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Expositions à ne pas manquer à Paris et en Ile de France en 2010

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Retrouvez l’agenda et les critiques des expositions à ne pas manquer à Paris et en Ile de France en 2010…

Double fantasme à la galerie Châtre à Paris

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Découvrez les fantasmes orientalistes, les fantasmes d’un Orient mystérieux et lascif, mais aussi les fantasmes occidentaux sur la femme orientale, à travers l’exposition de 68 houris. Rendez-vous à la galerie Martine et Thibault de la Châtre (jusqu’au 19 juin)

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La première salle est consacrée aux fantasmes orientalistes, certes remis au goût du jour, photographie et accessoires luxueux, chatoiement des étoffes et volupté des corps, en droite ligne des peintres du XIXème. Tous les stéréotypes sur l’orient mystérieux et lascif ; relire Edward Saïd. Même si cette odalisque (plus tcherkesse qu’arabe, dirait-on) fleure bon les nus vénitiens ou goyesques, elle affiche aussi une modernité provocante et l’attention va autant à ses bijoux et ses étoffes qu’à son corps dissimulé. Dans la même salle de la galerie Martine et Thibault de la Châtre (jusqu’au 19 juin), on peut voir la vidéo du défilé récent de Majida Khattari.

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Après cette salle consacrée au fantasme occidental sur la femme orientale, la seconde salle est consacrée aux soixante-dix houris qui attendent tout bon combattant musulman à l’heure de sa mort glorieuse.

Soixante-dix poupées vêtues de voiles blancs, de soie et de dentelle; leurs noires chevelures débordent des voiles en tous sens, luxuriantes, désordonnées, érotiques en diable.

Ici ou là, un fil d’or apparaît, pointant vers des rondeurs cachées. Certaines ont le teint plus rose, les cheveux plus clairs, captives européennes du harem céleste, fascination inversée de l’Orient pour les femmes occidentales. L’une a un tilak au front.

 Deux fascinations pour l’autre, deux fantasmes stéréotypés, deux impasses aussi, deux incapacités à découvrir l’autre, à le respecter.

Photos des houris par l’auteur.


Courant d’art au rayon de la Quincaillerie paresseuse au BHV Paris


Jusqu’au 30 Octobre 2010, au BHV Paris, avait et lieu une exposition de sculpture, “Courant d’art au rayon de la quincaillerie paresseuse“… Une manière de s’évader vers un ailleurs insolite dans les combles de ce magasin qu’affectionnent les amateurs d’art!

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À tous les étages, c’est un peu ce que j’espérais en lisant le titre : “Courant d’art au rayon de la quincaillerie paresseuse“, et j’ai commencé à chercher au sous-sol et à demander aux vendeurs de quincaillerie, qui n’en savaient rien. En fait, c’est dans la rotonde, au 5ème étage du BHV que sont regroupées (jusqu’au 30 octobre) une quinzaine de sculptures d’artistes contemporains faites à base d’objets ordinaires, objets qu’on peut trouver sans doute au sous-sol, justement. C’est bien évidemment sous l’égide du Porte-bouteilles que s’est fait cette exposition. Ça pourrait n’être qu’un prétexte amusant ou lourdingue, mais c’est somme toute sympathique, sans prétention (même si le discours des commissaires, Bernard Marcadé et Mathieu Mercier, en rajoute sur la filiation duchampienne) et quelques pièces, créées ou ‘réactivées’ avec des objets BHV à peine transformés (des noeuds sur une corde), sont même très bien, car elles font rire et rêver. Le BHV est, en fait, un magasin pour artistes et pour amateurs d’art, et ce serait sûrement mieux si les oeuvres étaient disséminées dans le magasin, sous les regards étonnés des chalands, au lieu d’être confinées dans cet espace d’art.

Le célèbre petit vélo (Sans titre) de Richard Fauguet, immobilisé par des dizaines d’antivols multicolores, est une pièce dont l’excès amuse, puis interroge (sécurité, protection de la propriété), mais c’est aussi une pièce jubilatoire, éclatante, sensuelle (sur le plus vieux pont de Rome, Ponte Milvio, est couvert de milliers de cadenas attachés là par des couples amoureux). L’enfourcher et s’enfuir au rayon audiovisuel ?

Le Cousin par alliance, de François Curlet, n’est qu’une chaîne de vélo dessinant un petit bonhomme joyeux dansant dans les rayons du soleil. La simplicité de ce dessin dans l’espace découle de La Linea du dessinateur italien Osvaldo Cavandoli, dessin très simple d’un bonhomme sur une ligne dans une série télévisée qui connut 90 épisodes dans les années 1970 (et à la fin, toujours, le bonhomme, râleur ou enjoué, tombait dans le vide). Franck Scurti s’en est aussi inspiré, dans une pièce plus virulente, sur fond de cours boursiers, et Curlet lui rend aussi hommage.

