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Esperance (Kepa Kurl) dans la baie des îles de la Recherche (Océanie)

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Esperance ou Kepa Kurl, comme l’ont appelée les Aborigènes quand ils s’y installèrent, est une île située dans la baie des îles et les îles de la Recherche. Une île perdue sur un continent aride battu par les vents du grand Sud…

esperance ile océanie

Je t’écris de la ville d’Esperance (sans accent aigu) où j’ai posé ma valise pour quelques semaines.

 

Esperance 038.JPG

Une ville isolée qui ressemble à une île lointaine au sud de ce continent aride.

Le premier feu rouge est à 398 kilomètres.

Entre ce feu rouge et moi, il n’y a quasiment personne.

Esperance compte 11’000 habitants. Le site internet signale que seulement 235 habitants parlent une autre langue que l’anglais.

Le ciel y est pur comme il y a 20’000 ans lorsque des tribus aborigènes s’y sont installées. Ils ont appelé l’endroit « Kepa Kurl », qui veut dire « l’endroit où les eaux se couchent comme des boomerangs ».

Esperance se love autour de la Baie des Îles, un archipel qui se nomme les îles de la Recherche.

Un endroit battu par les vents du grand Sud, où rien, absolument rien, n’arrête l’océan.

Les vagues se fracassent sur des rochers orange. Plus qu’ailleurs, je trouve, ces vagues ont de la chance de venir mourir sur ces grèves magiques sur lesquelles parfois rôdent des lions de mer, des phoques et des kangourous.

Je ne me lasse jamais des vagues, tellement elles font partie de mon âme.

Le ciel est si pur et ses plages tellement blanches que les étoiles semblent s’y refléter.

Je marche sur ces plages interminables, langoureuses parfois, sauvages souvent, effrayantes presque et toujours vides. Rien ne souille la vue : l’océan, les îles en face, les rochers, les falaises, le sable et les dunes. Rien d’autre.

Parfois un goéland se laisse emporter par le vent et glisse le long des ondes. L’océan est si bleu que notre Grande Bleue semble fanée en comparaison. Je plonge dans les vagues avec cette joie enfantine qui me rappelle l’Atlantique à Biarritz. Sans jouer au malin. L’océan ici est impitoyable pour l’étranger qui n’a pas été correctement présenté dans les formes.

J’aime le nom d’Esperance. Découverte par des Français au XVIIIème siècle, les deux navires L’Espérance et la Recherche dirigés par d’Entrecasteaux, malmenés par les tempêtes du grand Sud, ont passé deux semaines à se ravitailler. Toute cette côte est parsemée de nom français.

Esperance est isolée mais ce n’est pas un bled paumé tout au bout de rien. On y trouve même des baguettes – pas trop top, ceci dit.

Ici, je me réconcilie avec moi-même. Esperance m’inspire ; enfin, je pense. J’écris, je nage, je marche, je vagabonde, je dors, je mange bien. De ma table de travail, j’aperçois des eucalyptus qui embaument et qui plient lentement sous les bourrasques de ce vent tenace, mais encore tiède. Des cacatoès noirs, criards et bavards, arrivent par bande et s’égayent dans les arbres. Zoé, la vieille chienne vient me rendre des visites.

Mais il y a aussi des carcasses qui traînent, du bric-à-brac de trucs et de machins éparpillés un peu partout, des petits hangars à l’utilité mystérieuse. Je suis dans la campagne au bord de la mer. On subodore que le propriétaire est du genre à garder ces trucs et ces machins « au cas où ne sait jamais ».

J’aime Esperance parce que je m’aime bien, ici.

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Damien Personnaz

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