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Culture… cette invisible différence

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Lorsqu’on évoque le mot culture (non, je ne sors pas mon flingue !), on pense évènements culturels, ceux qui marquent de façon visible nos différences : fêtes, cérémonies, rites, coutumes… et la Thaïlande n’en manque pas : « Poi Sang Long »  dans la province de Mae Hong Son, « Phi tha khon » dans la province de Loei, « Khao Pansa », « Ook Pansa » « Bin tak bat » etc… Pour moi, la culture c’est aussi et surtout l’invisible, et –  ce qui fait débat en sciences sociales –  l’acquis et/ou l’inné.

Un Isan par exemple, se mettra en mouvement dès qu’il entendra sa musique : celle du Mo lam et les bras des femmes se transformeront en ailes de papillon ; un thaï prendra automatiquement la position respectueuse du garde-à-vous dès les premières notes de l’hymne nationale…c’est la culture instinctive, presque pavlovienne…

On peut très facilement adopter les coutumes d’un pays en faisant les mêmes gestes que les autochtones, sorte de « copier-coller » de leur culture. La culture pour moi c’est comme les racines de l’arbre, c’est profond, essentiel, nous avons poussé et grandi avec elles ou grâce à elles. Sans elles, nous sommes comme l’amnésique qui ne sait plus qui il est. On ne se débarrasse pas de sa culture, on peut tout juste la calmer, la refreiner, la mettre de côté, mais l’effacer, non !

J’aime illustrer mes propos d’exemples pris sur le vif, ceux dont je suis souvent  témoin. Alors, voici un tout petit exemple de 2 cultures qui s’affrontent… la mienne – l’étrangère –  adoptera-telle  la   « locale » – ou s’entêtera-t-elle à vouloir imposer la sienne ?

J’habite un immeuble dont plus de 80 % des propriétaires sont thaïs (de Bangkok.. viennent ici pour week-ends ou vacances), avec voitures de sport, et motos impressionnantes… et…. charges de maintenance très élevées. Piscine, salle de fitness, jardin, services et sécurité… tout est parfait. En apparence… mais n’est-ce pas ce qui compte ?

Je m’aventure dans l’escalier de service, là où est remisée la poubelle de l’étage. Crasse. taches, odeurs et cancrelats… un mauvais titre de film, une réalité « cachée » des visiteurs…En France, je fais tout de suite appel aux services d’hygiène, ou je dépose plainte auprès du syndicat des propriétaires. Je monte sur mes grands chevaux : « A quoi bon payer tant de charges si…. Je vais au bureau dire mon mécontentement, ça ne peut pas continuer comme ça…».  Mon « chéri » me calme : « Je m’en occupe, ne bouge surtout pas »

Un peu plus tard, il me dit qu’il a parlé à Nok, la femme de ménage Shan qui  caresse langoureusement les parties communes de 6 heures du matin jusqu’à 4 H de l’après-midi.

Lui : « Nok m’a dit : « Phaw Haw… (C’est son titre respectueux),  je n’ai pas d’eau je ne peux      pas nettoyer ! »

Moi : « C’est la meilleure ! Pas d’eau… !  Je vais nettoyer moi-même… »

Lui : « Il faut faire très attention… et elle ne peut pas nettoyer partout car elle a un tout petit salaire » !

Moi : … Je sens que la moutarde me monte au nez : « Qu’à cela ne tienne, je vais  quadrupler son salaire journalier… je m’en occupe »

Lui : « Tu ne feras rien, il faut laisser faire la hiérarchie.. »

Moi : « alors, on attend les rats, il y a déjà les cancrelats… Je vais acheter du produit, un masque et des gants et je vais faire le travail moi-même »

Lui : « Ce serait une insulte à la femme de ménage et à toute sa hiérarchie. Et tout le monde va « perdre la face »… toi y compris. Une farang en train de faire le ménage ! »

Accepter la culture de l’autre, ce n’est pas forcément l’adopter… Je vais patienter…et puis… tant pis si je perds la face, mais je prépare déjà mon huile de coude.

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Une après-midi entre « pensée » et « vide »

Lire « La défaite de la pensée » de Finkielkraut dans un décor destiné aux éternels ados que sont les jeunes thaïs… et, pas seulement thaïs, mais aussi chinois, taiwanais, coréens… est une expérience drolatique dans ce coffee-shop où tout est fait pour vous garder dans cet état bienheureux et insouciant d’enfance… euh d’infantilité.

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D’un côté, la pensée construite d’un philosophe, de l’autre, les jeux de renvois d’images, reflets, miroirs et gestes convenus – doigts en V – jusqu’à la nausée.

Tout est culturel ? Le terme  « culture » a bien deux significations qui s’opposent. La première affirme l’éminence de la pensée, la seconde la récuse et prétend que tout est culturel (la mastication du bétel, le tricot, la pâte à modelée !!) … Mais la culture ce n’est pas la pensée d’un côté, la vie de l’autre, c’est la vie AVEC la pensée.

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La pluie s’est soudain mise à tomber… une forte dépression qui arrive de la mer de Chine et du Vietnam. On se serre un peu plus à l’intérieur du coffee-shop. Je suis la seule farang au milieu de tous ces asiatiques… d’où qu’ils viennent. Mes deux voisines me demandent dans un anglais hésitant « Vous êtes française ? » « Comment avez-vous deviné ? » je demande. Je porte un tee-shirt acheté à Paris, un pantalon thaïlandais, une écharpe très colorée en provenance de Chefchaouen au Maroc. « Your style » me répondent-elles en chœur. Voilà qui rejoint le sujet « culturel » dans lequel je suis plongée. Je suis en train d’écrire, et puis j’ai un bouquin à côté de moi… mon apparence a donc donné des indices, trahi  mon origine ? Ou alors c’est quelque chose d’indéfinissable que je porte « en moi » et non pas « sur moi ». « Vous êtes chinoises ? » je demande à mon tour… je les ai entendues parler, je n’ai guère de mérite. « Taiwanaises » me reprennent-elles. Suit une séance de photos réciproques.

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Après leur départ et des adieux gestuels sympathiques, j’observe mes nouveaux voisins. Un jeune couple thaï. Ils ne se parlent pas mais se photographient mutuellement. Ils mangent leur glace qu’ils photographient avant de la consommer puis se prennent eux-mêmes en photo en train de démolir l’édifice glacée. Puis se photographient en train d’ingurgiter le délice. Pas de mot. Pas de réflexion, mais la réflexion d’eux-mêmes. De temps en temps, échangent une bouchée avant de retourner à leur portable réciproque. Puis s’observent sur l’écran de leur appareil et recommencent à se photographier pour une « apparence » plus conforme à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes ou souhaitent donner d’eux-mêmes, C’est amusant et vain…Il y a plus d’invention dans un vrai jardin d’enfants avec des enfants pas encore « déformés » par le devoir d’apparence, de look, de convenu, de soumission au diktat de l’air du temps…. Mais quel ennui… finalement je me replonge dans Finkielkraut. Lui aussi est un peu ennuyeux mais au moins il me fait réfléchir.

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Michèle Jullian

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