Enfin, Delphine Coindet nous permet, peut-être, de nous échapper ailleurs, dans les combles du magasin. Il suffit de grimper à la Corde.

Photos de l’auteur. François Curlet et Delphine Coindet étant représentés par l’ADAGP, les photos de leurs pièces seront retirées du blog à la fin de l’exposition (vous pourrez toujours voir la pièce de Curlet sur son site).


Les Trois frères Farrell entre Irlande et Amérique


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Les trois frères Farrell, pour une fois en collectif, ont deux expositions en Seine Saint Denis, l’une à Mains d’Oeuvres (Saint-Ouen, jusqu’au 17 décembre), l’autre à la Maison Populaire (Montreuil, jusqu’au 31 octobre). Il y est question d’avion, de décollage et de crash, il y est question d’Irlande, d’Amérique et de dollars. Ce sont deux lieux remplis à profusion, non sans tintamarre et confusion. À Saint-Ouen, on passe par une chicane ornée de rétroviseurs sentencieux (”Caution : Sleeping Policeman ahead” ou “How is gravity related to everything else”) qui, de dos, semblent être des corbeaux de mauvais augure, et on arrive dans un grenier fantastique comme un rêve d’enfant : un avion qui ne volera jamais, des chaussures qui baillent et éructent, des déclenchements intempestifs de bruits et fracas en tout genre. On s’immerge dans des films américains des années 20, pleins de musique et de dollars. Peu importe lequel des trois frères a réalisé ceci ou cela, on jouit simplement de l’expérience.

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L’exposition à Montreuil est plus structurée, plus musclée. On y exacerbe ses angoisses : files d’attente anxiogènes, armes confisquées, crash à l’atterrissage, masques à oxygène tombant du plafond, et des amas de lunettes abandonnées. Entre les interdictions, les injonctions et de petits autels un peu religieux aux loupiotes clignotantes, on se sent moins en confiance, livré à je ne sais quel pouvoir menaçant.

Sans doute ne faut-il pas trop d’exégèse ici, mais plutôt une jubilation simple devant les retrouvailles potaches et joyeuses de trois frères encore proches de leur enfance.

À lire :  Streetpress
Photos de l’auteur


Exposition art contemporain – Mai en septembre au Musée Bourdelle


Mai en Septembre? Une curieuse invitation du Musée Bourdelle, un musée où l’art contemporain est souvent à l’honneur… Des sculptures, des oeuvres d’art de onze artistes dont Claude Lévêque ou Claude Boltanski vous invitent à faire ce qu’il vous plaît, même en Septembre….

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L’exposition s’appelle “En mai, fais ce qu’il te plaît“, un titre qui n’engage à rien (et elle dure jusqu’au 19 septembre). Le Musée Bourdelle, toujours très ouvert à l’art contemporain, a demandé à onze artistes de présenter une oeuvre en résonance avec le musée. Certains recyclent ici des pièces sans surprise (les sculptures baroques d’Orlan, les sacs de charbon sur socle de Kounellis, l’installation de lumière d’Ann Veronica Janssens, le David grimé et les fleurs d’Hans-Peter Feldmann), mais pas nécessairement sans qualités (les sculptures de Richard Deacon, la vidéo de Tania Mouraud, deux toiles granuleuses de Kees Visser vues comme à travers une meurtrière et qu’on ne peut voir dans leur entièreté qu’en se penchant, se contournant), mais les plus intéressants sont ceux qui tirent parti du lieu, avec respect et invention.

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Et d’abord Claude Lévêque qui a occupé le sous-sol, le magasin des moules en plâtre, où on descend en petits groupes bien encadrés toutes les demi-heures : descente à la cave, semi-obscurité, poussière, et, au début, une grande plaque de marbre commémorant l’inauguration du musée en 1948, déposée là depuis longtemps. Dès le couloir d’entrée, avant d’arriver aux rayonnages sur lesquels sont entreposés les moules, dans une lumière violette qui crée un sentiment d’étrangeté, on avance à la queue leu leu, attiré par deux bruits violents : l’un est une chute, un fracas (que casse-t-on ? sur quelle enclume ?), l’autre est un glas (pour qui sonne-t-il ?). ainsi conditionnés, baignés de violet, on arrive dans la salle principale, capharnaüm de moules, ici un visage, là une main, fragments à la Rodin, soigneusement étiquetés (Debussy, Bolivar, lit-on sur des cartons), formes le plus souvent méconnaissables, non identifiables et qu’éclairent parcimonieusement de petites loupiotes disposées çà et là, faisant ressortir telle ou telle ébauche. C’est une expérience tout à fait remarquable, inspirée du lieu étrange et d’ordinaire inaccessible, et qui nous amène au plus près de la sculpture, de la main du sculpteur, tout en perturbant notre expérience contemplative par ce glas et ce fracas (L’île au trésor).

