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Voyage en Inde : Delhi ; Lost in translation

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Prendre le petit déjeuner, où que ce soit dans le monde… je ne peux l’imaginer qu’avec un journal local. Je ne faillirai pas à la tradition, ici à Delhi. Avec un café fumant, des toasts insipides, une confiture compacte et pâteuse, plus proche du fruit confit que de la marmelade et une omelette au fromage dont la consistance et la couleur rappellent étrangement la mousse à raser. Et sur moi, curieux, le regard bistre de trois garçons qui n’ont rien d’autre à faire que de m’ausculter, faute d’avoir d’autres clients sous la main à cette heure matinale.


Mon hôtel, de l’époque coloniale – Connaught Place oblige – modestement contemporain à l’intérieur, git dans un désordre de grues et de camions, de poussière, de poubelles, d’ouvriers en quête de travail et de corbeaux. Les façades Tudor et leurs colonnades retrouveront un peu de leur gloire passée lorsque les travaux seront terminés… l’année prochaine, ou dans dix ans !

Du magazine que je feuillette tout en « dégustant » mon petit-déjeuner – dont chaque bouchée exhale quelque chose de l’Inde, jusqu’au café lui-même passé dans une machine parfumée au cumin – je retiens la critique de deux romans écrits par deux auteures indiennes : « Illicit » de Dibyendupalit (traduit par Arunava Siha) et « There was no one at the bus station » de Sirshendu Mukhopadhyay (traduit par Arunava Siha), deux écrivains de Calcutta (Bengale) sur l’adultère. L’article parle du problème crucial de la traduction des ouvrages en Inde, un pays qui tend a s’homogénéiser, avec le risque inhérent à toute traduction, de gommer les particularismes de la langue originale. Les deux femmes ont un style unique, qui leur est propre avec métaphores et figures de rhétorique. La traduction en anglais a gommé ces identités, comme si les deux romans avaient été écrits de la même main par un même auteur. Et je n’ai pu m’empêcher de penser à ce film de Sophia Coppola : « Lost in translation

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Mon hôtel de « Connaught Place », façade et arrière

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Images brutes, vues de ma fenêtre qui ne s’ouvrait pas

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La vie, telle qu’elle est a 8 heures du matin, a Connaught Place, Delhi.


Michèle Jullian

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