Lao-Isan ont droit aux mêmes avantages et à la même justice qu’eux. Et surtout, et avant tout : à la même considération.
L’occasion de rappeler ce mot de Sujit Wongthet, décrivant la culture thaïe : « jek bon lao » « mélange de chinois et de lao ». D’émigrants chinois et de paysans laotiens.
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