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Christian Boltanski, dont on aurait pu attendre pareille pièce, a, lui, occupé les arcades avec une dizaine de vieilles chaises en bois, dépareillées. Pour peu que l’on s’y assoit pour mieux contempler les sculptures de Bourdelle dans le jardin devant nous, une voix jaillit, avec ces Questions, interrogations d’outre-tombe sur notre vie, ce que nous en avons fait: la première sur laquelle je m’assis m’a demandé “Quel est ton amour ?” On joue après à chercher la chaise adéquate, celle qui nous posera la question à laquelle nous voulons répondre : quelles sont tes craintes, ou tes espoirs, tes oublis ou tes désirs, ou tes souhaits, quelle est ta tristesse ou ta maladie, quel est ton remords, qu’as-tu fait de ta vie, de ton talent, quelle sera ta mort ?

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Jean-Luc Moulène a revisité Bourdelle de diverses façons, remettant la beauté des ‘Fruits‘ au goût du jour et assemblant quatre Dos du sculpteur (Baigneuse accroupie, Adam, Guerrier allongé au glaive, La première victoire d’Hannibal) pour en faire cette masse étrange, fermée, imbriquée, bête non à deux mais à quatre dos. Lequel est le dos féminin ?

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Sur la terrasse, Élisabeth Ballet, face à la frise d’Apollon, a construit cette sculpture vibrante de jaune et de rouge, qui semble prendre son envol au-dessus du jardin (Flying Colors).

Photos Lévêque 1&2 et Moulène de l’auteur. Les quatre artistes étant représentés par l’ADAGP, il n’y aura plus aucune image pour illustrer cet article dans un mois.


Exposition photos de Bruno Serralongue au Jeu de Paume : Foules et slogans


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Au premier abord, j’ai craint une redite de l’exposition d’Esther Shaliv Gerz, au même endroit il y a quelques mois : rien que du bien-pensant, du politiquement correct, des grévistes, des migrants, des Tibétains, le Chiapas, le sommet anti-capitaliste, voire, sujet plus douteux, l’indépendance du Kosovo. Mais, à la limite, peu importe (pour nous) ce que Bruno Serralongue (au Jeu de Paume jusqu’au 5 septembre 2010) photographie, ce pourrait être aussi bien la Fête des rosières à Penne d’Agenais, un rassemblement du Gush Emunim ou un chukka de polo à Rosario, sujets tout aussi intéressants. Car ce qui compte, c’est la démarche qu’expose Serralongue, sa volonté de questionner la fabrication de l’information, sa quête des interstices entre les news.

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Ce qu’il photographie, pour l’essentiel, ce sont des foules et des signes. Foules organisées, enrégimentées derrière un service d’ordre, des slogans, des leaders, non pas la rue informe, mais la manif, le congrès, le rassemblement (en haut : “Land First Mela”, Rural Festival on Land Rights, Kandivali, World Social Forum, Mumbai, 2004, Série “World Social Forum, Mumbai”, 2004. Tirage Ilfochrome contrecollé sur aluminium, 127,5 x 158,5 cm, édition 1/3, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, © Bruno Serralongue, courtesy Air de Paris). Et tous les signes qui encadrent ces foules, qui leur indiquent quoi crier, quoi dire, quoi penser, les drapeaux, les posters, les banderoles (Newborn, Priština, Kosovo, mardi 17 février 2009, Série “Kosovo”, 2009. Tirage Ilfochrome contrecollé sur aluminium, 127,5 x 158,5 cm, ea1/2, © Bruno Serralongue, courtesy Air de Paris et Francesca Pia). Même les feux d’artifice sont des mouvements de foule tout sauf innocents (ainsi ceux du Handover de Hong-Kong à la Chine). Tout un décodage qui émerge (inconsciemment, sans doute) de ses images, mais qui, face aux dérives, kosovares ou autres, m’a frappé dans cette exposition.

En fait, cette exposition de Serralongue est assez déprimante, mais peut-être pas au sens où lui le souhaitait. Heureusement, au dessus, il y a Kentridge (billet dans quelques jours).

