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« Comment attirer le wombat » et autres délires zoologiques

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Will Cuppy (1884-1949), journaliste et écrivain, fut un pilier du quotidien The New Yorker où il publia des chroniques humoristiques dans un style à la fois misanthrope et loufoque qui lui valut un réel succès. Son approche, véritable marque de fabrique, consistait à parodier des ouvrages scientifiques, auxquels il empruntait la structure : emploi de termes techniques, ajout de nombreuses notes de bas de page. A première vue, le texte pouvait faire illusion, mais le lecteur se rendait rapidement compte du canular qui consistait, avec le plus grand sérieux, à aligner d’hilarantes énormités – d’autant plus hilarantes, d’ailleurs, que l’auteur avait recours à un humour fin, sophistiqué.

Après avoir publié Grandeur et décadence d’un peu tout le monde (2011) dans lequel Will Cuppy s’était attaqué aux héros de l’Histoire, pour mieux en déboulonner les statues, les éditions Wombat réunissent aujourd’hui des chroniques zoologiques dans un recueil intitulé Comment attirer le wombat (Editions Wombat, 208 pages, 18 €).

Dès la préface, l’auteur dévoile ses intentions délicieusement malfaisantes : « […] j’ai mis en péril ma réputation scientifique en décrivant les animaux sur un mode outrageusement anthropomorphique, […] j’ai traité à la légère les distinctions admises entre instinct et intelligence jusqu’à compromettre certains des principes fondamentaux de Darwin lui-même, au point que n’importe quel zoo qui se respecte refuserait de m’embaucher, même à un poste subalterne. » Intentions qui apparaissent dès la classification zoologique très personnelle opérée par Cuppy d’animaux souvent choisis pour leur caractéristiques insolites, incluant « Les mammifères problématiques », « Les pieuvres et ce genre de bestioles », « Les insectes optionnels », « Les oiseaux qui ne peuvent même pas voler » ou « Les oiseaux incapables de chanter et qui le savent », etc. On trouve aussi bien dans ces rubriques la souris que le tatou, le tapir que le phacochère, le bandicoot que l’escargot, le moustique que la puce, le moa que le pélican.

Commentaires inattendus, conclusions féroces, non-sens élaborés émaillent ces fiches descriptives et, au regard d’aujourd’hui, politiquement incorrectes, puisque Cuppy ne cache pas que certains de ces animaux pourraient disparaître de la surface du globe sans que quiconque puisse le regretter. Chaque page recèle quelques perles, comme cette phrase : « L’idée que, dans l’échelle des êtres vivants, un marsupial se situe presque aussi bas qu’un monotrème (1) […] », assortie de la note de bas de page suivante : « (1) Un monotrème est un mammifère qui pond des œufs. On ne peut tomber plus bas. » Ou cette autre note de bas de page, à la rubrique « La fourmi » : « Les fourmis parasols transportent des feuilles en forme de parapluie, sauf quand il pleut. »

Au milieu du livre, se trouve en outre un « interlude » franchement cocasse intitulé « Comment écraser une mouche », véritable traité de chasse à la mouche illustré de statistiques et d’une méthode en dix conseils dont le dernier consacre les lamentables performances humaines en la matière : « Ne vous laissez pas décourager par quelques échecs. Moi-même, je ne les écrase pas à chaque coup, alors je leur accorde une pause. Ça leur laisse le temps de cogiter. » A lire au premier, au second, voire au troisième degré.

Illustration: Will Cuppy, How to attract the Wombat, dessin d’Ed Nofziger.

Thierry Savatier

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