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L’empreinte du renard de Moussa Konaté : Voyager en classe polar au Pays Dogon

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Moussa KonatéUn polar au Pays Dogon : L’empreinte du renard du malien Moussa Konaté. L’écriture est fraîche et naturelle, pour nos esprits européens nourris de fioritures sophistiquées, et cette simplicité laisse toute sa place à l’histoire contée, comme dans une légende dogon.

La magie du pays Dogon |

L'empreinte du renardAprès un voyage magique au pays Dogon en février (les photos sont ), je ne pouvais laisser passer une série polar d’un auteur malien, Moussa Konaté, qui met en scène le commissaire Habib de Bamako aux prises avec les mystères des différentes ethnies du pays : les pêcheurs bosos, les dogons, …
Pour débuter la série, j’ai bien sûr choisi L’empreinte du renard qui nous emmène au pied de la fameuse falaise de Bandiagara, dans les villages du pays des Dogons.
Bien sûr mon avis est partial : je reviens de là-bas et j’ai retrouvé dans ce petit bouquin tout plein de traces, non pas de renards, mais de la magie de ce pays préservé. Les femmes qui remontent la falaise avec leurs emplettes (clic clac photo), les tissus bogolans (clic clac photo), les rares mosquées (clic clac photo) et les rares musulmans de cette région animiste et réfractaire à l’islamisation, les sépultures nichées dans la falaise (clic clac photo), les ruelles des villages et leurs greniers (clic clac photo), les champs d’oigons sur le plateau (clic clac photo), la danse du masque et le masque de la grande maison (clic clac photo), … j’en passe (et des pages du bouquin et des photos de l’album).
Au point que je me suis demandé si ce bouquin serait autant apprécié par ceusses qui n’ont pas encore eu la chance de voyager là-bas (mais la réponse est oui : MAM a, elle aussi, beaucoup aimé).
L’écriture est fraîche et naturelle, pour nos esprits européens nourris de fioritures sophistiquées, et cette simplicité laisse toute sa place à l’histoire contée, comme dans une légende dogon.
La subtilité vient de la mise en scène du commissaire Habib, venu de la capitale Bamako qui débarque pour enquêter au village dogon comme sur la lune. Il est étrange de réaliser ainsi qu’il y a pratiquement autant de différence culturelle entre Paris et Bamako … qu’entre Bamako et Bandiagara …
[…] – Dis-moi, demanda le commissaire au chauffeur, tu les connais les Dogons ?
– Personne ne peut jurer qu’il connait les Dogons, répondit Samaké avec une gravité inhabituelle. Il y en a à Mopti et un peu partout dans la région, mais c’est surtout à Bandiagara et dans les villages voisins qu’ils vivent. Moi, je me méfie d’eux.
– Tiens ! Et pourquoi ? s’étonna le policier.
– Parce que ce sont des gens qui ont des pouvoirs de sorcier. Tu as vu leur façon de vivre dans les villages ? On se croirait au temps de nos ancêtres.
– Ils ne semblent pas malheureux, c’est l’essentiel.
Rien ne prouve qu’ils voudraient vivre comme toi.
– Je sais, mais je veux dire que ce sont des gens d’un autre temps. Je les crains parce que je ne les comprends pas. Et avec tout ce qui se dit sur eux, il y a de quoi.
– Et qu’est-ce qu’on dit d’eux ? insista Habib.
– On dirait que tu mènes une enquête comme si tu étais policier, lança le chauffeur en regardant le commissaire.
Ce qui explique sans doute en partie la « magie » d’une visite au pays dogon : ce n’est pas seulement l’Afrique qu’on y découvre, mais quelque chose comme l’Afrique de l’Afrique …
Le bouquin est simple, l’intrigue aussi : on se doute bien que les assassinats magiques ou rituels cachent un règlement de comptes entre quelques gardiens de la tradition ancestrale et d’autres qui ont cru pouvoir toucher de l’argent pas très propre au mépris des us et coutumes dogonos.
Cette simplicité apparente cache quand même quelques pages absolument superbes quand le commissaire de la capitale interroge les vieux du coin (le Devin puis le Grand Hogon du village) : de véritables joutes oratoires toutes en subtilités, en non-dits et sous-entendus, véritables parties de cache-cache où il s’agit de parler sans dire, de reconnaître sans avouer, …
Précipitez-vous au pays Dogon, un des plus beaux voyages qui puissent être, puis sur les bouquins de Moussa Konaté pour prolonger la visite.
On essaie de voyager plutôt souvent et plutôt partout : mais on est bien forcés de constater qu’une fois attrapés, l’Afrique noire ne nous lâche plus. On pense retourner au pays Dogon l’an prochain, à la saison des pluies cette fois, histoire de surprendre le Mali verdoyer.
D’autres enquêtes du commissaire Habib nous feront patienter d’ici là.


Pour celles et ceux qui aiment l’Afrique.
Points policier édite ces 265 pages en poche qui datent de 2006.
Sylvie, Sophie, Katell, Valdebaz et le Bibliomane en parlent.
Pour voyager pour de vrai.

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