Partons au Luxembourg, sur les chemins de la « Petite Suisse » luxembourgeoise, à la découverte des espaces naturels et des forêts durables, dont est si fier le Luxembourg… Une nature à la beauté touchante …
Chemins et forêts durables au Luxembourg
Le temps d’une Fête Nationale fériée et d’un samedi qui m’a laissé une fenêtre avant l’orage, j’ai repris le parcours des chemins qui sillonnent le Müllerthal. Un peu à l’aventure. Je voulais simplement marcher comme je ne l’avais plus fait depuis longtemps.
Marcher pour que la tête se vide. Marcher pour oublier de vieilles tensions accumulées. Marcher, parce que les plantes des chemins et les arbres, les chants d’oiseaux et la surprise d’un chevreuil à la lisière d’un bois, comptent autant pour moi que les livres, ce qui n’est pas peu dire.
Mardi je suis allé du côté d’Osweiler, surveillé par les faucons et les buses dès que je me suis retrouvé dans les champs. Et hier, j’ai pris les chemins qui serpentent entre les grès de la Petite Suisse luxembourgeoise pour arriver sur les plateaux cultivés qui s’étendent de Berdorf à Halsbaach et surprendre les restes des hardes que l’heure tardive n’avaient pas encore fait fuir.
Peu importe d’ailleurs le nom des sites puisque le scénario est toujours le même : solitude absolue, passage en sous bois de hêtres et de charmes, ou de pinèdes coincées entre les gorges rugueuses et découverte des plateaux de céréales balayés par des plis du vent.
Compagnonnage avec les troglodytes, muets à cette heure avancée, mais jouant à cache-cache entre les morceaux de troncs accumulés, avec les mésanges espiègles, elles aussi un peu taiseuses devant l’orage qui monte.
Traces soyeuses de sangliers sur les herbes des pâtures qui rejoignent les étangs cernés de saules, abreuvoirs permanents d’où s’échappent les Batraciens aventureux qui iront se dessécher sur la boue des chemins.
Je suis fait de nostalgies accumulées. C’est l’âge ! Mais je ne pourrai sans doute jamais abandonner mes réflexes naturalistes. Comme si j’étais accompagné par un groupe d’étudiants ? Je me redis tout bas les noms des végétaux de la saison : l’Alliaire qui ne sent déjà plus, les gaillets dont, finalement, je n’ai jamais essayé de leur faire cailler le lait, et pourquoi pas un parterre de fraises sauvages que personne n’avait trouvé avant moi – quelle merveille ! – les fouillis de fougères aigles sur les sables drainés et les tapis de Prêles sur les espaces où l’eau se fait prisonnière en profondeur.
Et je me demande si j’ai oublié les noms latins des Aspérules, des Lamiers rouges, des Millepertuis, et à la lisière, je suis heureux de retrouver les Merisiers et les Aubépines défleuries et les Prunelliers en attente.
Je vais aller rechercher mes flores à Evian !
En ressortant, je trouve un panneau vantant le fait que je viens de traverser une forêt qui non seulement est cultivée de manière durable, mais plus encore, on me précise que les fabricants de meubles qui se trouvent au bout de la filière adhèrent à une charte. Heureux Luxembourg qui avoue qu’il peut tout protéger. Et en particulier le bonheur de ma promenade.
Mes envies de nature ressemblent parfois à des appels récents de la mode écologique. Mais ce sentiment là, d’une beauté et d’un partage au milieu de végétaux et d’animaux dont j’ai appris les noms et les signaux, je le tiens de mes maîtres avec lesquels j’ai parcouru pour la première fois les chemins au début des années soixante-dix.
Peu d’entre eux sont connus du grand public. Certains étaient de vrais amateurs dont le savoir encyclopédique dépassait de loin mes propres connaissances d’enseignant. Dans mon cœur figure certainement mon patron de thèse Henri Camefort et tous ceux qui m’ont raconté les plantes : Paul Jovet, Suzanne Jovet-Ast et Marcel Bournerias ainsi que tous les membres des Naturalistes parisiens qui, à ce que je sais, continuent leurs marches hebdomadaires le long des vallées de l’Oise, de la Seine, de la Sarthe et de la Marne.
Ils m’ont donné cet équilibre là que je retrouve par bouffées; quand j’éprouve le sentiment de ne plus pouvoir respirer. Ils m’ont permis d’apprécier ces moments de pur bonheur quand je regarde la parade des oiseaux qui s’épousent dans le ciel chargé de nuages.
Toutes les photographies sont de l’auteur.
Bonjour et bravo pour cet article qui donne vraiment envie de découvrir le Grand-Duché.
Pour le visiter le plus simple est d’utiliser le train. Une bonne référence pour toute l’information ferroviaire au Luxembourg est https://infotrain.online/fr