Photos courtoisie du Jeu de Paume.

L’esprit d’escalier

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Le visiteur ordinaire n’y verra rien. L’installation de François Morellet au Louvre dans l’escalier Lefuel est si légère, si discrète qu’il faut être informé de sa présence pour la voir. Ce n’est en rien une décoration (comme l’est le hideux plafond de Twombly dans la salle des bronzes), ce n’est qu’un signe léger, fort bien intégré aux formes pré-existantes, mais sachant les déstabiliser avec finesse.

Il y a dans le grand oculus de l’escalier comme un léger décalage, un décentrage des formes, des traits, mais aussi, semble-t-il de la lucidité du verre. On perçoit quelque chose de penché, de dérangeant, et on remarque ensuite la même perturbation dans les oculi latéraux, puis dans les baies qui semblent tourneboulées. Morellet a redessiné les armatures de ces fenêtres avec d’autres verres, d’autres lignes de plomb qui en dessinent un double, un alter ego oblique ou renversé.

Et l’espagnolette du grand oculus semble peuplée de fantômes.

Beau catalogue.


Opalka chez Yvon Lambert


La galerie Yvon Lambert à Paris accueille Opalka, artiste peintre d’art contemporain… jusqu’au 9 Octobre 2010… Certains discuteront l’oeuvre de Roman Opalka qui en 45 ans semble ne s’être jamais vraiment renouvelée… Et vous, qu’en pensez-vous …? Rendez-vous chez Yvon Lambert pour vous forger une opinion…

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Bon, Opalka, c’est toujours pareil, depuis 45 ans, alors pourquoi aller voir une nouvelle exposition (chez Yvon Lambert Paris, jusqu’au 9 octobre; et aussi Yvon Lambert NYC jusqu’au 16 octobre). Il continue, jusqu’à la mort, de peindre sa série de chiffres de 1 à l’infini (nous en sommes à près de 6 millions), au rythme d’un tableau par semaine depuis 1965, sa peinture devient de plus en plus blanche, quasi invisible aujourd’hui; il se prend en photo dans la même pose après chaque tableau, et on entend sa voix égrener les chiffres en polonais. Sa grande exposition en 1992 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris avait été un vrai choc, toutes ses toiles alignées sur ce grand mur courbe, et les photographies en regard. Alors, pourquoi y retourner ? Quoi de neuf ? Rien !

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Rien, si ce n’est que cette inscription de sa vie dans le temps (et aussi, étrangement, de son corps, vieillissant, dans un espace virtuel) exerce toujours la même fascination. Sans doute parce que c’est une des oeuvres artistiques qui montre le mieux le passage inéluctable du temps, la mort qui s’approche. Certainement parce qu’on ne peut être qu’émerveillé devant cette vie qui est devenue une oeuvre, devant cette oeuvre qui est toute une vie. Ce projet de vie qui transcende la mort est magique.

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Il y a ici plusieurs toiles où se fait le passage au million; voici donc un détail de la première. Si la série des tableaux va du sombre au clair (Opalka ajoute, à chaque tableau, un peu plus de peinture blanche, ce qui fait que les derniers tableaux sont quasiment des monochromes blancs), il y a aussi un effet de clair obscur à l’intérieur de chaque tableau : quand le peintre replonge son pinceau, les premiers chiffres sont nécessairement plus sombres, puis, au fil des chiffres, la couleur s’estompe, jusqu’à la plongée suivante du pinceau dans le pot. Cette scansion, ce rythme de clarté dans le tableau même est comme un pouls qui bat, signe de la vie qui anime chaque tableau.

Roman Opalka étant représenté par l’ADAGP, les photos de son oeuvre seront ôtées du blog à la fin de l’exposition. Photos de l’auteur.


