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Découvrir Inde : La vie pas si rêvée de Juhi

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Voici le  récit de Juhi.  Les noms de personnes et de lieux ont, bien entendu, été changés. Ne pouvant reproduire le texte dans son originalité, je vais toutefois le traduire au plus près de ce que Juhi a voulu y mettre. « Je m’appelle Juhi da Costa. Ma mère : Mme Shankar. Mon père : Mr da Costa Robert, (un militaire  au tempérament colérique), Mon frère : Livio da Costa. Ma sœur : Maryam. « Même si je continue de prier mon Seigneur Jésus, je  me demande toujours pourquoi il m’a donnée une telle vie de souffrances. Maintenant si je prie encore, c’est juste pour la forme. Je suis de Goa ».

« A ma chère maman Michèle Jullian. Je m’appelle Juhi donc et j’ai 20 ans. Je hais mes parents, parce qu’ils ne m’ont jamais aimée, Dans mon enfance mon père était souvent envoyé dans différents camps de l’armée, un peu partout dans le pays. J’étais donc seule avec ma mère et ma sœur à la maison, Elles prenaient plaisir à me harceler, alors je pleurais. J’écrivais des lettres à mon père, mais je ne savais  pas comment ni où les envoyer, alors je les gardais pour moi. Un jour ma sœur les a trouvées et les a lues à haute voix à mon père, en se moquant, puis les a brulées a la flamme du réchaud à gaz. A chaque fois que mon père revenait d’un camp de l’armée, ma mère lui en mettait plein les oreilles sur mon  « comportement  incorrect » et il avait pris l’habitude de me frapper avec sa ceinture de cuir. Un jour, comme à l’accoutumée, alors qu’on me faisait une fois de plus enragée et qu’on me provoquait, je tombais du petit tabouret de fer sur lequel j’étais assise et me blessait gravement. Je saignais mais on ne me soignait pas, Mes parents ne m’encourageaient jamais dans mes études, au contraire, ils profitaient de la présence d’amis pour se moquer de moi et m’humilier. Je me sentais si seule qu’il m’arrivait de souhaiter que je sois orpheline, ou que l’on m’ait trouvée dans une poubelle. L’école catholique où j’étudiais avait la réputation d’être la meilleure de la région, La sœur Lina, notre « principal » était très sévère. Un jour, ma mère s’est plainte auprès d’elle, faisant remarquer que je ne faisais pas le ménage de la maison, soulignant que c’était pourtant la le travail d’une domestique. Sœur Lina a répété cette histoire en se moquant a toute la classe et tout le monde s’est, une fois de plus, moquée de moi.

J’avais un oncle (le frère de mon père), c’était un homme mauvais. Il flirtait avec les filles bien qu’il soit marié avec deux filles. Aucune fille dans notre colonie n’osait aller a sa maison, mais il venait chez nous.  Mon père absent, je devais aller avec mon oncle faire les courses. Un jour, ma mère m’a envoyée avec lui  porter des sacs de blé à moudre au magasin. Le marchand nous a dit qu’il fallait un peu de temps, alors mon oncle a dit qu’il reviendrait plus tard. Il m’a amenée chez lui ou il n’y avait personne, il a placé 300 roupies sur le réfrigérateur et m’a dit qu’il me les donnerait si je couchais avec lui ».

« Face au nombre d’enfants battus dans les écoles, quels sont les recours légaux contre ces châtiments corporels ? » se demande Ashok Aggarwa, juriste réputé, dans  un article intitulé « Une loi insuffisante contre les châtiments corporels », tandis que Mira Kamdar* écrit : « Des professeurs, eux-mêmes anciens élèves battus, trouvent normal de torturer à leur tour les nouveaux venus. D’ailleurs la violence des forts envers les faibles, des hommes envers les femmes, des riches envers les pauvres, des hautes castes envers ceux de basse caste… est tellement répandue en Inde que la violence des professeurs envers les élèves ne choque personne ».

Sentiment de violence qui vous saisit si fort en pénétrant l’Inde –  bien loin du fatras des gurus de toutes sortes, du mysticisme payant et autre méditation transcendentalesque (contre lesquels quelques relations FB m’avaient mise en garde avant de débarquer) – que moi-même, presque inconsciemment, j’ai aussi glissé vers ces rapports dominant /dominé. Les comportements devenaient vite serviles lorsque je commençais par « râler ». Par exemple, sur le fait de payer chaque heure d’internet dans un palace d’Agra,  « alors » – avais-je clamé haut et fort –  « que dans la plus petite guest-house thaïlandaise, c’est gratuit 24/24 h ». J’obtenais ainsi la plus belle chambre avec vue sur le Taj Mahal, la possibilité d’utiliser la wee fee de l’hôtel, pour un prix déterminé d’avance et la considération du directeur de l’hôtel venu en personne régler le problème de la cliente râleuse que j’étais. Mais ceci est une anecdote.

Héritage de l’occupation britannique, ces rapports de force ? ou sentiment ancré dans l’âme indienne ? Ma bibliothèque, depuis mon retour, s’est enrichie de quelques titres d’auteurs indiens et du coup je penche plutôt pour la seconde hypothèse (« Le tigre blanc » d’Araving Adiga – « Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire » de Vikas Swarup – « Me sacrées tantes » de Bulbul Sharma –  « Un sari couleur de boue » de Kashmira Sheth – et « Une bonne épouse indienne » d’Anne Cherian née en Inde dont c’est le premier roman)

Voici donc la suite de la « lettre-confession » de Juhi. Après ce petit rappel : « son oncle vient de lui proposer de coucher (ou dormir… ambigüité du mot) avec lui, pour 300 roupies posées sur le frigidaire ».

« Instinctivement, alors que je n’avais que 12 ans, j’ai senti que c’était mal, et je me suis sauvée de sa maison. Lorsque je  rentrais chez moi, je racontais l’histoire à ma mère qui, sur le coup, ne me répondait rien. Le lendemain, nous étions invités à une « party ». Habituellement, les enfants mangent beaucoup au cours de ces réunions. Moi aussi je mangeais tant que je vomissais. Bien que ma mère ait reçu une formation d’infirmière, elle m’a tout de suite demandé si j’étais enceinte de mon oncle. J’étais si choquée d’entendre de tels propos qu’a partir de ce jour là, j’ai perdu tout respect pour elle.

Lorsque j’avais mal quelque part dans mon corps, et que je demandais un remède à ma mère, elle me répondait que » tout mon corps pouvait souffrir, car il le méritait ». Un jour, alors que j’étais allongée sur mon lit face au ventilateur, mon frère est venu près de moi et m’a demandé de bouger. Je refusais. Mon père s’est mis en colère et m’a frappée avec sa ceinture. La boucle métallique s’est fichée dans la peau de ma main et lorsqu’il a tiré à lui la ceinture, ma main a saigné et ma jupe est devenue rouge de sang, Mais on ne s’est pas occupé pas de moi. Mon père battait aussi mon frère, mais dès qu’il avait la plus petite blessure, ma mère s’occupait de lui.

J’en avais tellement marre de ma vie que je décidais de me suicider. Ma sœur, au lieu de tenter de m’arrêter, m’a alors dit : « Si u te rates, papa te tuera ». J’ai eu si peur que je remettais mon suicide à plus tard ».

*Mira Kamdar :  auteure de :  « Planet India, l’ascension turbulente d’un géant démocratique »

Michèle Jullian
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