En Serbie, le français est enseigné dès l’école primaire comme une langue obligatoire. Zora Belacevic a pu ainsi acquérir une belle culture française et, comme il aime la musique et surtout Debussy, il lui a consacré cet ouvrage qui évoque surtout celle qui fut son plus grand amour.
Debussy pour toujours : une intrigue amoureuse hors du commun
Gabrielle Dupont, Gaby aux yeux verts pour le demi-monde parisien, a déjà soixante-dix-huit ans, elle vit à Orbec non loin de sa maison natale de Lisieux où elle est née quelques années avant Sainte Thérèse. Il ne naît pas que des saintes à Lisieux. Gaby se souvient quand elle avait vingt-cinq ans, qu’elle était belle, jeune, dynamique, débordante d’énergie, ambitieuse, prête à tout pour réussir à Paris.
Réussir selon elle, qui n’avait aucune fortune, pas plus de culture et d’instruction, consistait à s’attacher un amant fidèle et fortuné qui pouvait lui procurer le train de vie digne d’une grande dame. Une entremetteuse lui a trouvé par chance un comte peu séduisant mais suffisamment riche pour qu’elle lui soutire de quoi se montrer à son avantage dans les soirées parisiennes. Mais un jour elle faillit à sa règle fondamentale en tombant amoureuse d’un compositeur parfaitement inconnu qui vivait misérablement dans une mansarde.
Ce compositeur, encore inconnu, n’était autre que Claude Debussy, qui travaillait sur ses premières compositions, vivant de quelques expédients : cours de piano, copies de partition, etc… Entre les deux jeunes gens, un amour charnel se noue, ils n’ont rien en commun, elle est pratique et pragmatique, il est rêveur et intuitif. Elle l’abandonne mais, à chaque fois, revient auprès de lui vivre de nouvelles galères, de nouvelles querelles, nourrir de nouvelles rancœurs : « Cependant, même dans les périodes les plus obscures, le sexe ne les abandonne pas. Il représente leur salut, leur opium, l’aimant qui les maintient ensemble ». Malgré de nombreux sacrifices et moult efforts, Gaby ne parviendra jamais à concilier son besoin charnel de son amant avec ses besoins matériels, son envie de paraître, son goût de luxe et de confort. Lui, « Pauvre Claude, il n’aura jamais d’argent. Il vivra toute sa vie dans les nuages. Pour lui, la musique aura toujours la première place ».
En filigrane de cette passion tumultueuse, tapageuse, parfois violente, remplie de conflits et de réconciliations sous la couette, qui durera presque une dizaine d’années, Debussy composera une bonne partie de ses œuvres maitresses à un rythme si lent qu’il désespérait ceux qui croyaient en son génie alors qu’il croupissait dans la misère. Peut-être que la belle aux yeux verts l’a inspiré pour certaines œuvres, la mélodie du Prélude à l’après-midi d’un faune lui serait venue brusquement lors d’un déjeuner sur l’herbe avec Gaby.
Dans Debussy pour toujours, Zoran Belacevic n’écrit pas une biographie de Claude Debussy comme on pourrait s’y attendre au vu de l’admiration de l’auteur serbe pour son sujet. Dans son avant-propos, il rappelle que le français est, en Serbie, une des trois langues obligatoires à l’école primaire et que, par conséquent, la culture française y est très présente, d’ailleurs de nombreux artistes comme Claude Debussy y sont très connus. Lui-même a eu envie d’écrire ces pages de la vie du compositeur après avoir écouté et aimé ses œuvres mais surtout après avoir découvert cette intrigue amoureuse hors du commun. Elle était forte, déterminée, têtue ; il était plutôt bon bougre et peu rancunier ; ils aimaient les étreintes charnelles passionnées, ils avaient tout pour écrire une histoire d’amour explosive que Zoran a bien vite saisie. L’amour charnel peut-être dévastateur quand il rencontre des forces contraires mais il n’a jamais pu porter atteinte au talent de Debussy et à la qualité de son œuvre.
Denis BILLAMBOZ
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Bonjour est-ce que c’est il possible de renter en Serbie pour aller en Croatie