À la gloire des travailleurs


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C’est de la photographie de studio à l’état pur : quand en 1950/51, Irving Penn décide à Paris, puis à Londres et à New York, de photographier les petits métiers pittoresques, typiques ou en voie de disparition, il n’arpente pas les rues avec son appareil à la main, il ne va pas saisir le réel sur le vif. Non, portraitiste dans l’âme, il utilise des rabatteurs (à Paris, rien moins que l’impécunieux Doisneau et Edmonde Charles-Roux, directrice de Vogue, avec Robert Giraud, “l’homme de Penn“) qui traquent, trouvent, identifient et convainquent les sujets potentiels de venir au studio du maître, avec leurs outils de travail, pour y être portraiturés, prélevés du réel et transplantés dans l’image, comme ces deux garçons bouchers parisiens, couteau à la main, la blouse tachée de sang. Là où Sander, aux visées encyclopédiques, photographiait ses types dans leur jus, Penn les extrait du monde, les prélève et reconstruit leur pittoresque vivant dans la froideur mortuaire de son studio, même éclairage impersonnel, même mur neutre. C’est peu de dire qu’ils posent, de manière fière mais assez empruntée, prêtant leurs personnes à l’histoire, au dessein du maître : c’est comme un retour aux débuts de la photographie populaire de studio, aux rapports entre photographe et sujet de la fin du XIXème siècle ou du début du XXème, quand mon grand-père en uniforme allait se faire tirer le portrait (avant de mourir pour la Patrie). La juxtaposition des trois pompiers, parisien, londonais et new-yorkais, ne fait pas une série pour autant.

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Rien d’encyclopédique, plutôt le hasard des rencontres, un intérêt marqué pour les cultures qui vont disparaître (qu’il montrera aussi dans d’autres travaux, au Pérou par exemple), pour les métiers du passé, rétameurs, rémouleurs, rempailleurs, que l’industrie moderne tue, mais aussi un attrait pour les tenues théâtrales des garçons de café parisiens. Alors que les publications de son travail dans les éditions française (’Visages et métiers de Paris’) et anglaise (’Small Trades’) de Vogue mettent plutôt l’accent sur la dimension reportage (alors que ce n’en est pas vraiment un), l’édition américaine, elle, en juillet 1951 (aux prémisses de la guerre froide), le replace dans un contexte moins pittoresque, mais plus social et historique : titrer l’article ‘A Gallery of the Unarmed Forces” est une glorification du travailleur, non pas du prolétaire exploité, mais de l’artisan indépendant, de l’ouvrier pré-capitaliste.

C’est à la Fondation Henri Cartier-Bresson jusqu’au 25 juillet 2010.

Photos © The Irving Penn Foundation & Condé Nast.


Les oeuvres qu’on n’a pas réalisées, les histoires qu’on n’a pas vécues

Dans un des deux Modules en cours au Palais de Tokyo (jusqu’au 28 mars), Emilie Pitoiset montre des effacements, des absences, des fragilités instables et inquiétantes : une histoire d’amour presque inaudible sur un 33 tours qui s’efface, une sculpture de panneaux de bois à la limite de l’effondrement et ces tireurs de fête foraine qui nous visent. La balle qu’ils ont tirée sur nous a brisé le verre de protection de la photographie (Just because).

Face à ces histoires mort-nées,de l’autre côté, Emmanuel Régent remplit des corbeilles à papier de rouleaux sculpturaux où figurent ses esquisses ratées, abandonnées, jetées (Mes plans sur la comète). On voit au mur des manifestants défaits, leurs vides de tout message et des gens dans une file sans but : absurdité des foules, inanité des engagements. Au sol, un cadenas inutile, un sac de voyage abandonné : tout dit l’errance, l’incertitude, la dérive, les plans sur la comète, les châteaux en Espagne. Même les armes ici sont impuissantes, le boomerang est en verre et se nomme ‘No Return’. Il ne reste plus qu’à se plonger dans le paysage marin, trompeusement apaisant.


La France fête Federico Fellini

Une suggestion d’Arturo

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Paris et la France à l’heure Federico Fellini (1920-1993) cet automne !

Tous ses films (Amarcord, 8 et demi, La strada, Fellini Roma, Satyricon, I vittelloni, Intervista, etc) ressortent grâce à la Cinémathèque Française, avec l’évènement Tutto Fellini. Et, à l’occasion des 50 ans de son film le plus mythique « la Dolce Vita« , a également lieu depuis cette semaine (jusqu’au 3 janvier 2010) une grande exposition consacrée au Maestro Fellini.

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Cette exposition a lieu au Musée du Jeu de Paume et a pour titre : La Grande Parade. C’est une grande rétrospective qui a pour but « de donner à voir les processus de transformation, de modification, d’emprunt ou d’empilement de strates où s’entremêlent des éléments filmiques, des documents photographiques, la mise en page de l’événement dans les magazines, des images télévisuelles ou des œuvres d’artistes…« . Tout un programme ! La Fondation Fellini pour le cinéma de Sion, en Suisse, est également partenaire de l’exposition.

Enfin toujours dans ce cadre la Fnac, associée à ces événements culturels, présente dans ses galeries photos de Lyon une sélection de documents photos célèbres ou inédits sur La Dolce Vita (du 13 octobre au 28 novembre).

A ne pas rater !

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Marc Lenot

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